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Le Brexit coûterait un saladier à la Grande-Bretagne

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Le référendum sur l’Europe aura lieu le 23 juin prochain. La victoire du camp du Brexit aurait des répercussions sur l’économie britannique

1. Immigration – La « Jungle » de Calais passe à Douvres

Et si la « Jungle » de Calais se retrouvait à Douvres ? David Cameron et François Hollande ont tous les deux laissé planer le doute à ce sujet. Sans le dire explicitement, ils laissent entendre qu’en cas de Brexit, la France pourrait choisir de laisser passer les migrants, plutôt que de faire le travail à la frontière pour les Britanniques.

La question est symbolique parce que l’immigration est au cœur du débat sur le Brexit. Elle ne concerne pas tant les réfugiés que l’immigration intra-européenne. Avec le principe de la libre-circulation au sein de l’UE, élargi aux pays de l’est depuis 2004, près de 250 000 Européens immigrent chaque année au Royaume-Uni, attirés par ses emplois. Pour les partisans du Brexit, sortir est donc la seule façon de reprendre « le contrôle des frontières ». Les sondages indiquent qu’il s’agit de leur argument le plus porteur.

Pour le contrer, le premier ministre David Cameron a obtenu une concession de Bruxelles : pouvoir bloquer l’accès aux aides sociales des immigrés européens pendant leurs quatre premières années au Royaume-Uni. Il espère ainsi réduire le flot d’immigrants européens, ce qui laisse sceptique les spécialistes : tout indique que ceux-ci viennent pour l’emploi, pas pour les allocations sociales. Les partisans du « remain » ajoutent aussi un argument massue : même en cas de Brexit, l’UE pourrait imposer au Royaume-Uni de conserver la libre circulation des personnes, en échange d’un accès au marché unique. La Suisse et la Norvège en sont deux exemples.

2. Finance – La City craint le départ des grandes banques étrangères

Le centre financier britannique est au cœur du débat. Si quelques fonds d’investissement et riches traders financent la campagne du Brexit, la très grande majorité des représentants de la City font campagne pour rester dans l’UE. Ils font remarquer que le premier centre financier européen doit son succès à son ouverture à l’international : les grandes banques américaines, japonaises ou encore suisses s’en servent comme base arrière pour l’ensemble de l’Union Européenne. Elles utilisent notamment le passeport financier européen, qui permet de vendre des produits financiers approuvés par le seul régulateur britannique directement dans les Vingt-Huit pays. Morgan Stanley, Citigroup, se sont publiquement opposés au Brexit. HSBC a prévenu qu’elle relocaliserait un millier d’emplois au sein de la zone euro.

Enfin, la City craint les régulations venant de Bruxelles. Elle tient à conserver son influence à la table des négociations. Après une sortie, elle redoute l’imposition de règles européennes visant à l’affaiblir.

3. Irlande – Vers une nouvelle frontière ?

Depuis les accords du Vendredi Saint de 1998, les armes se sont tues en Irlande du Nord. Progressivement, la frontière avec la république d’Irlande a disparu. Aujourd’hui, il n’y en a plus la moindre trace, si ce n’est le passage des panneaux de circulation de kilomètres (au sud) en miles (au nord).

L’Irlande est donc très inquiète des risques du Brexit. Faudrait-il recréer une frontière ? Sachant que la république d’Irlande fait partie de la zone de libre circulation de l’UE, cela semble inévitable, à moins d’accepter que le Royaume-Uni ne conserve ses frontières ouvertes au reste des Européens – ce qui est contre les promesses de campagne du camp du « Leave ».

De plus, la paix au nord demeure fragile et le risque terrorisme de groupuscules paramilitaires dissidents a récemment été revu à la hausse. Le rétablissement d’un signe de division au sein de l’île peut créer des tensions dans l’entente politique entre unionistes et républicains. Tous ces facteurs expliquent que les Irlandais du Nord soient pour rester dans l’UE à 75%, ce qui en fait la province la plus pro-européenne de tout le Royaume-Uni.

