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Macron ou le malin génie de la repentance !

, par  vanneste , popularité : 5%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

A lire le savoureux livre de Jean Tulard, “Marengo, ou l’étrange victoire de Bonaparte”, on découvre comment Napoléon a certes été un homme d’action, mais aussi comment il a été un pionnier de la communication politique. Marengo avait commencé par une défaite puis s’est transformé en victoire en fin d’après-midi. Le Premier Consul était assez responsable de la première et assez étranger à la seconde dans laquelle Desaix avait joué le rôle décisif qui lui avait coûté la vie, mais avec habileté, il a présenté son erreur initiale comme un piège tendu à l’ennemi et brillamment réussi. Le dosage de l’action et de la communication est la trame de la politique moderne. Seule l’évolution des doses est inquiétante. Marengo fut une victoire avant que l’artiste ne la métamorphose en légende.

L’accélération prodigieuse des événements, la généralisation de la démocratie formelle en Europe, et par voie de conséquence, le raccourcissement de la durée du pouvoir et l’accroissement du poids des médias, tout concourt à ce que la communication prenne le pas sur l’action et finisse par l’étouffer. Bonaparte est demeuré une quinzaine d’années à la tête de la France. De Gaulle, onze ans à peine. Mitterrand dix ans si on retranche les cohabitations. Chirac perdait stupidement sa majorité au bout de deux ans. Sarkozy et Hollande se contentèrent d’un mandat. Les périodes de pouvoir deviennent des courses échevelées où le dire, le commenter, l’emportent sur le prévoir, sur l’agir. La présidence actuelle en offre une caricature achevée. Certains médias en sont venus à scruter non les événements mais les répercussions qu’ils auront sur les prises de parole présidentielles. 100 000 morts ! Mais que va dire le président ?

Ce dernier laissera le souvenir d’un beau parleur, au phrasé étudié, théâtral, mais il pourrait dans l’avenir illustrer un cours de communication politique comme l’antithèse de Napoléon. Celui-ci avait l’art de construire sa légende sur ses victoires, même étranges. Son génie a permis que l’aventure piteusement terminée à Waterloo continue à alimenter la fierté française, parce que l’individu d’exception qu’il était confondait sa gloire avec celle de la France. Il suffit d’écouter Zemmour pour s’en convaincre. Avec Macron, on a un individu tellement narcissique que le souci obsédant qu’il a de son image se moque éperdument de son effet sur celle du pays. On en arriverait à penser que son art consiste à transformer les victoires en défaites, avec en prime que ces défaites pour le pays reviennent en boomerang sur celui qui croyait en tirer parti.

Voulant imiter le Chirac de la commémoration du Vel d’Hiv reconnaissant en 1995 le rôle de l’Etat français dans la déportation des Juifs, Macron a fait de la repentance un sujet privilégié de sa communication. Chirac n’omettait pas de rappeler qu’il y avait d’autres Français que ceux de Vichy. Il y avait ceux qui avec de Gaulle avaient, eux, tenu la parole de la France. De Gaulle lui-même considérait d’ailleurs qu’ils étaient la vraie France et que Vichy était “nul et non avenu”. De Gaulle n’aurait jamais reconnu la responsabilité de la France parce qu’il considérait que l’Etat français était illégitime. Chirac gardait cette part de légende mais il voulait l’adosser à une part de sincérité.

Chez Macron, l’équilibre est rompu. L’armée française présente en Algérie l’était aux ordres de la République et combattait un ennemi de la France ; sur le terrain, la victoire militaire était obtenue et de Gaulle avait cru que l’indépendance, indispensable pour libérer la France de cette “boîte à scorpions”, mais offerte généreusement dans ces conditions permettrait de garder des liens positifs avec l’ancienne colonie ; enfin, les efforts considérables fournis par notre pays durant la période française, sur le plan médical ou scolaire, ou pour les infrastructures, permettaient de regarder le passé le front haut. Faisant fi de ces éléments, le “président” ose qualifier la colonisation de crime contre l’humanité, parle des crimes commis par la France en Algérie semblant ignorer que ce message ne s’adresse pas comme celui de Chirac aux victimes françaises de la collaboration, mais à un pays étranger, souvent hostile dont il accrédite ainsi le discours anti-français. Peut-être songe-t-il que cette repentance sera de nature à réconcilier une certaine jeunesse d’origine algérienne présente en France avec notre pays ? On le sait maintenant : il avait tout faux. Coup sur coup, un ministre algérien évoque publiquement la France comme un ennemi traditionnel et éternel, et le gouvernement français annule un déplacement à hauts risques en Algérie. Bref, Alger considère que Macron n’en fait pas assez dans la repentance et perçoit celle-ci comme un aveu de faiblesse dont il faut profiter. Quant aux immigrés d’origine algérienne, Macron aura réalisé ce prodige de leur donner des raisons de détester le pays d’accueil et d’avoir des droits sur lui.

On notera qu’après le rapport Stora pour le moins asymétrique en faveur des thèses du FLN, un autre rapport, “Duclert”, est tombé, cette fois sur le Rwanda et l’opération Turquoise. Il conclut à “un ensemble de responsabilités lourdes et accablantes pour la France”, en évitant de justesse le terme de “complicité” pour le génocide. Une fois encore Macron tente de lustrer son image en battant la coulpe de son pays et en justifiant les accusations de nos ennemis. Heureusement, Edouard Balladur, premier ministre à l’époque, a rappelé que la France avait été la seule à intervenir pour sauver le maximum de gens, et qu’elle n’a donc aucun reproche à subir. L’opération du Rwanda a consisté dans une prise de pouvoir armée des rebelles Tutsis appuyés par les Anglo-saxons. La France qui soutenait mollement le gouvernement Hutu a cessé de le faire dès les rumeurs de massacres, et n’est intervenue que dans un but humanitaire. Le Rwanda est passé de la francophonie à l’anglophonie, est devenu membre du Commonwealth, et cerise sur le gâteau, M. Macron a permis l’élection d’une proche de Paul Kagame, Louise Mushikiwabo, à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Voir en ligne : https://www.christianvanneste.fr/20...