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L’État panique et nos libertés s’évaporent

, par  Olivier Maurice , popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Olivier Maurice.

« Il est important de rassurer les salariés » nous a expliqué Elisabeth Borne pour justifier une nouvelle mesure hautement anxiogène et banalement liberticide à ajouter à une liste déjà bien assez longue : l’obligation du port du masque en entreprise.

Avec un masque sur le nez, il nous sera vraiment absolument impossible d’oublier que la France est en alerte rouge de niveau maximal, en pleine catastrophe interplanétaire, en apocalypse totale, au beau milieu de la fin du monde.

Que ceux (bien trop nombreux) qui auraient été distraits et n’auraient jamais entendu parler de Covid-19, et que tous les autres qui ne prennent pas la situation au sérieux, se le disent !

Avec un masque sur le nez, il sera absolument impossible de penser à autre chose que la menace omniprésente de la bête immonde et invisible, tapie dans l’ombre, vicieuse et implacable, prête à frapper à tout moment. L’ennemi est partout ! Il nous épie. Il nous traque.

Quoi de mieux pour rassurer les salariés qu’un gouvernement qui cède à la panique ?

L’ennemi du dedans

Peut-être pointer du doigt le bouc émissaire tout désigné ! Dénoncer ce grain de sable responsable de tous les dysfonctionnements, cet empêcheur de planifier et de diriger en rond : la liberté.

Chaque jour, on nous égrène donc le bilan dramatique de l’épidémie dû à l’inconscience et l’incompétence de la population. Bilan du nombre de personnes décédées le 18 août en France : 1670 (chiffre moyen du nombre de décès journalier), dont 17 du Covid-19 ; dont la quasi-totalité âgée de plus de 75 ans ou en très mauvaise santé.

Il est donc absolument impératif de renforcer les mesures sanitaires, pour empêcher les Français de faire n’importe quoi.

Parce que les Français font toujours n’importe quoi, ce sont des inconscients. Et des inconscients criminels qui plus est. Pas tous les Français, bien sûr. Pas moi : mais mon voisin.

Le privilège du sermon dominical s’est démocratisé avec la dissolution du Premier Ordre . Le jugement moral, l’argument d’autorité, la dénonciation critique et les généralités accusatrices forment maintenant dans ce pays une vieille tradition populaire, une exception culturelle bien établie qui est passée rapidement du caniveau au journal de 20 heures.

Ce n’est pas la plus reluisante.

Every man wants to be a macho man

Le gouvernement a trouvé un nouveau dada pour pérorer sur les plateaux télé sur l’air de « regardez comme on est des chefs, des vrais, des tatoués, de la race de ceux qui n’hésitent pas à prendre des décisions radicales, mêmes impopulaires et à utiliser la force s’il le faut ! »

Et de devenir ainsi le premier pays au monde à instaurer une mesure dont on n’a aucune idée de l’impact : sur la productivité, l’immobilier, le commerce de proximité, les transports, la croissance, l’équilibre des comptes sociaux, la dette, les impôts… On décide dans l’urgence de manière autoritaire et autocratique et on verra bien…

Personne n’est dupe. Tout le monde a bien compris que le gouvernement est totalement paniqué.

S’il y a deuxième vague, il y aura de nouveau incapacité du système de santé (le deuxième au monde en termes de moyens consacrés) à gérer le flux. Il y aura donc de nouveau confinement et cette fois-ci, se sera le grand saut dans l’inconnu.

La seconde option semble moins risquée sur le papier. Elle fait moins peur. Du moins tant qu’elle ne s’est pas vraiment produite. Tant que n’est pas arrivé le jour où, excédés par les injonctions contradictoires, l’incertitude économique et surtout par la montagne d’interdictions et d’obligations qui s’accumulent à chaque fois qu’un fonctionnaire ou un politicien a une crise d’angoisse, les Français demanderont des comptes.

Après moi, le déluge

Mais avec un peu de chance, ce sera peut-être au ministre suivant de gérer l’immense pétaudière qui va alors se déclencher.

