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LE PROCES DU GENERAL SALAN - IIème partie

, par  Cercle Algérianiste d’Aix en Provence , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Deuxième partie. La genèse d’une révolte

Le Procureur général a demandé la peine de mort avant d’invoquer la justice de Dieu. L’avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour se place, lui, au niveau de la justice des hommes : « Il faut analyser ce drame qui est né, dit-il, d’une certaine conception de l’intérêt national et du monde, d’une certaine méthode de prise de pouvoir, et d’une certaine conception du gouvernement. »

Selon JLTV, dès 1956 le Général De Gaulle pense qu’ « il serait contraire à l’intérêt national de ne pas accorder l’indépendance à l’Algérie ». Il faut agir en ce sens mais la IV ème République est trop faible pour y parvenir.

Le Général De Gaulle l’est aussi, trop faible, puisqu’il ne dispose que de 13 députés pour s’attaquer au régime.
Il a besoin d’une « force extérieure… C’est incontestablement la force de l’Algérie, de l’Algérie inquiète, de l’Algérie mécontente, qui, au début de cette année 1956, a obtenu par la projection de légumes le changement du nouveau proconsul. Mais il existe un obstacle : c’est que cette force de l’Algérie, elle, est pour l’Algérie française, et que l’utilisation de cette force pour parvenir au pouvoir sera gênante après la prise de pouvoir puisqu’elle s’opposera au but que l’on s’est fixé et qui est, dans l’intérêt national : l’indépendance de l’Algérie. »

La prise de pouvoir.

Selon JLTV ce sont les compagnons du Général De gaulle qui sont à la manœuvre. Certains connaissent ses véritables intentions : MM Frey, Debré, Michelet mais les autres ignorent « sa pensée profonde ». C’est le cas de Soustelle, de Delbecque…. Pourtant, à ce moment là, tous collaborent pour créer de l’agitation. (le Courrier de la colère, les interpellations à l’Assemblée…) « Quand M Pflimlin parle de missionnaires civils… qui sont partis pour Alger dans l’intention de renverser le gouvernement de la République, il a raison. » ; « Il s’agit de la période romantique de la prise du pouvoir par la chute de la IV ème République ». En ce sens « L’affaire du Bazooka peut être considérée comme une minuscule répétition du 13 mai 1958 »

Le 13 mai 1958 « Il aurait dû comprendre ! »

M. Delbecque puis Soustelle et Debré demandent au Général Salan de « s’engager » à crier « Vive De Gaulle » sur le Forum. En effet ses qualités d’homme et de chef de guerre, reconnues en Indochine puis en Algérie, font de lui une pièce maîtresse dans la partie jouée par le Général De Gaulle. D’autre part le Général Salan a la confiance du chef du gouvernement de la IV ème République finissante. Au vu des documents qu’on lui présente, pour empêcher la guerre civile, et pour consolider le « destin français de l’Algérie » Salan accepte de s’engager. Mais à quoi ?

Selon JLTV, il ignorait « le but final de l’opération qui est l’indépendance de l’Algérie ». Il l’ignorait parce qu’on l’a trompé ! Il se serait donc laissé tromper, cet homme lucide, ce soldat dont on vente « le coup d’œil », la faculté d’évaluer immédiatement une situation donnée !

Pour l’avocat ce n’est contradictoire qu’en apparence. En effet le Général De Gaulle et le Général Salan appartiennent à deux ordres différents. Le premier est un homme d’Etat qui doit utiliser la ruse et le mensonge pour parvenir à son but, ainsi que l’a théorisé Machiavel quatre siècles auparavant. De plus non seulement l’homme politique croit qu’il peut mentir, mais il s’attend à ce que ses compagnons devinent la tromperie et la cautionnent : « En fait je suis certain, déclare JLTV, que le général De Gaulle estime que le général Salan n’a pas été trompé et que si la question était posée à cet illustre chef d’Etat il répondrait simplement : « Il aurait dû comprendre ! »… lorsque M. Debré est venu à cette barre, il nous a indiqué que… les pauvres bougres pouvaient n’avoir pas compris, mais que, quand on avait été commandant en chef, qu’on avait correspondu avec le chef de l’Etat, il n’y avait aucune circonstance atténuante. ».

