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General Electric, victime collatérale des énergies renouvelables

, par  Michel Negynas , popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Michel Negynas.

General Electric est une icône du rêve américain ; elle a créé, perfectionné, ou industrialisé tout ce qu’on peut trouver de haute technologie aujourd’hui. C’était le résultat d’une lignée de grands capitaines d’industrie : Charles Coffin, Reginald Jones, Jack Welsh à ses débuts… C’était une gestion rigoureuse et même terrible pour les salariés les moins brillants, assortie d’un flair pour l’innovation vraie. Bref, une alliance réussie entre le monde des ingénieurs et celui du management.

Mais General Electric est en faillite ! Que s’est il donc passé ?

General Electric est entré dans le rang des grandes multinationales perdant le sens de leur histoire, via des chefs abandonnant leurs propres repères. En fait, la réussite de Welsh, sacré meilleur manager de tous les temps, était un trompe l’œil : moins d’innovation endogène, acquisitions à marche forcée dans des secteurs divers, dont, évidemment, le miroir aux alouettes du numérique, et le green business.

GE était surnommé « Green Electric » en 2015 avec son programme de croissance verte Ecomagination.

On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre

Le management pragmatique était abandonné au profit du département financier qui générait les profits. Dans la ronde infernale des achats et des ventes, GE a battu un record : Immelt, le successeur de Welsh, affirmait fièrement qu’il avait acheté ou vendu pour 100 milliards de dollars. En réalité, si certains deals étaient gagnants, d’autres furent catastrophiques. Les crises (11 septembre, subprimes, fluctuations du baril) sont passées par là. Les dettes devinrent abyssales.

Pourtant, General Electric est toujours le leader des moteurs d’avion, des turbines à vapeur et à gaz, ses scanners et IRM sont toujours à la pointe…

Mais les déboires financiers ont affolé les investisseurs. En un an, GE a détruit 120 milliards de capital. La question est maintenant si la survie des vraies activités passe par un éclatement du groupe. En attendant, il faut « fermer ou vendre », comme disait Welsh, et cela, quelque soit la rationalité.

On arrive alors à une situation bizarre, et c’est là que les Énergies Renouvelables entrent en scène.

Les aléas de la transition énergétique

Parmi les deals gagnants de GE, il y a les éoliennes d’ENRON. GE les a achetées pour 350 millions alors qu’ENRON était en faillite, et elles ont généré 10 milliards de revenus en 2017, aux frais du consommateur et du contribuable !

Parmi les deals perdants, il y a Alstom, acheté pour 10 milliards, et en particulier la division turbines à gaz. Voici pourquoi.

On pourrait penser que la volonté de baisser nos émissions de CO2 est favorable aux turbines à gaz : le gaz en lui-même émet moins que le charbon, certains types de turbines ont un rendement de 60 %, et elles seules peuvent secourir les fluctuations à court terme des éoliennes et du solaire. Mais tout n’est pas si simple. Le prix du KWh gaz est très élevé avec ce genre d’unités.

Il faut un taux d’énergies renouvelables très important, comme en Allemagne, pour que le recours aux turbines à gaz soit nécessaire. Et les possesseurs de centrales à charbon réussissent à augmenter aussi leur flexibilité. En outre, l’Allemagne et le Danemark, en Europe, « diluent » ces problèmes de fluctuation sur leurs voisins qui ne sont pas encore équipés d’ENR au même niveau.

Aux États-Unis, la conversion au gaz se fait souvent en transformant des chaudières à charbon. Et partout dans le monde on a besoin de très grosses centrales de base : c’est le charbon qui gagne. Les centrales à gaz sont trop petites, trop chères.

Le résultat est que si dans un avenir lointain les turbines à gaz ont leur place, pour l’instant, le marché dégringole. En Europe, on en a même arrêté pas mal : elles ne sont plus rentables avec des prix de marchés de l’électricité maintenus artificiellement à la baisse par les subventions aux ENR et leur obligation d’achat par les réseaux. En 2015 déjà, on pouvait lire sur L’Usine Nouvelle : « Il y a 125 000 MW de centrales à gaz en Europe, précise Fabien Roques, le directeur de l’IHS Cera, un cabinet d’analyses spécialisé dans l’industrie et l’énergie. Parmi celles-ci, 110 000 MW ne couvrent pas leurs coûts d’investissements. Nous estimons le déclassement probable de 25 000 MW dans les années à venir. »

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(Source )

La situation est identique dans tous les pays subventionnant les ENR, et pour tous les fabricants. Tous ont des stocks de turbines invendues. Siemens et Mitsubishi sont à la même enseigne. Mais ils s’en sortiront. Ce n’est pas le cas d’un GE aux abois.

GE va simplifier ses activités, privilégier l’aviation, et couper là où c’est le moins bon, les business pourris qui entraînent les bons avec eux : comme par exemple les turbines à gaz.

Pour l’instant, les ENR ont donc tué les turbines à gaz. La déconfiture de GE a bien d’autres causes, et date de plus longtemps. Mais sa conversion au « Green » pourrait bien lui porter le coup de grâce.

GE est punie par où elle a péché.

Si on lit les rapports, entre l’ADEME, le ministère de l’Écologie, ou Natixis, on ne sait plus très bien combien la transition énergétique va rapporter d’emplois : 100 000 ? 900 000 ? Voire 18 millions ? Ou zéro ? Mais on est déjà certains qu’elle en fera perdre 1000 à Belfort.

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