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Nos amis Qataris

, par  NEMO , popularité : 7%

Je sais qu’il n’est pas très élégant de cracher dans la soupe, mais, tout de même, tous ces débiteurs de morale qui, au péril de leur brushing, nous accablent du matin au soir, week-end compris, de leur bons sentiments et de leur « combat » pour les droits imprescriptibles de l’être humain, je les trouve très, très discrets quand il s’agit de nos bons amis Qataris. Pourtant, il en auraient, matière, à s’indigner… si l’argent ne faisait pas le bonheur. Vous allez pouvoir en juger.

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Ne nous étendons pas sur le fait que le Qatar, avec l’Arabie Saoudite (et la plupart des monarchies pétrolières, d’ailleurs), sont les principaux financiers de ce que l’on nomme avec l’hypocrisie propre à nos nouveaux curés laïcs le Salafisme, lequel n’est que le faux nez du Wahhabisme, du nom de la famille régnante en Arabie Saoudite. Vous comprendrez que désigner au bon peuple le Wahhabisme comme la tête pensante du terrorisme islamique, ce ne serait pas « pétrodolarement » correct, alors que Salafisme, ni vu ni connu, le nom est suffisamment brouillé pour qu’on ne reconnaisse personne (comme nos ligues de vertu combattent la « violence », faute de s’attaquer à ceux qui la pratiquent…).

Mais revenons plutôt sur le choix du Qatar pour les mondiaux de Football de 2022, et les dollars avec lesquels ce sympathique émirat élu d’Allah arrose notre occident, jusqu’à rendre sourdes, aveugles et muettes nos innombrables associations pourtant supposées veiller nuit et jour à ce que nul ne vienne bafouer le moindre droit du plus humble des êtres vivants. Car non seulement nos associations n’ont pas pipé la moindre protestation, mais elles en ont rajouté dans la flagornerie écœurante et les applaudissements béats devant les prétendues avancées sociales conduites par le très humaniste émir du Qatar, j’ai nommé Hamad bin Khalifa Al Thani.

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Et c’est ainsi que le Principal du lycée Français Bonaparte de Doha, Hafid Adnani, a dû se faire exfiltrer en urgence par l’ambassade de France, menacé qu’il était, au mieux, de prison, au pire de subir l’ablation d’une partie de son anatomie, pour avoir été convaincu du crime d’anti-islamisme, lequel est d’autant plus facile à qualifier que sa définition baigne dans un flou des plus artistiques, et que l’accusateur d’un crime aussi choquant bénéficie de l’oreille inconditionnelle des juges. Précisons que l’accusatrice du malheureux Principal, « Française » mariée à un Algérien, était l’ex-comptable du lycée, et qu’elle avait été licenciée pour incompétence et tromperie sur ses diplômes…

Nonobstant cet incident regrettable, au Qatar, toutes les belles âmes de chez nous qui profitent des largesses de l’émir vous le confirmeront, on est pour un Islam de paix, moderne, respectueux de la liberté de conscience et de toutes les fariboles qui fondent nos vertueuses démocraties occidentales. En foi de quoi Jean-Pierre Brosse, Principal du Lycée Voltaire, l’autre établissement Français du Qatar, a rendu son tablier en 2011, parce qu’il en avait marre de se faire rappeler à tout bout de champ à l’ordre islamique par la police des « bonnes » mœurs du pays, sous l’accusation de non-conformité des programmes du Lycée avec la législation locale. Comme par exemple, l’idée farfelue d’un professeur d’Histoire d’évoquer le Christianisme ou le Bouddhisme dans un cours sur la religion, alors que ses élèves, âgés de moins de 18 ans, n’avaient pas le droit d’entendre parler d’autre chose que de l’Islam… ou l’indélicatesse d’un professeur de géographie faisant découvrir les vignobles Français à des lycéens profondément traumatisés, une provocation inadmissible, vous en conviendrez...

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Quand vous arrivez à l’aéroport de Doha et que vous n’avez pas la chance d’être Qatari, on vous confisque votre passeport, que l’on ne vous rendra, à votre départ, que si vous vous êtes dûment acquitté des amendes et autres petites gentillesses dont une police intraitable s’efforcera de vous gratifier au moindre manquement. Et si, victime d’un coup de chaud, vous décidez de créer là-bas votre petite entreprise, sachez qu’il vous faudra impérativement un associé Qatari, dont la fonction essentielle sera de vous dépouiller de la plus grande part possible des bénéfices de votre labeur. Et ne vous avisez pas de regimber, car il ne vous signerait pas le bon de sortie sans lequel vous serez condamné à finir vos jours dans cet Eldorado.

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Et puis le Qatar est le pays où les sociologues de tout poil peuvent le mieux expérimenter à grande échelle les bienfaits de l’esclavage, lorsqu’il est pratiqué par d’authentiques humanistes ! C’est que dans cette monarchie si accueillante que 95% de sa population est étrangère, si, au lieu d’être Français, et chef d’entreprise ou footballeur [1] vous êtes philippin ou indien, et ne bénéficiez par conséquent d’aucune protection diplomatique, alors là, vous ne vous contenterez pas de vous faire filouter, non, vous serez littéralement réduits à l’esclavage, taillables et corvéables à merci, sept jours par semaine, 52 semaines par an, jusqu’à ce qu’on vous renvoie chez vous aussi pauvre que vous êtes arrivé, ou que vous finissiez quelques pieds sous le sable dans le désert.

Voilà le Qatar, voilà nos bons amis. Et pendant ce temps-là, où sont les manifestations exigeant le boycott du mondial de football ? Où sont les défilés de Bastille à Nation pour protester contre "l’insupportable" ? Où sont les résolutions de l’Onu pour condamner l’exploitation des immigrés asiatiques au Qatar ? Qu’attendent Hollande et Fabius pour leur envoyer des canonnières ?

Douce France...

[1les footballeurs et entraîneurs français qui se sont aventurés au Qatar sur la foi de contrats mirifiques ont pour la plupart sérieusement déchanté. Certains d’entre eux attendent toujours la rémunération promise, ce qui n’est rien, mais aussi leur passeport sans lequel ils ne peuvent pas quitter le pays