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LAMPEDUSA : Le Réalisme plus humain que l’Angélisme.

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imagesL’étalage d’une contrition hypocrite lors de la visite de Barroso à Lampedusa était indécent. Le naufrage d’une embarcation surchargée a provoqué des centaines de victimes, mortes dans des conditions atroces. L’émotion soulevée par les images a suscité dans le monde entier, et particulièrement en Europe et en Italie, un sentiment de compassion mêlée d’impuissance et d’incompréhension. Qu’il faille trouver des solutions pour mettre fin à de telles tragédies est à la fois une évidence et un impératif. La présence et les paroles du Président de la Commission Européenne apportent-elles la moindre solution ? On peut en douter. Hué à son arrivée, celui-ci n’a certes pas manqué de souligner combien sa sensibilité avait été touchée, mais il s’est également permis de dire son indignation devant l’inculpation de rescapés de la catastrophe. De quel droit ce commis des gouvernements européens juge-t-il la Justice italienne ? Ces leçons de morale à bon compte des commissaires européens sont insupportables. L’Europe de Schengen, comme l’Euroland, est le produit de l’élargissement et de l’approfondissement d’un processus européen conduit avec une légèreté coupable par des politiciens de moins en moins capables de maîtriser leur sujet. Le maintien des privilèges du pouvoir quand son exercice est de plus en plus délégué et dilué devient un scandale aux yeux de beaucoup d’Européens et ceux qui s’en prennent aujourd’hui au populisme montant ne semblent même pas se rendre compte que c’est leur irresponsabilité qui crée une réaction populaire de jour en jour plus légitime.

Les images de ces derniers jours, celles des barques de Lampedusa, celles des grilles de l’enclave de Melilla submergées par un flot de migrants ne doivent pas justifier une ouverture plus grande à l’immigration, une régularisation massive des clandestins, un développement démesuré des moyens d’accueil. Une telle attitude préconisée par une certaine gauche européenne repose sur un sentiment de culpabilité injustifié et sur une politique suicidaire. Battre sa coulpe d’une main en baissant l’autre bras, c’est en arriver à ce que Jean Raspail avait décrit de façon hyperbolique dans « Le Camp des Saints ». La politique de l’immigration doit exister et être maîtrisée. Le vieillissement de la population la rend nécessaire. Le niveau insupportable du chômage la rend inutile. Ces deux propositions contradictoires soulignent les vrais problèmes que l’Europe a créés plus qu’elle n’a résolus. L’Allemagne vieillit vite et connaît le plein emploi alors que la France jouit d’une démographie plus équilibrée et subit un chômage important : pourquoi ces deux pays devraient-ils obéir aux mêmes règles ? A-t-on besoin, sauf pour peser sur le niveau des salaires et favoriser le travail illégal, d’une main d’oeuvre fournie par des immigrés non-européens ? Ne devrait-on pas d’abord faire jouer la solidarité européenne en permettant, par exemple, aux nombreux espagnols qui n’ont pas actuellement de travail de le trouver dans l’Europe du Nord, en organisant davantage le marché de l’emploi européen ? Faut-il continuer de confier le contrôle des frontières extérieures à des pays qui ont montré dans tous les domaines leur absence de rigueur et qui savent parfaitement que les clandestins ne resteront pas sur leur territoire ? Aujourd’hui, c’est la Grèce. Demain, ce sera la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie qui se délestent déjà d’une population qu’elles rejettent et dont le taux de délinquance est anormalement élevé. Un accueil plus rigoureux avec des durées de rétention illimitées, comme au Royaume-Uni, qui n’a pas signé l’accord ni la convention de Schengen, un contrôle plus sévère, notamment pour l’octroi du droit d’asile sont nécessaires pour faire cesser cette situation hypocrite et parfois inhumaine qui consiste à attirer les migrants par un laxisme affiché sans pouvoir vraiment les accueillir dans des conditions dignes.

La remise en cause de Schengen est donc urgente. Est-elle égoïste, moralement inacceptable, surtout aux yeux des habitants d’un continent chrétien ? Il faut quitter cette attitude de repentance et de pharisaïsme. D’une part, l’Europe n’est nullement responsable de la misère et des guerres qui poussent les migrants et les réfugiés à quitter leurs pays. Elle n’est pas à l’origine de la guerre civile en Syrie, ni la cause du désastre somalien qui dure depuis la chute d’un dictateur, Siyaad Barre en 1991. Elle contribue même puissamment par ses importations au développement des Etats qui jouissent d’une bonne gouvernance et ne sont minés ni par le terrorisme, ni par la corruption. Elle doit donc viser trois objectifs : d’abord, remplacer un discours angélique par une action réaliste. L’Europe préfère les démocraties humanistes, c’est entendu. Certains pays européens, la France en particulier, qui ont encore les moyens de passer, ici ou là, des paroles aux actes, ont fait tomber Khadafi en Libye et soutiennent la rébellion en Syrie. Pourtant, le réalisme est parfois plus humain que l’humanisme rhétorique. La pagaille sanglante qui s’est installée en Libye est pire que le régime antérieur. Elle présente l’inconvénient de ne plus permettre le contrôle des côtes et de l’embarquement des migrants qui ont traversé un pays désormais livré à l’anarchie et sont à la merci des passeurs. En Syrie, les Chrétiens sont soumis aux persécutions des rebelles que nous soutenons. Le réalisme doit, donc, nous commander de choisir une dictature avec laquelle on peut discuter plutôt qu’une guerre civile bien plus cruelle pour la population, et plus éloignée encore de la démocratie. Parfois, il faut comme Goethe préférer l’injustice au désordre. En second lieu, la reconduite systématique des clandestins dans leur pays d’origine doit être organisée. Comment accepter que des Afghans, par exemple, demandent à bénéficier de l’asile politique, alors que des soldats français sont morts pour faire régner dans ce pays un minimum de loi et d’ordre ? Enfin, il y a un travail considérable à effectuer, non pas pour accueillir, mais pour aider les populations à rester chez elles et contribuer ainsi au développement de leur pays. Cela s’appelle la coopération décentralisée, une aide très concrète que des hommes et des femmes d’ici apportent à des hommes et à des femmes de la-bas. Le forage de puits, la construction d’écoles, la fourniture d’une formation et du matériel destinés à assurer une activité artisanale ou maraîchère, sont les tremplins d’un développement sain et durable. L’Europe chrétienne peut et doit faire ce choix, à moins de perdre une identité qui est indissociable de l’humanisme dans le monde.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...