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Guerre Russie- Ukraine : Conséquences économiques et financières.

, par  Charles Gave , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Apparemment, au moment où j’écris ces lignes, j’apprends que l’Europe et les USA vont geler les réserves de change russes en Euro et en dollars. Ceci est une déclaration de guerre économique qui devrait amener la Russie à ne plus exporter d’énergie vers l’Europe ou les USA, ce qui pourrait déclencher un krach mondial.

Commencer une guerre est chose facile et tous ceux qui se sont lancés dans cette aventure étaient persuadés que le conflit serait bref et qu’ils en sortiraient vainqueurs.

La réalité est souvent différente comme les exemples des conflits initiés par les USA depuis la chute du mur de Berlin le prouve.

Comme je savais que Poutine était un bon étudiant de l’Histoire avec un grand H, j’ai donc été surpris de le voir se lancer dans une aventure militaire dont l’issue lui serait fatale si elle venait à être un désastre pour la Russie.

Mais ce qui est fait est fait, et il faut maintenant intégrer ce nouvel élément dans les analyses que je suis amené à faire.

Mon but n’est pas de porter un jugement moral sur cette décision de Poutine, mais de comprendre les conséquences économiques et financières de cette décision sur les équilibres du monde.

Pour cela, il me faut faire en tout premier des hypothèses sur les buts que poursuit Poutine :

Hypothèse numéro un : Le but est de détruire le potentiel militaire de l’Ukraine par des frappes « ciblées » sur tout le territoire Ukrainien, pour, ce but atteint, se replier dans les zones contestées et dont il a reconnu l’indépendance. Dans ce cas, le conflit pourrait être de courte durée et les choses rentrer dans l’ordre assez vite.
Hypothèse numéro deux : Poutine est, et a toujours été, un partisan de la grande Russie qui inclut l’Ukraine et son but est l’annexion pure et simple du pays a la mère Patrie. Dans ce second cas, voilà une affaire qui risque de durer militairement, diplomatiquement, économiquement et financièrement.

Je tiens à dire ici que moins de 200000 hommes pour mettre en œuvre la deuxième hypothèse me semble tout à fait insuffisant, ce que semble confirmer que les troupes Russes ne donnent pas l’impression de vouloir conquérir les villes ni capturer le pouvoir Ukrainien.

Mais comme l’a montré Clausewitz, la « montée aux extrêmes » peut se produire assez vite sans que quiconque ne soit responsable, comme on l’a vu aux débuts de la première guerre mondiale, tous les combattants pensants qu’ils seraient dans leurs foyers pour Noël.

Ayant posé mes hypothèses, il me faut ensuite intégrer les sanctions qui vont être prises par le « camp du bien » contre la Russie et contre son gouvernement.

Apparemment, elles n’ont pas grand intérêt sauf une : interdire le système Swift de paiement aux banques Russes. C’est vouloir couper la Russie du commerce international, non pas tellement avec l’Asie et la Chine avec lesquelles des systèmes de paiement alternatifs ont été mis en place, mais certainement avec l’Europe, qui commerce beaucoup avec la Russie au contraire des USA. Ces sanctions feront donc une victime certaine, les économies européennes.

Ce qui m’amène à poser la question suivante : la Russie est-elle dans un état économique et financier qui lui permettra de résister sans trop souffrir aux sanctions dont elle va être l’objet ?

Regardons.

La Russie est à l’équilibre budgétaire, a des excédents conséquents de ses comptes courants, une dette extérieure et intérieure très faible, des taux d’intérêts réels sur les obligations à 10 ans supérieurs à 5 %, est excédentaire en énergie, en produits agricoles (blé en particulier) et en matières premières. Enfin la Russie a des réserves de change (15 % seulement en dollars US) qui couvrent littéralement deux ans d’importations, ce qui est gigantesque.

Pour résumer la réalité, le monde en général et l’Europe en particulier ont beaucoup plus besoin de la Russie que la Russie n’a besoin d’eux.

Pour utiliser une analogie historique, Madame Thatcher, avant de rentrer dans un conflit « à mort » avec le syndicat des mineurs en Grande-Bretagne avait commencé par accumuler des stocks de charbon immenses. Tout semble indiquer que monsieur Poutine a fait de même et qu’il s’est préparé à une guerre longue, et qu’il semble rentrer dans cette guerre mieux préparé que le furent le syndicat des mineurs et monsieur Scargill, son chef à l’époque.

Voyons comment ses adversaires se sont préparés ( faut-il dire ses ennemis ?)

Je n’ai pas d’informations spéciales sur l’Ukraine, qui, en dehors du blé et de l’armement léger, ne semble pas produire grand-chose.

La destruction des ports Ukrainiens entraînerait sans aucun doute une hausse considérable des prix du blé mondial, ce qui ferait bien l’affaire de la Russie.

