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La délinquance augmente ? C’est la faute aux prisons !

, par  NEMO , popularité : 3%
NJ-Ile de France

Je ne vais pas m’appesantir sur l’affaire du bijoutier de Nice. Je crois que tout a été dit, il n’est pas indispensable de remuer le pistolet dans la plaie. Quoiqu’on en pense, le procureur de la République ne pouvait pas faire jouer la légitime défense, laquelle, en l’espèce, n’est tout bonnement pas applicable. Elle n’est d’ailleurs presque jamais reconnue par les tribunaux : en Droit Français, pour qu’il y ait à coup sûr légitime défense, il faut que la riposte soit proportionnée à l’attaque, et que la menace soit encore effective au moment où vous réagissez ; ce qui fait que si vous expédiez un quidam qui en veut à votre vie, il vaut mieux qu’il vous ait frappé le premier, que vous soyez vous-même agonisant lorsque vous ripostez, que vous ne vous serviez pas d’une arme à feu si votre assassin a utilisé un couteau, et que votre bonhomme soit en train de vous achever au moment où vous frappez à votre tour (sachant qu’en toute logique judiciaire, votre agresseur qui, son forfait accompli, est en train de se sauver, n’est plus considéré comme menaçant votre vie, et que par conséquent, si vous lui tirez dessus, vous n’êtes plus en train de vous défendre, mais d’attenter aux précieux jours de quelqu’un qui ne vous fait (plus) rien – si, en plus, vos balles l’atteignent dans le dos, alors là, ce n’est plus de l’auto-défense, c’est un lâche assassinat – c’est pourquoi je vous conseille d’exiger de votre assassin qu’il vous présente son recto avant de presser la gâchette. Au moins vos enfants n’auront pas à porter l’opprobre de votre indignité).

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En fait, je voudrais profiter de ce fait divers pour revenir sur un des plus énormes enfumages dont nous ait gratifié ces dernières décennies la bienpensance, de droite comme de gauche d’ailleurs. Si vous suivez tous ces braves gens qui sont d’autant moins avares de leçons qu’ils sont tous à l’abri des agressions et autres incivilités que vivent au quotidien les Français d’en bas, ils vous expliquent, sourcils froncés et nez pincé de dégoût devant votre médiocrité de beaufs réacs, que les prétendus malfaisants sont avant tout victimes de la Société, de la crise, du manque de travail, de l’absence de stades, de bibliothèques, d’argent, de considération, de reconnaissance…, que le tout carcéral, la multiplication des textes pénaux, la répression, la relégation, la peine de mort même, n’ont jamais dissuadé les voleurs de voler et les assassins de tuer. La preuve ? Malgré Sarkozy, ses lois liberticides, et son idéologie fascisante, la délinquance n’a cessé d’augmenter , il était temps que la gauche arrive pour mener enfin une politique de juuuuustice et de dignité de la personne humaine, la seule qui saura convaincre nos dealers et autres arracheurs de colliers de se lever tôt le matin pour toucher le SMIG !

On ne se fout pas mieux du monde ! De tous temps, en tous pays, dans toutes les civilisations, ce qui détourne les malfaisants du mal, c’est le mal qu’ils peuvent subir eux-mêmes en retour. De la comptabilité pure : quand le risque de perte est nettement supérieur à l’opportunité de gain, on n’investit pas. Si en France, contrairement à d’autres pays, en tous points comparables au nôtre, la délinquance augmente depuis les années 70, ce n’est pas par manque de moyens, ce n’est pas parce que les Français sont plus voleurs ou assassins qu’ailleurs, ce n’est pas même parce que notre police est inefficace ou nos lois insuffisamment répressives, c’est parce que notre système légal et judiciaire a jeté aux orties, au nom d’une idéologie de cour de maternelle, les deux fonctions principales de la peine : l’exemplarité, qui s’adresse aux candidats délinquants, et l’intention délictueuse, qui dissuade de la récidive. Je m’explique.

Au-delà de la loi Taubira, sur laquelle on tape à juste raison, mais qui est d’une logique imparable, tous les gardes des Sceaux de ces dernières décennies, sans exception, suivis par tout l’appareil judiciaire, se sont acharnés à diminuer voire annuler le temps d’incarcération des délinquants (selon le postulat que : prison = école du crime ; supprimer la prison = supprimer le crime), et à personnaliser les peines en fonction du profil du condamné, au nom du sacro-saint droit à la réinsertion de tous les êtres humains, aussi abominable soit leur passé. Cette tendance lourde, que Sarkozy avait essayé d’enrayer avec les peines plancher, s’est avérée catastrophique : le message qui a été retenu par les candidats au crime est qu’avec un bon avocat, une plaidoirie bien dégoulinante, et une contrition crocodilesque, on s’en sortait à minima, quoi qu’on ait fait. Pour appeler un chat un chat, quand un « sauvageon » de nos belles cités périphériques, qui se fait prendre pour une agression quelconque, sort libre du tribunal de Bobigny ou de Créteil, plutôt que de se retrouver en tôle, le sentiment dont il s’imprègne, avec tous ses « collègues », c’est qu’en France, les lois, c’est des trucs de « tocards », et que dans le pays du mariage homo et des bolos (contraction de bourgeois et lopettes), on peut « niquer » [1] qui ont veut, sans risque. Et ce ne sont pas un rappel à la loi ou des travaux d’intérêt général qui vont les faire changer d’avis… Pourtant, je vous fiche mon billet que si on garantissait à ces petits malfrats 4 ou 5 ans à l’ombre, sans remise de peine, au moindre pet de travers, ils ne seraient rapidement plus un problème.

Quant à la punition de l’intention délictueuse ou criminelle, dont des milliers d’années de pratique ont démontré l’efficacité, mais que notre époque dite moderne a rejeté comme une incongruité, son évidence m’a sauté aux yeux il y a quelques semaines, alors que je regardais à « C dans l’air » une juge expliquer qu’elle n’allait quand même pas mettre en prison un « jeune » au motif qu’il avait volé un parapluie dans une voiture ! Comme si ce jeune avait été assez con pour casser une voiture, juste pour faucher un parapluie ! Ou alors, c’est qu’il pleuvait, et il devait se présenter à un employeur pour du travail, et le parapluie, c’était pour qu’il n’ait pas l’air d’un chien mouillé. Et j’ai eu la révélation : les juges ne punissent pas la gravité de l’acte délictueux, mais ses conséquences. Ce qui veut dire que si quelqu’un décide de vous assassiner et y parvient, il sera puni de 20 ans de prison. Mais s’il vous rate, il n’écopera que d’un sursis - sans doute pour lui donner une deuxième chance de vous envoyer ad patres. [2].

Nos ancêtres, dont je ne m’aviserai pour rien au monde de contester la barbarie, mais dont on osera admettre du bout des lèvres la recherche constante d’efficacité, utilisaient une méthode aussi logique que celle de Christiane Taubira, quoique incontestablement plus définitive, pour éradiquer la récidive : d’abord la suppression physique du contrevenant, et ensuite seulement la prise en compte d’éventuelles circonstances atténuantes. Mais c’était dans des temps obscurs, avant que le Bien éclaire le Monde.

[1au sens propre et au figuré

[2au moment même où je publie ces lignes, un "arracheur" vient d’être condamné à 15 ans de prison parce que sa victime, à qui il volait un baladeur, est tombée dans l’escalier roulant du métro, et en est morte. Si la victime n’avait pas été blessée, son agresseur n’aurait probablement pas fait un seul jour de prison