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GITANOS en ALGER

, par  lesamisdegg , popularité : 5%
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Un ou deux gosses cramponnés à sa jupe, un autre dans les bras et un, que l’on devine sans pour cela être grand clerc, la femme déambule lentement, lourdement. Elle est curieusement vêtue. Pauvre corsage, sous un châle élimé, jupe courte et de couleur déteinte que complète un tablier vétusté, comme’ le reste. Pieds nus dans des savates usées à tous les trottoirs. La tête brune expose au soleil une chevelure noire, épaisse et reluisante d’une brillantine commune, que coupe en deux une raie imprécise et termine un chignon lourd, près de se dénouer, malgré le gros peigne de celluloïd. Ou bien, ce sont deux nattes nouées, au bout, de cordons rouges, bleus, jaunes…

En plus de sa nichée, la gitane est nantie d’un lourd panier, où s’entassent au hasard des coupons de dentelles, de rubans, des lacets, de ces menus riens de mercerie, mercerie, l’ensemble fait un misérable étalage, capable, croirait-on, de tenter seulement les pauvres. Mais, parmi ces dentelles se trouvent, par hasard, des pièces plus fines, plus curieuses, que l’ensemble. Il arrive, que de belles dames oisives s’amusent à trier, d’une jolie main blanche, ce fouillis, où tant de mauresques, déjà, ont plongés des doigts moins racés.

Bien souvent, elles sont deux ou trois, les gitanes, suivant la rue, avec leur escorte de marmaille sale, mal peignée, rarement mouchée. Elles bavardent en un langage rappelant l’espagnol, mais plus guttural, bien, en rapport avec leur exotisme.

Des hommes, parfois, grands, minces, osseux, sordidement habillés, la mine farouche, la tignasse également noire et la peau pareillement sombre, se groupent avec les femmes à peau brune et à cheveux graisseux.

L’ensemble fait halte à quelque carrefour populeux. Les Gitanos, dont la paresse ne cherche pas à sa dissimuler, s’assoient sur la marche d’un corridor, avec les enfants. Et les femmes, faites pour le travail, dans ce milieu à conceptions spéciales, s’en vont offrir aux passants leur modeste assortiment, dont Arabes et Juifs discutent âprement les prix.

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Mais, à travers la ville, çà et là, où s’affairent les gens, où se promènent les oisifs, aussi, une gitane, dans le même décor de moutards et de panier-bazar, s’approche d’un couple, que sa longue pratique des « clients » lui fait deviner susceptible d’écouter. Couple jeune, à dessein choisi, un peu timide, apitoyé par cette pauvresse et sa lamentable suite, séduit, enfin, par la formule rituelle d’entrée en matière.

— Jolie madame, tu veux la bonne aventure ?… Fais voir ta main…

Elle la prend, cette main frêle de jeune épousée et la retient doucement, quand elle veut s’échapper.

— Jolie madame, écoute… Je vois du bonheur… de l’argent… des beaux petits… Je vois un homme méchant… Il est brun… il voulait te faire du mal… mais un jeune homme blond…

Evidemment, le compagnon de la dame est blond. Il sourit de la naïveté de l’horoscope et regarde gentiment, sa petite épouse. Celle-ci, tout heureuse, au fond, de ces promesses — sait-on jamais ? — reprend sa main et, dans celle que la pythonisse de trottoir ouvre largement, elle dépose une pièce, dont l’importance est, le plus souvent, discutée.

Les hommes sont abordés, quelquefois, aussi, mais eux ne s’arrêtent pas. Ils donnent, s’ils ont bon cœur, leur obole et passent leur chemin. L’homme n’attend pas qu’on lui prédise son avenir. Son souci de chaque jour est de le préparer lui-même. Il n’interrompt sa course, que si la faiseuse d’oracles présente — chose rare — un de ces types de beauté sauvage, étrange, qui évoque à ses yeux les pays à curieuses légendes, pays lointains et mystérieux, pays toujours un peu troublants — comme ces hommes et ces femmes, qui vivent parmi les autres, mais à part, selon leurs traditions et leurs mœurs, sans jamais fusionner.

Jean de NODES 1937

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