Mal au pied

Après avoir décidé de faire le chemin de Saint Jacques de Compostelle, après avoir lu de nombreux récits, étudié longuement les étapes conseillées, avoir acquis le « miam-miam-dodo »,avoir écouté le récit en direct de quelqu’un qui avait fait le chemin, nous nous sommes résolus à faire quelques étapes pour évaluer nos possibilités : prévues quatre jours d’essais entre Maslacq et Saint Jean Pied de Port.

Après nos quatre jours d’essai entre Maslacq et Saint Jean Pied de Port j’ai attaqué les dix jours de Moissac à Maslacq avec confiance en mes possibilités. J’avais bien souffert des jambes en fin d’étape, mais j’avais bien récupéré pour repartir le lendemain, donc j’étais tranquille.

Pour partir de Moissac j’ai chaussé des chaussettes de sport ordinaires pas très épaisses et des chaussures de running légères et aérées. Le temps était agréable. Il est devenu chaud en fin de matinée. Nous avons marché allègrement. Je sentais que j’avais très chaud aux pieds ce qui ne m’inquiétait pas.

En arrivant à l’étape, je me suis déchaussée rapidement pour mettre mes pieds nus sur le carrelage frais. J’ai senti sous le pied gauche comme une épaisseur et j’ai demandé à Philippe de regarder ce que j’avais sous le pied. Il s’est effaré de voir une ampoule qui prenait tout le dessous du pied des orteils à la voute plantaire.

Comme me l’avait enseigné mon père je lui ai demandé de traverser l’ampoule avec une aiguille et du fil et de laisser le fil dépasser de chaque côté de l’ampoule de façon que ce fil serve de drain pour vider l’ampoule sans rompre la peau en espérant qu’elle se recollerait. Cette façon de traiter les ampoules évite d’avoir des plaies trop douloureuses. J’avais dans mon sac une cousette, nos hôtes nous ont donné de l’alcool pour désinfecter l’endroit atteint. J’avais du mal à poser mon pied. Je marchais sur le talon. Comment faire pour repartir.

Au repas pris en commun avec plusieurs pèlerins nous avons appris que plusieurs d’entre eux souffraient d’ampoule et continuaient quand même à marcher. J’ai dit que j’essaierai demain et que nous verrions bien ce qui se passerait. Nous étions au soir du premier jour, nous n’avions pas l’intention d’arrêter.

Le lendemain j’ai chaussé des chaussettes et des chaussures de marche mieux adaptées à notre périple. J’ai posé délicatement le pied par terre, c’était très douloureux. Un pas, puis deux, puis trois, le pied se met en place et on arrive à marcher en essayant d’appuyer le moins possible sur la partie sensible. Le pied s’échauffe, on supporte plus facilement la douleur et on arrive à marcher. Chaque soir Philippe refaisait mon pansement.

J’ai constaté qu’il ne fallait pas que j’arrête de marcher. A chaque arrêt le départ était très douloureux si bien que pour manger je préférai grignoter en marchant ou ne m’arrêter que quelques instants. Nous avons réussi dans cet état à rejoindre Maslacq. Il était temps. En plus de l’ampoule sous le pied j’avais des ampoules autour des ongles de deux orteils.

En arrivant à Biarritz le podologue a carrément découpé les ampoules autour des ongles qui sont venus avec la peau…J’ai mis plusieurs jours à marcher facilement et surtout je me suis promis d’être très attentive à mes pieds pour les prochaines étapes que nous allions entreprendre

. Je me suis rendu compte qu’il suffisait de modifier légèrement la façon de poser le pied en marchant pour soulager les parties douloureuses. Les moments de répit suffisaient au pied à reprendre sa normalité et donc suffisaient à continuer la marche. Pendant les cinq ou six heures de marche journalières je m’efforçais de changer ma façon de marcher plusieurs fois par jour.

Je pense que cette technique m’a permis de ne plus avoir mal aux pieds pendant nos très longues marches.