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L’île-prison de Cabrera (Mallorca, Baleares), l’enfer oublié de milliers de soldats français.

, par  Bisida G. Alolavevolu , popularité : 3%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Article du 24 décembre 2022

Il fut un temps où les européens réglaient (tjrs mal) et loin de l’hexagone, leurs conflits (et leurs comptes) entre eux.

200 ans plus tard. Rien n’a changé sous le soleil. Mis à part, les lieux et les protagonistes.

Un haussement d’épaule de l’éternité comme le disait Aldous Huxley……..vu de Sirius…certainement…..

L’histoire résumée ci-dessous est connue des amis, attirés depuis toujours, par les Baléares. (leur climat).

Ou de ceux, qui fréquentent (sans quitter leurs thébaïdes ouatées lyonnaises),

les Sociétés Savantes qui parlent des conflits de l’époque. (*)

….Ce siècle avait 2 ans…Rome remplaçait Sparte…Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte…..(V.Hugo….).

Bonne lecture-découverte.

Et merci à l’infatigable ami qui nous l’a envoyée.…….

PP

Une caverne de captifs sur l’île de Cabrera :

Image : Camille Hazard https://www.cerclealgerianiste-lyon...

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C’est une tragédie peu connue des mémoires. Entre 1809 et 1814, près de 10.000 soldats Napoléoniens furent abandonnés sur l’île déserte de Cabrera, dans les Baléares. Un enfer, narré par des mémorialistes, qui fait désormais l’objet d’une mission archéologique passionnante. La première de l’Histoire.

Elle est aujourd’hui une réserve naturelle époustouflante. Mais il y a un peu plus de 200 ans, l’île de Cabrera a été le théâtre d’une effroyable tragédie humaine. Pendant cinq ans, une dizaine de milliers de soldats français ont été déportés et laissés pour compte sur cette île des Baléares, qui dépend aujourd’hui de Majorque. Les faits remontent en 1808 en Espagne. Napoléon Bonaparte essuie sa première défaite en rase campagne au cours de la bataille de Bailén. Les soldats français sous les ordres du général Dupont sont entassés pendant plusieurs mois sur les pontons anglais de Cadix.

Les hommes périssent tour à tour à bord de ces bateaux-épaves qui représentent l’antichambre de l’enfer. Les corps en état de décomposition sont jetés à la mer. La crainte de l’épidémie se fait sentir. Alors, au bout de quelques mois, les autorités espagnoles décident de transporter les prisonniers -en plusieurs convois- vers l’île de Cabrera, petit lopin de terre de 15 kilomètres carrés totalement dénué de végétation. L’enfer recommence. Au total, près de 10.000 hommes, 15 000 selon d’autres spécialistes, sont agglutinés sur ce « caillou pelé ». Ils deviennent, les « rafalés ». Cabrera se transforme, pour les trois quarts d’entre eux, en tombeau.C’est le destin de ces milliers de Français déchus qui a poussé Frédéric Lemaire à lancer le premier programme de fouilles archéologiques dédié à leur cause. Ce docteur en histoire et en archéologie a passé seize ans de sa vie à étudier les traces de la Grande Armée. Alors, quand il a débarqué à Cabrera pour la première fois fin 2021, après des années de négociations avec les autorités espagnoles, il était surexcité. « Cabrera est un lieu exceptionnel, de par sa beauté. De plus, l’île est en partie interdite au public, alors, nous avons ressenti un sentiment de privilège dès notre arrivée. Imaginez-vous bien que nous sommes les premières personnes à avoir exploré l’île pour la recherche archéologique », nous avance-t-il. Pour ce faire, le chercheur a rassemblé une dizaine de « Lascars ». C’est le surnom qu’il a choisi pour désigner ses collègues qui travaillent sous l’égide d’un organisme de recherche indépendant : AASCAR pour Archéologie des conflits récents.

