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L’Euro 2016 ne relancera pas la France

, par  Servan Peca , popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Le championnat d’Europe de football, qui débute dans un mois, pourrait générer 3,7 milliards d’euros de retombées économiques. Mais les expériences passées ont prouvé que les grands événements sportifs sont rarement rentables

Il n’y a aucun suspense. L’Euro ne sauvera pas François Hollande. Il ne lui permettra pas de tenir l’une des grandes promesses de son quinquennat en inversant la courbe du chômage.

Le tournoi, qui débute dans un mois, le 10 juin, par le match France-Roumanie, aura toutefois permis de créer des emplois. Quelque 20 000 personnes ont été recrutées pour la construction et la rénovation des stades et plus de 94 000 personnes sont ou seront employées pour l’organisation de la compétition, selon les chiffres du Centre de Droit économique et financier (CDES).

Globalement, a aussi calculé le CDES, l’Euro générera 3,7 milliards d’euros (4,1 milliards de francs) de retombées pour l’Hexagone. Les spectateurs dépenseront 842 millions dans les stades et 352 millions dans les fans zones. A cela s’ajoute, notamment, les 1,7 milliard d’euros investis dans les stades et les infrastructures.

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Economiste du cabinet Kurt Salmon, à Paris, Vincent Chaudel ne remet pas en cause la pertinence de cette étude. Mais il se montre prudent. Les expériences passées l’ont prouvé à de multiples reprises : les résultats sont très aléatoires. « Le poids économique de l’Euro est réel, mais quant à savoir s’il va permettre de gagner de l’argent, c’est une autre histoire ».

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Le CDES ne distingue en effet pas les dépenses privées des dépenses publiques. Et son étude, publiée en janvier, ne tient pas compte du nouveau contexte sécuritaire, après les attentats du 13 novembre à Paris. Le budget dédié à la sécurité a entre-temps été doublé à 24 millions d’euros.
En 2008, la Suisse aurait gagné 860 millions

Pour son estimation, le CDES s’est basé sur la Coupe du Monde de Rugby en France en 2007, ainsi que sur les deux dernières éditions du tournoi continental, en 2008 et 2012. En 2008, l’Euro, organisé conjointement par la Suisse et l’Autriche, aurait rapporté un maximum de 860 millions de francs à la Suisse et environ 707 millions de francs à l’Autriche. Les deux études, totalement indépendantes l’une de l’autre, avançaient les mêmes conclusions : d’abord, les effets indirects de l’événement, notamment sur l’image, sont considérables mais pas chiffrables. Ensuite, les retombées d’un Euro sur l’économie du pays sont minces et ponctuelles.

Si les études d’impact sont souvent contestées, c’est en raison de la difficulté à calculer ce que les habitués appellent « l’héritage ». C’est-à-dire les bénéfices de l’après-compétition, lorsque les sportifs s’en sont allés, les projecteurs se sont éteints et que les touristes spectateurs sont retournés chez eux. Sont souvent pointées du doigt, notamment dans les pays émergents, des infrastructures surdimensionnées par rapport aux besoins locaux. « Une chose est certaine, reprend Vincent Chaudel, un événement de cette ampleur a un effet mobilisateur, c’est un accélérateur d’investissements ». En 1992, se souvient-il par exemple, les JO d’Albertville ont permis de construire rapidement une ligne de TGV jusqu’à Chambery.

Autre exemple, plus contemporain : à Lyon, la construction du parc OL a longtemps été entravée par les oppositions de riverains. Ceux-ci continuent à se faire entendre, mais les infrastructures entourant le stade, comme les trams ou les métros, permettront à ces mêmes riverains de profiter « d’une réelle plus-value sur leur logement. Cette banlieue de la ville est désenclavée », analyse-t-il.
Les élus ne pronostiquent rien

En France, les élus se gardent en tout cas de tous pronostics. Seul le maire de Bordeaux, Alain Juppé, nommé président des villes hôtes de l’Euro, fait exception. Mais il élude : « Tout n’est pas toujours affaire d’argent, disait-il en conférence de presse, fin avril. Un peu d’optimisme et de joie partagée ça compte aussi pour le moral d’une ville ! » L’Euro, bon pour le moral ? Vincent Chaudel y croit aussi. « Si l’Euro se passe bien, il peut vraiment améliorer la confiance en l’avenir, et donc la consommation ».

Et si la France gagne à domicile ? En 1998, la consommation des ménages dans l’Hexagone avait augmenté de 2,9%. Mais les économistes ont rapidement conclu que cette progression n’avait pas grand-chose à voir avec le succès des Bleus en Coupe du Monde. La preuve ? Lors du Mondial 2002, au Japon et en Corée du Sud, les Tricolores avaient échoué au premier tour. Cette année-là, la consommation avait pourtant grimpé de 3,3%.

Voir en ligne : http://www.letemps.ch/economie/2016...