Et il ne faudra pas compter sur la Cinquième République pour sauver la situation. Son contrat social repose sur deux piliers : le système de protection sociale (le meilleur au monde que le monde entier nous envie) et l’art de vivre (dans un pays qui compte autant de fromages que de jours de l’année).

Arracher des planches au second pour colmater le premier qui prend l’eau de toute part n’est sûrement pas une bonne idée, mais quand il y a urgence et quand on n’a pas vraiment le choix…

Perseverare diabolicum

La seule question est de savoir quelle goutte fera déborder le vase.

La limitation de la liberté de se déplacer (la taxe carbone en octobre 2018 ) a déjà bien failli. La remise en question des jours heureux (la réforme des retraites en septembre 2019 ) aussi.

Qui sait ce que nous réserve l’automne de cette année…

Surtout que la liste est déjà plutôt longue. Dans la droite ligne des excuses précédentes (les multiples atteintes aux libertés publiques prises au nom de la lutte contre le terrorisme, contre les comportements déclarés haineux, contre la sainte laïcité…), l’excuse de l’urgence sanitaire a elle aussi enchainé une bonne litanie de restrictions et d’obligations, dont de nombreuses ont perduré, ou ont suivi la levée de l’état d’exception : interdiction des rassemblements de plus de 5000 personnes obligation de déclarer les rassemblements de plus de 10 personnes interdiction des rassemblements nocturnes fermeture des salles de réunion publiques (danse, jeux, expositions, salons…) obligation du port du masque dans les lieux clos obligation du port du masque en centre-ville et sur les marchés obligation du port du masque en entreprise obligation du port du masque dans les transports en commun obligation du port du masque pour les personnels des bars et restaurants obligation du port du masque lors des déplacements dans les bars et restaurants obligation du port du masque pour tout rassemblement de plus de 10 personnes interdiction de tables de plus de 10 personnes dans les restaurants fermeture des vestiaires collectifs limitation des écoles de musiques, conservatoires, fanfares, etc. à 15 personnes interdiction de danser lors des soirées organisées dans les salles des fêtes municipales limitation des crèches à 10 enfants prime de 55 euros pour tout médecin déclarant un malade du Covid obligation du respect des gestes barrières interdiction de transporter du matériel de sonorisation annulation de très nombreuses manifestations : marathons, foires, expositions, matches limitation de la liberté de prescription fermeture d’établissements publics quarantaines par réciprocité interdiction de visite aux patients hospitalisés absence de débat public sur des lois votées sans députés

Et tout cela sans que l’on n’ait la moindre idée de l’horizon auquel pourraient être suspendues ces « exceptions temporaires à la liberté qui reste la règle, l’interdiction étant l’exception ».

En route pour de nouvelles aventures

La notion d’exception en France semble, à l’image des exceptions grammaticales, un peu particulière.

Espérons juste que nos gouvernants cessent par eux-mêmes cette escalade liberticide avant que ne s’enchaine un peu partout la suite du couplet d’une petite chanson dont ils sont censés connaître par cœur les paroles (« Contre nous de la tyrannie… », etc.).

La question qui semble actuellement agiter ceux qui relayent un peu partout les vidéos des villes allemandes , anglaises , belges ou espagnoles noires de citoyens en colère et manifestant contre le port du masque en dénonçant le matraquage liberticide, anxiogène et culpabilisateur, tourne autour de savoir si la date du 12 septembre retenue par les Gilets jaunes pourrait être une bonne idée…

Résistance ou résilience, le grignotage continu des libertés publiques aura des conséquences, à commencer par la perte d’autorité d’un État qui dit bien plus qu’il n’est capable de faire : qui ne peut clairement pas passer son temps à verbaliser les employés ayant retiré leur masque pour aller aux toilettes.

D’une façon ou d’une autre, par la contestation dans la rue ou par la balkanisation, il faudra bien un jour sortir de la crise et remettre l’État, maintenant en roue libre depuis trop longtemps, à sa place.

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