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Ils se prennent pour qui, les juges ?

, par  NEMO , popularité : 5%

Non, mais ils se prennent pour qui, les juges ? Qu’un Henri Guaino, donnant son opinion sur un acte judiciaire commis par un juge à l’encontre de son ancien patron, traite l’auteur de noms d’oiseaux, et tous les magistrats de France et de Navarre, jusqu’au très médiatique avocat général en retraite Philippe Bilger, pourtant partisan intraitable de la liberté de pensée et de parole, de sonner le tocsin : en France, on est censé avoir le droit de critiquer, insulter ou se moquer de tout le monde, avec une préférence marquée pour les cathos et les beaufs de Droite, mais un juge, pas touche, sinon gare !

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D’abord, avant tout commentaire sur le fond, une précision technique, qui mérite qu’on s’y attarde : le juge d’instruction Gentil, en mettant en examen Sarkozy (et d’autres), n’a pas, contrairement à ce que répètent bêtement médias et leaders d’opinion, rendu une « décision de justice », qu’il serait, du fait de la nature quasi divine de la parole du juge, interdit de commenter ou de critiquer. Une « décision de justice » est réputée « non critiquable » quand elle est prise par un juge dans le cadre d’un processus contradictoire  : le juge, arbitre indépendant, décide en fonction des arguments apportés par l’accusation et par la défense.

Pour ce qui est du juge d’instruction, quand il décide d’une mise en examen, il est à la fois juge et partie, dans la mesure où c’est lui qui assure l’accusation. Quand on prétend le faire instruire à charge et à décharge, on le met dans une situation irréaliste. C’est d’ailleurs à cause de l’ambigüité de cette fonction que Sarkozy, ancien avocat, je vous le rappelle, voulait supprimer les juges d’instruction… Ce qu’ils ne lui ont pas pardonné, plus que l’affaire des « petits pois ».

On ne voit donc pas au nom de quoi un justiciable, qu’il soit député ou citoyen lambda, n’aurait pas le droit de suspecter un juge d’instruction de partialité, et de le dire, surtout quand, comme dans l’affaire Sarko-Bettencourt, les charges (à moins que le juge ait dans sa manche une information décisive connue de lui seul) paraissent bien minces et l’accusation bien spécieuse… Cela dit, si le juge Gentil se sent insulté par les propos de Guaino, il peut toujours porter plainte pour « injures publiques », comme n’importe quel justiciable... Et quand un syndicat de magistrats porte plainte pour « outrage à magistrat et discrédit sur une décision de justice », il ne fait que confirmer ce que nous savions déjà : le Droit n’est pas le même pour eux que pour nous.

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Mais revenons à nos moutons : en quoi les juges devraient-ils être plus respectés que n’importe quelle autre profession ? Pourquoi, alors que plus personne aujourd’hui, de l’instituteur, du professeur, du médecin, du policier, de l’homme politique et jusqu’au Président de la République, n’échappe à la banalisation et à l’égalité dans l’insulte et la dérision, le juge, protégé par sa robe noire et son étole d’hermine, serait-il la seule corporation intouchable, avec les journalistes et les humoristes de gauche ? Et pour quelle raison incontestable ? Parce que sa moralité personnelle, jamais mise en défaut, le rendrait dépositaire d’un « droit divin » ? Il est vrai que dans l’affaire d’Outreau, pour ne citer qu’un exemple de faillite judiciaire, le corps des magistrats a été respectable du haut en bas de la hiérarchie ! C’est du moins la conclusion à laquelle est parvenue la commission créée spécialement pour juger ce désastre, en décrétant qu’il n’y avait pas eu faute, ou si peu, et que s’il y avait quelqu’un à blâmer, c’était les accusés, dont les têtes de pédophiles et l’attitude sournoise auraient incité n’importe qui à les condamner.

Et le syndicat de la magistrature, il faudrait le respecter, avec ses adhérents respectables, qui s’amusent à épingler au mur les têtes de cons que nous sommes tous à l’évidence, du moment que ne pensons pas comme eux qu’un petit malfrat est forcément une victime et la victime d’un malfrat un exploiteur ?

Et quand, sous prétexte d’une vidéo insuffisamment précise, ils relâchent l’un des auteurs de l’attaque du RER D à Grigny, pourtant reconnu par des témoins courageux, vous croyez qu’ils méritent notre respect, nos juges ? Et vous avez vu ce qui s’est passé au Trocadéro ? Quinze premiers « casseurs » jugés en comparution immédiate, treize relaxés, une seule condamnation à de la prison.

Et devant cette même justice, notre Webmestre a été condamné ferme à près de 5000 euros d’amende et autant de dommages et intérêts pour avoir laissé passer sur Notre Journal un commentaire illégal, alors qu’il était "primo délinquant", et que des circonstances largement atténuantes auraient dû être retenues, et le sursis accordé…

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Mais gardez-vous bien d’émettre la moindre critique, parce qu’ils vous rétorqueront, indignés, qu’ils ne font qu’appliquer la loi. Vous n’êtes pas contents de leur décision ? D’abord c’est interdit, vous risquez des poursuites. Et puis, ils n’y sont pour rien, prenez-vous en à votre député. C’est lui qui vote la loi…

Mon oeil ! La loi, s’ils l’appliquaient, comme c’est leur devoir, au lieu de la détourner à l’aune de leur idéologie et de l’immunité que leur confère leur statut et leur corporatisme, probable que les vaches seraient mieux gardées. Non. Si les juges ne sont plus respectés, c’est parce qu’ils ne représentent plus la justice du Peuple au nom duquel ils jugent ! Comme ne sont plus respectables les enseignants, depuis qu’ils se sont mis à faire ami-ami avec les élèves, plutôt que de leur apprendre la politesse et le travail, les forces de l’ordre, depuis qu’elles passent leur temps à piéger l’affreux automobiliste ou le "manifestant pour tous" plutôt qu’à mettre hors d’état de nuire les casseurs et les dealers, ou les politiques, les médiatiques et d’une manière générale nos élites, depuis qu’ils se sont abaissés à caresser les Français (qui ne demandent que ça, il faut bien l’avouer) dans le sens du poil, plutôt qu’à les guider sur le chemin difficile de la vertu et de l’effort.

Non, les Français ne respectent plus les juges, comme ils ne respectent plus grand monde, comme ils ne se respectent pas eux-mêmes, et, malheureusement, on ne peut pas vraiment leur donner tort.