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Le général Lamoricière (1806-1865)

, par  FERNON Jean-Paul , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

C’est par décret du 18 août 1941 que le gouvernement de Vichy donna aux Lycées d’AFN le nom de personnages célèbres qui avaient joué un rôle important dans l’histoire du pays. C’est ainsi que le "Lycée de Garçons" inauguré en 1887 devint en 1942 le Lycée Lamoricière.

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LA MORICIÈRE (Christophe-Louis-Léon JUCHAULT de),général et homme politique français, né à Nantes en 1806, mort au château de Prousel, près d’Amiens, en 1865.

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Elève de l’Ecole polytechnique, il en sortit à vingt ans pour entrer à l’Ecole de Metz, fut promu lieutenant du génie en 1828, et passa en Afrique lors de l’expédition contre Alger (1830). A la fin de cette même année, Lamoricière obtenait le grade de capitaine et, quelque temps après, il entrait dans le corps des zouaves, qui venait d’être formé.
En 1833, le général Avizard, gouverneur intérimaire de l’Algérie, ayant créé un bureau arabe chargé de servir d’intermédiaire entre les Français et les indigènes, mit à la tête de ce bureau le jeune capitaine de zouaves, qui s’était déjà familiarisé avec divers idiomes du pays. Lamoricière se mit aussitôt en relation avec les tribus des environs d’Alger. Armé seulement d’une canne, il lui arrivait souvent de se rendre seul au milieu des indigènes, de faire l’office de juge dans leurs discussions, et de se servir de sa canne pour appliquer une correction à ceux qui se rendaient coupables d’un délit, ce qui lui valut le surnom de Bou-Aroun, c’est-à-dire le "père du bâton".
Après la prise de Bougie, il fut nommé chef de bataillon (1833) et, deux ans plus tard, lieutenant-colonel des zouaves, à la tète desquels il se livra à de nombreux coups de main, dont la hardiesse le rendit bientôt populaire dans l’année. L’intrépidité dont il fit preuve à l’assaut de Constantine, où il fut blessé par l’explosion d’une mine, lui valut le grade de colonel, toujours dans le même corps (1837).
Appelé à Paris par le ministre de la guerre en 1839, Lamoricière retourna en Algérie l’année suivante, prit part à l’affaire de Mouzaïa, et reçut peu après, avec le grade de général de brigade le commandement de la division d’Oran. En 1841, il prit une part importante à l’expédition contre Tagdempt et Mascara, livra près de cette ville un combat meurtrier aux troupes d’Abd-el-Kader, soumit, en 1813, la tribu des Flittas, et fut promu, cette même année, lieutenant général.

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En 1844, la guerre ayant éclaté avec le Maroc, Lamoricière repoussa les Marocains à Lalla-Maghrnia, puis contribua au succès de la bataille d’Isly (1845), et fut nommé, à la fin de cette même année, gouverneur intérimaire de l’Algérie. Après un voyage à Paris, il organisa l’expédition pendant laquelle la smalah d’Abd-el-Kader tomba au pouvoir du duc d’Aumale, parvint peu après à envelopper l’émir et força ce redoutable adversaire de la France à se constituer prisonnier entre ses mains (1847). A la suite de cette brillante, campagne, il fut nommé grand officier de la Légion d’honneur.