L’homme d’armes, lui, « ne peut pas accepter ni employer la ruse, qui sont les armes normales, habituelles, de l’homme d’Etat » « C’est que l’homme d’Etat écrit sur du papier avec une plume, et que l’homme d’armes écrit dans la poussière avec son sang, avec le sang de ceux dont il a la charge ». A la fin de sa plaidoirie JLTV en appellera à la mémoire des morts de Cassino… de Cao-bang, « ceux-là qui savent sont aux côtés de celui qui, pendant des années fut leur camarade avant d’être leur chef, ceux là savent le prix du sang.. »

La fin et les moyens

Lorsque se déroule le procès du Général Salan, De Gaulle a atteint son but. Il lui a fallu quatre années, avec les moyens qu’il a choisis, pour obtenir l’indépendance de l’Algérie. Le Général Salan a parcouru la sienne qui l’a conduit à ce tribunal.

JLTV va rendre compte de ce double parcours en révélant des faits, en fournissant des documents, en précisant et en rapprochant des dates car le temps qui s’écoule entre mai 1958 et mai 1962 joue un rôle important.

Depuis mai 1958 le Général De Gaulle est au pouvoir mais sa conception de « l’intérêt national » n’est pas en phase avec l’opinion publique. 424 parlementaires sur 570 ont été élus sur le thème de l’Algérie française. Il lui faut changer cela mais discrètement. Il utilise le double langage avec habileté.

Le 15 juillet 1958 il est recommandé par une note du Ministre des armées de freiner les poursuites pour incitation des militaires à la désobéissance et atteinte au moral de l’armée

En Août 1958 des « conversations politiques » ont lieu entre Pompidou et « l’organisation Fehrat-Abbas » à Lausanne alors que…Le 24 octobre 1958 le Général De gaulle écrit au Général Salan : « Mon cher Salan, tout va vite en ce moment….mais ce n’est pas dans le mauvais sens. L’ensemble de la nation française fait maintenant bloc sur quelques idées simples. On ne doit pas lâcher l’Algérie. ». Dans ce même courrier, il lui recommande d’imposer aux délégués de « l’organisation Fehrat-Abbas » des conditions draconiennes de cessez-le-feu et termine : « Je vous dis cela à vous seul pour que vous sachiez à quoi vous en tenir. Naturellement ne le répétez pas ».

Le 9 janvier 1959 des centaines de condamnés du FLN sont graciés ou libérés.

En Septembre 1959, quelques jours avant le discours sur l’autodétermination, le Général De Gaulle entreprend la tournée des popotes. A Bône et à Paris, il annonce un projet de consultation des populations algériennes. Toutefois, affirme-t-il, ce n’est qu’une manœuvre à l’usage de l’ONU, « le machin » dont la réunion est prévue le 22 septembre. Il demande donc la discrétion.

Pourtant….le 31 août précédent, à Moscou, M Khrouchtchev déclarait : « les récentes propositions du Président De Gaulle de régler la question algérienne sur la base de l’autodétermination peuvent jouer un rôle important dans le règlement de la question algérienne ».Quant au discours du 16 septembre 1959, son ambiguïté ajoutée aux assurances fortes données par le pouvoir rassurent la population.

Il ne se passe rien. En effet : « L’Algérie vit, elle travaille, elle vendange dans la splendeur de l’automne algérien. Puis elle vit avec l’armée, elle s’appuie sur elle. Et l’armée le lui rend bien ». JLTV affirme que : « jamais l’Algérie n’a pris l’initiative de la subversion ». Elle n’en a pas besoin car elle reprend confiance. La rébellion est mal en point. « Il fallait donc, pour atteindre au but final : l’indépendance de l’Algérie d’intérêt national, il fallait prendre l’initiative ».

Evelyne Joyaux

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Voir en ligne : http://congraix.over-blog.com/2020/...