Qui plus est, pour l’instant, une grande majorité du gaz Russe exporté, passe par l’Ukraine. Faire sauter les pipelines en Ukraine, c’est garantir la faillite du pays, le gouvernement encaissant des milliards de dollars en droits de passage.

Et l’Ukraine, pays mal géré et corrompu n’a pour ainsi dire aucune réserve de change, ce qui veut dire que si ses ports sont détruits et ses pipelines coupés, alors, il faudra que l’Europe et les USA paient la facture des subventions « humanitaires » aux populations locales, ce qui va enthousiasmer les peuples américains, français, allemands, Italiens etc… dont le niveau de vie sera en train de s’écrouler en raison de hausses des prix insensées dans l’énergie et la nourriture…

Venons-en à l’Europe et à l’Euro.

L’Europe est dans une situation impossible.

Les dettes étatiques y sont gigantesques, les déficits budgétaires incontrôlables si les taux d’intérêts retrouvent un niveau normal, les déficits extérieurs inévitables si les prix de l’énergie continuent à monter, les taux d’intérêts réels sur les obligations à 10 ans profondément négatifs.

La situation économique et financière de l’Europe est littéralement l’inverse de celle dont bénéficie la Russie, ce qui revient à dire que l’Europe est dans une situation désastreuse et ne devrait en aucun cas se lancer dans un conflit avec la Russie. Car, si la Russie coupe ses exportations de gaz et de pétrole, l’Europe immédiatement rentrera dans une très forte récession inflationniste, un peu comme la Grande-Bretagne en 1976-1977 et l’Euro disparaîtra devant la fureur des peuples, ce qui engendrera une autre crise.

Passons aux USA, et à l’inénarrable Biden, dont le fils fut l’un des bénéficiaires de la corruption Ukrainienne .

Ce sont les USA qui depuis des années insistent pour punir la Russie de son annexion de la Crimée. Il me semble que les nouvelles sanctions proposées par les USA contre la Banque Centrale Russe risquent de nous amener très vite à une pénurie de blé et d’énergie en Europe et dans le reste du monde. Difficile de payer les importations de Russie en Euro ou en dollar si les Russes ont leurs comptes en euro ou en dollar bloqués.

Voilà qui pourrait aider les producteurs américains.

Mais les Etats-Unis n’ont aucune capacité de production excédentaire pour combler les trous, ni en matières premières agricoles, ni en gaz, ni en pétrole, ni en matières premières industrielles.

La politique américaine de sanctions contre la Russie risque donc de déclencher une énorme récession en Europe, et ils ne pourront rien faire pour nous aider.

Ce qui revient à dire que les gouvernements américains sont prêts à se battre jusqu’au dernier européen, mais pas au-delà.

Dès que l’inflation dépassera 10 % aux USA, on les verra revenir à la table de négociation avec la Russie mais entre ce moment et maintenant, une grosse partie du potentiel industriel européen aura disparu.

Peut-être sera-t-il alors racheté à bon compte par les entreprises américaines à qui ces entreprises européennes faisaient concurrence ?

Ou plus probablement par des entreprises chinoises.

Gageons que les prochains élus en Europe voudront sortir de l’OTAN, la protection militaire américaine coutant vraiment très chère.

Et le reste du monde ?

Deux conclusions s’imposent

La construction d’une zone monétaire chinoise en Yuan apparaît comme de plus en plus justifiée compte tenu des abus de droit dont se rendent coupables les américains. La réserve de valeur sûre est donc maintenant une obligation chinoise a 10 ans, le Bund et le T Bond n’étant plus sûrs juridiquement (risque de confiscation).
L’or, quant à lui, n’a pas besoin d’être déposé dans une autre banque centrale où il pourrait être volé par les USA en application du droit américain. Le plus simple est pour chaque banque centrale de garder son or dans ses propres caves , ce qui implique que l’or est lentement mais sûrement en train de se monétiser.

En conclusion, je voudrais rappeler trois réalités aux lecteurs

La phrase de Charles de Gaulle : ‘’ l’épée est l’axe de l’Histoire », ce que Poutine vient de rappeler aux nations européennes. Le temps des avocats est fini, le temps de l’épée est de retour.
La phrase de Raymond Aron sur Giscard d’Estaing : ‘’ il ne sait pas que l’Histoire est tragique « . Toutes les constructions supranationales à Bruxelles trouvaient leur source dans une idée farfelue ou une autre de Giscard. Poutine vient de donner un coup mortel à toutes ces billevesées. Bruxelles est un non -être.
Une autre phrase de de Gaulle sur la Nation Russe : « la Russie absorbera le communisme comme le papier buvard l’encre ». La Nation est une réalité.

Voir en ligne : https://institutdeslibertes.org/gue...