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Le confinement tue la France à petit feu

, par  Ivan Rioufol , popularité : 3%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Publié le 20 avril

« Le confinement tue la France à petit feu »

Le "mal français" ? Il est au cœur du pouvoir macronien. Ce dernier se révèle chaque jour un peu plus technocratique, pusillanime, sans imagination. Sa défense d’un monde intellectuellement et sanitairement propre, aseptisé, le rend incapable de répondre à l’irruption du tragique (en l’espèce, le Covid-19). Dans son train-train balisé, la notion de risque n’a pas sa place. Illustration dimanche, avec l’interminable "conférence de presse" (sans presse) du premier ministre, du ministre de la Santé et de quelques experts ayant apporté leurs tableaux, leurs courbes, leurs cases à cocher. "Rien (…) ne trahit plus crûment la mollesse d’un gouvernement que sa capitulation devant les techniciens", avait remarqué Marc Bloch en 1940, parlant de ceux qui avaient causé la défaite de la France face à l’Allemagne. Cette même réflexion peut être reprise pour s’inquiéter de l’insignifiance du discours politique d’Edouard Philippe : une platitude qui se calque sur l’attitude du chef de l’Etat, ce faux guerrier ("Nous sommes en guerre !") qui a ordonné le grand repliement derrière des pantoufles, des tisanes et des couettes. Entendre Philippe expliquer, mal à l’aise, que la sortie du confinement le 11 mai devra prioritairement "préserver la santé des Français" tout en assurant "la continuité de la vie de la nation" laisse voir l’inquiétante emprise de la nouvelle idéologie du "sanitairement correct" sur le gouvernement. Mais ces quêtes de pureté et de bonne santé sont de ces lubies qui, par la peur qu’elles suscitent, peuvent tuer une démocratie.

En titrant mon dernier bloc-notes : "La France, gagnée par la pensée bavarde", je ne pensais pas être si vite illustré par le premier ministre lui-même. D’autant que Philippe, jusqu’alors, était plutôt de ceux qui savaient faire court et efficace. Prendre deux heures pour ne rien annoncer, sinon qu’il reparlera dans quinze jours des modalités du déconfinement, est la marque d’un pouvoir qui patauge et s’affole. Saluer un exposé "pédagogique", comme le font d’aimables commentateurs, revient à considérer les citoyens comme des enfants qui ne comprennent rien à rien. Les gens ont, au contraire, parfaitement mesuré les failles de l’Etat-mamma, incapable d’assumer son rôle protecteur le plus valorisant. Comment le premier ministre ose-t-il d’ailleurs se réjouir d’une production nationale de masques passée de 4 à 8 millions chaque semaine quand la consommation hebdomadaire en secteur hospitalier est de 45 millions ? Ce que les Français attendent d’un gouvernement qui se dit en guerre est qu’il explique clairement comment il va généraliser les masques et les tests pour tous. Or la France demeure, encore aujourd’hui, ce pays de la pénurie dont les dirigeants prennent la parole pour ne rien dire. "Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire", aurait dit la Zazie de Queneau à Philippe. Mais ni elle ni les autres n’ont toujours pas de masques pour prendre le métro. Il est urgent de sortir du déconfinement : il tue la France a petit feu.

Liberté d’expression par Ivan Rioufol

Voir en ligne : https://blog.lefigaro.fr/rioufol/20...