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Issu d’une famille légitimiste, dont il avait d’abord partagé les opinions, Lamoricière avait été pendant quelque temps un des adeptes de la doctrine saint-simonienne , puis il s’était rallié à la monarchie de Juillet, à laquelle il devait un avancement d’une rapidité tout à fait exceptionnelle. Toutefois, comme le gouvernement de M. Guizot ne lui paraissait point suffisamment libéral, il s’était présenté comme candidat de l’opposition à Paris, contre M. Casimir Périer, en avait échoué et, plus heureux deux mois plus tard, il était devenu député de Saint-Calais (Sarthe). De retour à Paris, après sa dernière campagne algérienne, il alla siéger dans les rangs de l’opposition et prononça quelques discours sur l’Algérie et sur l’avancement dans l’armée.
Lorsque, le 24 février 1848, Louis-Philippe consentit enfin à remplacer le ministère Guizot par un ministère centre gauche, Lamoricière reçut le portefeuille de la guerre dans le cabinet Thiers-Barrot. Revêtu d’un uniforme de colonel de la garde nationale, il se rendit sur les boulevards pour faire connaître le nom des nouveaux ministres, se vit arrêté par une barricade, revint aux Tuileries, où il apprit l’abdication du roi, et remonta à cheval pour aller proclamer la régence de la duchesse d’Orléans et demander la fin des hostilités ; mais, en arrivant au Chàteau-d’Eau, il eut son cheval tué sous lui, reçut un coup de baïonnette et parvint à s’échapper, grâce à l’intervention de quelques ouvriers. Le soir même, il allait à l’Hôtel de ville faire acte d’adhésion à la République. Le gouvernement provisoire lui offrit le portefeuille de la guerre. Il crut devoir le refuser, mais déclara que, si besoin était, il était prêt à accepter le commandement d’une division marchant à l’ennemi.

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Elu au mois d’avril, dans la Sarthe, représentant du peuple à l’Assemblée constituante, il fit partie du comité de la guerre. Lors de l’insurrection de juin, il commanda l’attaque de la place de la Bastille et du faubourg Saint-Antoine et eut trois chevaux tués sous lui. Nommé, le 28 du même mois, ministre de la guerre par Cavaignac, devenu chef du pouvoir exécutif, il présenta plusieurs projets de loi en faveur de l’Algérie, dont il réorganisa l’administration et où il créa des préfectures, proposa de substituer au remplacement militaire une exonération pécuniaire, destinée aux soldats appelés sous les drapeaux, vota contre le droit au travail, pour une chambre unique et fit partie du groupe des républicains modérés dont Cavaignac avait été le chef.
Très hostile à l’élection de Louis Bonaparte comme président de la République, il quitta le ministère de la guerre le 20 décembre 1848. Quelque temps après, lorsqu’il fut démontré que l’intervention d’une armée française en Italie avait pour but d’écraser la république romaine et d’y substituer le gouvernement clérical, Lamoricière, qui était loin alors de prévoir ce qu’il devait être onze ans plus tard, n’hésita point à protester hautement contre cet attentat de lèse-nation.

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Lors des élections du 13 mai 1849, pour l’Assemblée Législative, Lamoricière fut élu à la fois député à Paris et dans la Sarthe, et il opta pour ce dernier département. Il fit alors partie du cercle constitutionnel qui prit pour programme le maintien de la constitution républicaine, fut envoyé par le ministère présidé par Odilon Barrot en mission auprès de l’empereur de Russie, revint peu après à Paris, et fut élu à plusieurs reprises vice-président de l’Assemblée. Ce ne fut pas sans étonnement que, lors de la discussion de la loi sur la transportation (19 avril 1850), on l’entendit soutenir cette thèse étrange que la déportation était, à l’égard des insurgés, un acte de clémence, et demander que le chef de l’Etat ne pût faire grâce à des transportés de juin sans l’assentiment de la Chambre. Quelques mois après, le 19 juillet, il prononçait un discours pour démontrer que les partis qui divisaient la France avaient tout intérêt, dans l’état des choses, à maintenir la constitution ; et, comme il entrevoyait les projets ambitieux de Louis Bonaparte, il ne cessa plus de combattre sa politique, et vota, le 17 novembre 1851, pour la proposition des questeurs, demandant pour l’Assemblée le droit de requérir la force publique, au cas où son existence serait menacée.

