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Notre Dame de Paris : ça sent le roussi !

, par  NEMO , popularité : 4%
NJ-Ile de France

Sans avoir le cœur à plaisanter, et comme disait le regretté Boris Vian, « il y a quelque chose qui cloche là-dedans »

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Lundi soir, j’écoutais RTL dans ma voiture quand s’est produit l’impensable : Notre Dame de Paris était en train de brûler. Le responsable d’antenne n’avait pas dû juger l’information suffisamment laïque pour interrompre l’édition spéciale de commentaires d’avant l’allocution de notre président bien aimé – dont il ne faisait nul doute qu’il nous avait compris et qu’il allait sauver la France-, édition qui serait suivie d’une édition tout aussi spéciale de commentaires d’après allocution… jusqu’à ce que notre président, devant le désastre, décide de reporter sine die ses révélations au peuple. Alors à, ce fut le déchainement médiatique habituel.

Bon, il faut s’y faire, nous vivons dans un monde où les drames les plus poignants, les bonnes volontés les plus désintéressées, les gestes les plus nobles finissent par vous sortir par les trous de nez, à force de répétition médiatique et de jargonnage insipide par de pauvres smicards du journalisme qui n’en savent pas plus que vous mais qui doivent remplir l’antenne de leurs informations sans contenu.

Au moment où j’écris, nous avons à peine trois jours de recul, mais l’on peut déjà faire un certain nombre de constatations.
Ce qui m’a sidéré, entre autres, c’est l’empressement avec lequel les spécialistes cathodiques ont décrété qu’il s’agissait d’un incendie accidentel, dû probablement aux travaux en cours dans la cathédrale ; suivis par le parquet de Paris qui a ouvert dès mardi matin une instruction pour « destruction involontaire par incendie ». Autant dire que le diagnostic a été fait avant la consultation…

Si ce n’est que, si l’on en croit Benjamin Mouton, ancien architecte en chef de Notre Dame, qui devrait savoir de quoi il parle, pour lui, contrairement à ce qu’on s’est dépêché de prétendre, les poutres octo-centenaires ( c’est comme ça que ça se dit ?) de la cathédrales sont loin de flamber comme des allumettes ; que leur âge en fait des matériaux extrêmement solides et résistants, et qu’il faut y mettre une énorme dose de bonne volonté pour les faire brûler.

En clair, qu’il fallait plus que quelques étincelles pour y mettre le feu. D’autant plus qu’il ne croit pas trop à une défaillance du système électrique qui aurait provoqué un court-circuit : l’installation a en effet été complètement refaite en 2010, un système d’alarme ultra-performant (forcément redondant, sinon ce ne serait pas un système d’alarme) a été installé à cette occasion, dans le respect des normes draconiennes imposées à ce genre d’édifice historique. Pour Mr Mouton, il est peu, sinon invraisemblable que le personnel de surveillance - deux personnes, 24h/24 depuis un central dans la cathédrale-, n’ait pas été alerté par la fumée ou la chaleur d’un feu couvant, ce qui aurait permis une intervention bien avant l’embrasement total. Il ajoute que les corps de métier chargés de la restauration sont triés sur le volet, et qu’une erreur ou une négligence de ce côté-là est aussi peu probable que le reste... Mr Mouton s’est tout de même refusé à en tirer officiellement une quelconque conclusion, chacun comprendra pourquoi.

Ceci dit, et s’il s’avère qu’il s’agit réellement d’un accident, il faudra bien reconnaître que le dispositif mis en place en 2010 n’a pas fonctionné, et il faudra se demander pourquoi. Et là-dessus, il se pourrait bien que la responsabilité du propriétaire des murs (l’Etat ou la mairie de Paris, c’est un peu flou) soit engagée, et pas qu’un peu. Cela voudrait en effet dire que le dispositif s’est dégradé, que la surveillance n’est plus ce qu’elle était, et se posera la question du budget alloué à la sécurité du monument le plus visité d’Europe ! Quand la maire de Paris n’hésite pas à mettre 600.000 euros dans un « cœur » de Joana Vasconcelos, 200.000 pour installer un « cadeau » de Jeff Koons, et dieu sait combien de millions pour ses nombreuses fêtes toutes plus indigentes les unes que les autres, on se dit qu’il y a quelque chose de criminel à négliger dans le même temps le patrimoine de la France – lequel, doit-on le rappeler, est la propriété de tous les Français, actuels, passés et à venir. Nos gouvernants, à tous niveaux de responsabilités, devraient se rappeler qu’ils en sont comptables devant l’Histoire, et, pourquoi pas, devant la justice du Peuple.

Il est vrai que le président, avec sa négation d’une culture française, a montré à quel point il était attaché à l’héritage de notre pays.