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LE PATAOUETE ...

, par  Suzanne de Beaumont , popularité : 7%
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LE PATAOUETE

Dans le peuple pied noir il y avait les gens éduqués à la française qui parlaient un bon français teinté d’un accent de là-bas comme dans les provinces françaises où les gens éduqués à l’école française parlaient un français teinté d’un accent régional.

Grâce à cet accent les gens se situaient, ils savaient que vous étiez alsaciens, basques, ou marseillais, ou pied noir.

Mais les plus nombreux, ceux où les enfants devaient travailler à partir de 10 ou 12 ans selon leurs capacités physiques, après avoir été à l’école jusqu’au certificat d’étude quelquefois. Ces enfants parlaient la langue de leurs parents, espagnol, italien, maltais et bien d’autres langues dont l’allemand entre autres. A l’école française ils apprenaient le français. Ils parlaient français pour pouvoir comprendre leurs voisins ou leurs compagnons de travail.

Leur français était mâtiné d’espagnol, d’italien et d’arabe, c’était le patois de leur pays. Cependant chez eux il n’y avait pas de passé, pas de litiges et de drames hérités du passé, leur langue était tournée vers la relation avec le voisin ou le compagnon de travail. Elle était imprégnée d’empathie, du besoin de communiquer, elle appelait la relation.

Cette langue, qu’on appelait le pataouète, véhiculait le besoin de rire de s’amuser autour d’un verre d’anisette, ou d’un repas typique de ceux qui recevaient. Le pataouète était drôle, les italiens s’initiaient au français, à l’espagnol, à l’arabe, de même pour les français, les espagnols et autres. Cette langue était chargée de tendresse parce qu’elle aidait à partager les difficultés de la vie de chacun.

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Dans quelques années des chercheurs intéressés par l’aventure algérienne liront « La parodie du Cid » ce texte typique du pataouète. Il y a bien d’autres œuvres en pataouète, qui faisaient la joie de tous les pieds noirs. Cette langue, je dis langue comme en France les patois sont qualifiés de langues locales, unifiait les pieds noirs dans une empathie pour tous, la drôlerie des expressions communiquait la joie et tous, se sentaient d’un même peuple, d’un même pays chapeauté par la France que tous ressentait comme la mère patrie.

La brutalité de l’exode et de l’accueil en France a été, pour ce million d’êtres humains une blessure ineffaçable, inguérissable, et de plus on leur a enlevé la pratique de cette langue qui leur apportait la joie de vivre.