4. Ecosse : Vers un nouveau référendum sur l’indépendance ?

Après l’Irlande du Nord, l’Ecosse est la deuxième nation du Royaume-Uni la plus pro-européenne : les sondages y donnent 64% en faveur du camp du « remain ». Il est donc possible que les Britanniques votent pour sortir de l’Union Européenne alors qu’une majorité d’Ecossais voterait pour rester. Face à un tel scénario, Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise, a été claire : l’organisation d’un deuxième référendum sur l’indépendance de l’Ecosse serait « hautement probable ». Le Scottish National Party, qu’elle dirige, fait campagne de longue date pour faire sécession du reste du Royaume-Uni tout en restant membre de l’Union Européenne. Selon lui, cela donnerait à Edimbourg plus d’influence à Bruxelles qu’il n’en a aujourd’hui.

Ce scénario n’est cependant pas complètement certain : la première ministre d’Ecosse s’est conservée une porte de sortie, précisant qu’elle ne se lancerait pas dans un référendum si elle ne pensait pas avoir une bonne chance de l’emporter. Elle ne veut pas se retrouver comme au Québec, où l’échec à deux référendums a complètement enterré les espoirs des indépendantistes.

5. Economie : quel accès au marché unique ?

Très flexible, l’usine Nissan de Sunderland symbolise le renouveau de l’industrie automobile britannique : des entreprises étrangères qui utilisent le Royaume-Uni comme base arrière pour le reste de l’UE. La moitié de la production automobile britannique est exportée au sein des Vingt-Huit.

Cela pose l’une des principales questions du référendum : en cas de Brexit, quel accès au marché unique le Royaume-Uni conservera-t-il ? Les partisans de rester dans l’UE estiment que rien ne remplace l’accès complet à ce marché de 500 millions de consommateurs, qui comprend les biens mais aussi les services (y compris financiers). Actuellement, 45% des exportations britanniques vont dans l’UE.

Ceux qui veulent sortir répliquent qu’un accord de libre-échange pourra facilement être trouvé avec les Vingt-Huit après le Brexit. Après tout, il est dans l’intérêt de Renault (propriétaire de Nissan) ou de Volkswagen de pousser leurs gouvernements à conserver les échanges. D’ailleurs, le Royaume-Uni enregistre un fort déficit commercial avec l’UE : les Vingt-Huit gagnent économiquement à laisser le commerce se faire facilement.

Reste que les tenants d’un Brexit se disputent sur le modèle à suivre. Certains citent la Norvège, mais ce pays contribue au budget européen et accepte la libre-circulation des personnes. D’autres mentionnent la Suisse, avec ses nombreux accords bilatéraux, mais ceux-ci excluent les services financiers et incluent la libre-circulation. L’Albanie et le Canada sont aussi cités comme des pistes possibles.

6. Budget européen – des économies faibles

Les partisans du Brexit utilisent un chiffre à répétition : chaque semaine, le Royaume-Uni verserait 350 millions de livres (500 millions de francs) à l’Union Européenne dans le cadre du budget européen. En sortant de l’UE, d’importantes économies seraient réalisées.

Ce chiffre est faux. Il provient de la part notionnelle du Royaume-Uni au budget européen : 18,8 milliards de livres pour 2015. Mais il faut immédiatement en déduire le fameux rabais, négocié par Margaret Thatcher dans les années 1980, qui s’élève à 4,8 milliards de livres. Par ailleurs, le Royaume-Uni reçoit de l’argent de Bruxelles, notamment pour les agriculteurs, les aides aux régions les plus pauvres et les versements directement au secteur privé (aides à la recherche, aux universités…). Au total, il a perçu 5,8 milliards. La contribution britannique nette est donc de 7,1 milliards de livres, soit environ 150 millions de livres par semaine (215 millions de francs). C’est environ 1% de l’ensemble du budget britannique.

Enfin, ceux qui veulent rester dans l’UE vont plus loin, estimant que ce coût apporte des bénéfices économiques bien plus importants, grâce à l’accès au marché unique.

Voir en ligne : http://www.letemps.ch/monde/2016/05...

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