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Les parrainages, une simple « présentation », mon œil !

, par  NEMO , popularité : 4%
NJ-Ile de France

Le problème n’est pas l’exigence de 500 parrainages. Le scandale, c’est l’affichage des noms des parrains... et leur légitimité à représenter les Français !

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En ajoutant, par la loi du 25 avril 2016, au nom de la sacro-sainte transparence, la publicité des noms des parrains à la règle des 500 parrainages, Hollande, le président le plus tortueux que la France se soit jamais donnée, savait très bien ce qu’il faisait : « emmerder », sinon empêcher de se présenter, les candidats que le « système » au pouvoir considère comme dangereux pour leur petit business. Et comme Culbuto est bien connu pour être franc comme un âne qui recule, il a essayé de faire passer la pilule en qualifiant ce tour de cochon de « présentation », qui n’engageait en rien les convictions du parrain. Le rôle du parrain, juré craché, se limite à vérifier que le bénéficiaire est un candidat sérieux, digne de solliciter les suffrages de ses concitoyens… Plus faux-cul, tu meurs !

Pour faire bon poids, n’oublions pas l’obligation faite aux parrains d’envoyer eux-mêmes leur parrainage au Conseil Constitutionnel, alors qu’avant 2016 le parrain remettait son parrainage au candidat qui l’apportait en grande pompe au Conseil, sous le mitraillage des photographes. Résultat : les promesses de parrainage, pour paraphraser Chirac, n’engagent que celui qui les croit. Autres petites mesures bien utiles pour enquiquiner les candidats dont on ne veut pas : l’interdiction pour un parrain qui a envoyé son parrainage de changer d’avis, pour un parrain dont le poulain se retire de la compétition de transférer son parrainage à un autre candidat, pour un candidat qui n’a pas obtenu 500 parrainages de les donner à un candidat proche de ses propres convictions… de la démocratie à l’état pur.

Vous l’avez donc compris : la « présentation » est un tour de passe-passe, destiné à permettre à un Conseil Constitutionnel de moins en moins légitime de s’asseoir sur le principe de l’anonymat des votes. La réalité est que quand un élu accorde son parrainage, il n’accomplit pas un acte « citoyen », il « vote » pour un candidat. Toute autre interprétation est de l’enfumage. La démocratie, ce n’est pas la transparence, c’est l’anonymat des votes, qui garantit la liberté de choix du citoyen dans l’isoloir. L’élu qui accorde son parrainage a bien conscience qu’il « vote » (D’ailleurs, s’il ne l’avait pas, toute la gauche « démocratique » se charge de lui rappeler que pas un parrainage d’un élu de gauche ne doit aller à un candidat de droite, tandis que la droite de gouvernement promet d’exclure les élus qui s’aventureraient à le donner à Zemmour ou Le Pen, mais à Mélenchon, ça passerait crème). C’est pour cela que les trois quarts des élus s’abstiennent, et que, parmi ceux qui « votent », beaucoup accordent leur suffrage soit à des partis du système, soit à des petits candidats (de gauche, bien entendu, ou alors un Jean Lassalle, l’oncle rigolo des réunions familiales, quelle déception, Lassalle) qui ne feront qu’une figuration pitoyable, en tout cas des candidats sans risque qui leur éviteront des ennuis avec les « autorités », les groupes de pression, les associations subventionnées, les opposants locaux, etc… Je le répète, de la démocratie à l’état pur !

Et pour ceux qui me feraient remarquer qu’à l’Assemblée Nationale et au Sénat, les votes sont publics, je réponds que cela n’a rien à voir. Les parlementaires sont pour la plupart affiliés à un parti. Ils votent des lois en fonction de leur orientation politique. Il n’est pas anti-démocratique que le parti auquel ils adhèrent ait un droit de regard sur le vote de ses élus. En ce qui concerne l’élection présidentielle, il s’agit d’un autre registre. Confier le parrainage à des élus est un contresens si l’on se réfère à la constitution de la 5ème République : l’élection du président de la République au suffrage universel est « la rencontre entre un homme et un peuple ». Ce qui donne au président de la 5ème un pouvoir extraordinaire par rapport à la plupart des démocraties, c’est qu’il n’est pas élu par une coterie, comme sous la 4ème République, où le Président se contentait d’inaugurer les chrysanthèmes, mais directement par tous les Français, chaque voix pesant d’un même poids. Le système de parrainages actuel tend à donner aux élus en place un pouvoir de choix du Président que la constitution avait expressément rejeté. Un pouvoir d’autant moins justifié que le système électoral actuel est tout sauf représentatif : ainsi alors que la droite patriote, que l’on tente de disqualifier en la traitant d’extrême, représente au bas mot 40% des Français, elle est quasiment absente de tous les organes de pouvoir : Assemblée Nationale, Sénat, mairies, conseils régionaux, conseils départementaux, et elle a donc du mal à convaincre des élus d’apporter leur parrainage à ses candidats.

Si parrainages il doit y avoir pour éviter, ce qui est bien normal, les candidatures farfelues (rappelons que tous les candidats, quels qu’ils soient, ont droit au même temps de parole dans les médias), c’est au peuple de décider, par exemple, pourquoi pas 500.000 voire un million de soutiens. Ça serait de la démocratie !

Quant au Conseil Constitutionnel, qu’il ait laissé passer une telle atteinte à l’esprit de la Constitution qu’il est chargé de faire respecter, en dit long sur ce qu’il est devenu : une chambre d’enregistrement.