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La retraite, Berezina pour Macron ?

, par  NEMO , popularité : 7%
NJ-Ile de France

Dans un monde non-kafkaïen, c’est-à-dire pourvu d’un minimum de logique, on pourrait se dire que comme on vit de plus en plus vieux, la mise au rancart devrait suivre le rythme de l’espérance de vie. Mais, vous allez le voir, en réalité ce n’est pas si simple, et cela pourrait coûter très cher à Macron, ce qui me réjouirait grandement.

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Lorsque la retraite des vieux a été instituée à 65 ans, en 1945, l’idée était de faire avaler aux Français les pénuries qui se poursuivaient, en prenant à grand fracas de tambours et trompettes une mesure « sociale » qui ne coûterait quasiment rien aux finances publiques, tant le nombre d’attributaires potentiels était ridicule. Les cotisations étaient d’ailleurs elles-mêmes très faibles, et suffisaient largement à l’équilibre des comptes sociaux. Les premiers retraités, ceux qui réussissaient l’exploit de vivre au-delà de 65 ans (l’espérance de vie en 1950 était de 63 ans), étaient copieusement servis par ce fameux système par répartition, largement excédentaire, que le monde entier nous envie encore sans avoir l’idée saugrenue de l’appliquer à son tour.

Bref, un tel système ne peut perdurer que s’il y a beaucoup de cotisants et peu de retraités. Or, chacun peut constater que nous sommes de plus en plus dans la situation inverse, beaucoup de retraités et de moins en moins de cotisants -bientôt un retraité pour un actif, auquel on demande d’assurer aussi le financement des enfants et des chômeurs. Même une huitre, dont le QI est réputé voisin de zéro, en déduirait qu’il faut plus de cotisants, moins d’inactifs, donc faire baisser le chômage et retarder l’âge de départ en retraite. Ou bien changer le système - que chacun se « fasse » sa retraite en cotisant pour lui-même, donc remplacer le système par répartition par un système par capitalisation (ya bon pour les sociétés privées spécialisées), qui pose d’autres problèmes. En réalité, cette situation, qui ne date pas d’hier et qui aurait dû être traitée quand il en était encore temps et alors que les démographes avaient prévenu de ce qui allait arriver (déjà sous Giscard), est objectivement explosive. Il ne faut pas s’étonner que jusqu’à présent nos courageux élus aient préféré jouer la politique « d’après moi le déluge », comme ils ont l’habitude de le faire pour tous les sujets qui risquent de leur péter à la figure.

Macron serait-il plus courageux que ses prédécesseurs ? Ce serait lui faire trop d’honneur. Bien évidemment non, il est coincé par les exigences de l’Europe à laquelle, en fidèle toutou, il obéit, et, il ne faut pas négliger cet aspect de sa personnalité perverse narcissique, il adore « emmerder » les Français. Sauf que, et pour une fois je vais être d’accord avec la CGT, cette réforme arrive au pire moment pour lui. Il vient de lâcher des centaines de milliards pour un confinement dont il s’avère de plus en plus qu’il ne servait à rien, il fournit des flopées d’armes lourdes à l’Ukraine sans demander l’avis de ses concitoyens, au risque de nous faire entrer dans un conflit qui ne nous concerne pas, il « donne » un milliard d’euros à l’Afrique du Sud pour l’aider dans sa transition écologique (sic !) alors qu’au stade où nous en sommes, c’est plutôt nous qui aurions besoin de l’aide de l’Afrique, il asphyxie les entreprises françaises en acceptant les dictats de l’Allemagne et des États-Unis, qui nous font payer l’énergie 5 fois plus cher qu’on ne devrait, n’en jetez plus, la cour est pleine, et il ne trouve rien de mieux que d’expliquer aux Français qui n’y sont pour rien (enfin, pas tout à fait, puisqu’ils l’ont élu) qu’il est temps qu’ils se serrent la ceinture, ces gros privilégiés réfractaires, fainéants, gaulois, sans culture etc…

Ceci dit, il n’empêche que le système actuel, quoiqu’il s’en raconte, ne peut pas se maintenir en l’état. Envisager, comme les Allemands, de faire payer nos retraites par des « cotisants » venus d’Afrique est une vaste blague, quand on sait que ceux qui sont déjà installés en France font plutôt grossir les statistiques du chômage (et le déficit de la Sécurité Sociale) que celles du plein emploi. Quant à retarder l’âge du départ en retraite lorsque les entreprises se débarrassent de leurs seniors à partir de 50 ans (à cause d’ailleurs de la législation qui leur donne un semblant de protection à partir de cet âge-là), Macron lui-même n’y croyait pas il y a deux ans, c’est dire ses convictions.

Bref, nous sommes au fond du trou, et d’autant moins près d’en sortir que la situation d’aujourd’hui est l’aboutissement du travail de sape des puissants de ce monde qui, depuis un siècle, ont décidé, à la suite de Taylor et d’Henri Ford, que l’Homme ordinaire avait fait son temps, que devait arriver le règne glorieux des machines, lesquelles ne demandent pas de salaire, ne font pas grève, ne font pas de pause pipi, peuvent travailler jour et nuit, ne fument pas de gitanes® maïs et ne roulent pas en diesel... mais ne cotisent pas pour la retraite !

Alors qu’en 1995 « seulement » 6% du PIB français « appartenait » aux 500 premières fortunes de France, 25 ans plus tard c’est plus de 40% de la richesse nationale qui est détenue par ces mêmes fortunes. La CGT, deuxième fois que je la cite en bien dans cette tribune, notez-le, aurait donc raison de vouloir faire payer nos retraites par les riches ?