Les « Lascars » se sont rendus à Cabrera pour la première fois en 2021. Mais ce qu’ils ont découvert en novembre dernier les a laissés sans voix : un réseau de grottes magnifiques dans lesquelles se réfugiaient les soldats de la Grande Armée. Le but ? Fuir la chaleur écrasante et s’abreuver. A l’intérieur de chambres de fortune, des creusements ont créé des bénitiers, dans lesquels les captifs récupéraient les rares filets d’eau douce. « Dans les témoignages, les survivants expliquaient que des soldats se tuaient en tentant d’atteindre des cavités profondes de 50 mètres. A plusieurs endroits, cela relevait de la spéléologie », poursuit le chercheur qui est lui-même descendu dans les grottes.Au fond de celle dite, « en spirale », il est resté estomaqué devant les innombrables stalagmites et stalactites qui ornaient les parois. Les « Lascars » se trouvaient littéralement dans une cathédrale sous souterraine. Mais le clou du spectacle a été de découvrir de multiples graffitis dont certains étaient encore scellés dans la calcite. « BLAS », « Boniface Beaucele », « Deleine » ou encore « Galas »…des noms de familles sautent aux yeux. Des dates (1810-1812-1813), des lettres (PWS1813), ou encore des symboles d’une aspiration très forte à la liberté (un bateau, une croix…) ont également été observés. Des inscriptions gravées dans la roche qui sont parfaitement conservées, scellées par la calcite. D’autres le sont moins et nécessiteront d’être étudiées lors de prochaines missions, par le biais d’un spectre infrarouge ou de rayons ultraviolets.

Des prisonniers cannibales

Le mystère des grottes réside dans le fait qu’aucun ossement n’a pour l’heure été mis au jour. Mais les Lascars savent que l’île compte une « vallée des morts », un ossuaire qui figure dans plusieurs récits d’archives. Ces derniers relatent que les corps étaient inhumés de manière très superficielle, car les soldats ne disposaient pas d’outils. Régulièrement, des pluies torrentielles exhumaient les dépouilles encore en état de décomposition et se faisaient emporter dans le fond de la vallée dans des coulées de boue. Des scènes qui illustrent une nouvelle fois la condition de vie terrible des détenus.

En 1848, l’escadre de Joinville a fait voile à Cabrera pour se repentir sur cette île maudite. Des os par centaines jonchaient le sol, alors François d’Orléans (le prince de Joinville, ndlr) demanda à les faire ramasser. Il les aurait placés dans une fosse commune érigée sous un édifice », détaille Frédéric Lemaire. Les « Lascars », qui ont déjà identifié le monument aux morts, auront pour tâche d’ouvrir l’ossuaire, de vérifier si ce récit d’Histoire est vrai, et de réaliser un comptage. Le nombre exact de soldats qui ont péri sur l’île étant toujours incertain. Au moins 15.000 pour les uns, moins de 10.000 pour d’autres.

Mais de nombreux défis les attendent. L’érosion naturelle a probablement fait disparaître un certain nombre de dépouilles. Un effet de colluvionnement pourrait également gêner les archéologues, les sédiments s’accumulant dans le fond suite aux écoulements. La végétation désormais omniprésente est elle-aussi une entrave. « Les espaces d’exploration sont limités à de petites clairières. Cabrera est une réserve naturelle, on ne peut rien détruire. Nous allons donc utiliser un lidar pour laisser les lieux intacts », poursuit l’archéologue. Si elles sont aujourd’hui luxuriantes, la faune et la flore étaient, il y a 200 ans, absentes de Cabrera. Vivre sur l’île relevait de la survie. Les captifs ont été abandonnés sur une terre hostile tandis que les approvisionnements se faisaient trop rarement. Rapidement, les quelques chèvres et lapins furent chassés et mangés. Pendant l’été, la seule source d’eau se voyait asséchée. Et la famine rongea rapidement les hommes, contraints au cannibalisme, forcés à manger leurs propres selles.

Bien nombre de régiments français de la Grande Armée se sont retrouvés piégés à Cabrera. En attestent la découverte d’une cinquantaine de boutons ramassés au cours des dernières fouilles. Premier régiment de la garde de Paris, le 121e, le 4e d’infanterie légère… Tous ont tenté de se réfugier dans des habitats troglodytes éparpillés un peu partout sur l’île. Des cavités ont en effet été aménagées de manière opportuniste par les captifs, ici avec des pierres sèches, là avec des dalles plus imposantes. Ces abris rappellent le témoignage du libérateur Isidore Duperrey, qui, en arrivant dans le port de Cabrera à bord de la Goélette rose, mentionnait « une multitude de spectres sortant des rochers », un mois après l’abdication de Napoléon en avril 1814.

Les « Lascars » ne sont pas au bout de leur surprise. Lors du dernier jour d’exploration, ils ont aperçu cinq nouvelles grottes situées sur le versant est du vallon. Elles seront explorées lors d’une prochaine mission avec une toute autre série de cavités. L’une d’entre elle, accessible uniquement depuis la mer, devrait regorger de surprises quand on sait qu’elle a servi de chantier naval pour une tentative d’évasion avortée. La mission doit durer encore trois ans.

Voir en ligne : https://www.cerclealgerianiste-lyon...