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Arrêté chez lui, lors de l’attentat du 2 décembre, Lamoricière essaya vainement de rappeler à leur devoir les soldats qu’il vit massés devant le palais de la Légion d’honneur. Il fut conduit à Mazas et, de là à Ham, puis expulsé du territoire par le décret du 9 janvier 1852. La nouvelle constitution ayant exigé le serment de tous les officiers qui voulaient être maintenus en activité, l’ancien général d’Afrique, dans une lettre publiée par les journaux, refusa avec éclat de prêter serment au parjure de décembre. Il se rendit en Allemagne, puis habita la Belgique et l’Angleterre. En novembre 1857, son fils, qui faisait ses études dans un collège de Paris, étant mort tout à coup, le gouvernement envoya au général l’autorisation de rentrer en France.

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Lamoricière vivait dans la retraite, lorsqu’on apprit, au mois d’avril 1860, qu’il allait prendre le commandement des troupes pontificales. Las de sa longue inactivité, circonvenu et séduit par les chefs du parti clérical, oubliant en un jour tout son passé, il se laissa entraîner dans une aventure où il devait échouer de la façon la plus misérable et perdre tout ce qui lui restait de prestige. A peine arrivé à Rome, Lamoricière fit paraître un ordre du jour menaçant, dans lequel il annonçait qu’il était venu combattre la Révolution, ce nouvel "islamisme". De concert avec de Mérode, il essaya alors d’organiser une armée avec les jeunes "croisés", pour la plupart étrangers, qui affluaient à Rome ; mais, dans l’accomplissement de cette tâche ingrate, il ne tarda pas à éprouver de cruels mécomptes. Sur ces entrefaites, le gouvernement italien, voyant une menace pour la sécurité de l’Italie, dans cette agglomération d’étrangers, armés à Rome, en dehors du peuple et contre le peuple, dans le but de conquérir les provinces pontificales détachées des Etats de l’Eglise, demanda la dissolution de cette armée et envoya contre les nouveaux croisés un corps de troupes sous les ordres de Fanti et de Cialdini (septembre 1860). Pendant que les Italiens s’emparaient de Pérouse, Lamoricière quittait Rome avec 8000 hommes et marchait contre Cialdini, qu’il rencontra à Castelfldardo. Mais, aux premiers coups de canon, ses troupes, à l’exception des volontaires français, s’enfuirent dans toutes les directions. Vainement le général, qui avait placé sur sa poitrine une image de la Vierge, essaya de rallier les fuyards ; il ne put réunir que 400 hommes, dont une partie l’abandonna bientôt, et il gagna rapidement Ancône, où il se vit. contraint de capituler. Le 3 novembre suivant, Lamoricière publia sur ses opérations un long et curieux rapport, dans lequel il exposa tous ses mécomptes et fit, involontairement sans doute, lu plus vive satire de l’administration romaine. Il se retira alors dans son château de Prousel, où il mourut tout à coup, le 10 septembre 1865, à la suite d’un accès de goutte. L’évêque d’Orléans, Dupanloup, prononça son oraison funèbre ; Pie IX envoya, à titre de consolation, à sa veuve un squelette pris dans les catacombes, et il donna à cette relique le nom de Christophe, en l’honneur du général. Ce présent flatteur, mais embarrassant, égaya quelque peu les petits journaux malins. Les amis de Lamoricière ouvrirent vers le même temps, avec l’appui du clergé et de la noblesse, une souscription publique ayant pour but d’ériger à Nantes un monument a la mémoire de celui que la fortune avait trahi du jour où, l’on ne sait pourquoi, il s’était fait soldat du pape.
(Grand Dictionnaire Universel de Pierre Larousse)

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Cénotaphe que le Pape Pie IX fit élever, en témoignage de gratitude à Lamoricière, dans la cathédrale de Nantes en 1869.

(Photo René Fonroques).

Ce cénotaphe est classé Monument Historique.

La ville de Constantine lui fit ériger un monument inauguré en 1909, mais qui sera rapatrié à l’issue de la guerre d’Algérie et finalement installé à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, la ville d’origine de sa famille. C’est d’ailleurs dans la chapelle du cimetière de cette commune que repose le corps du général.

Lien : Encyclopédie d’AFN

Voir en ligne : http://alysgo-apollo.org/lycee-lamo...