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Franck ABED dans Le Bien Commun

, par  Franck ABED , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Quel est votre parcours ?

Je suis né en 1981 à Paris, dans une famille aux origines sociales modestes. Je dois à mon père l’amour du pays, de l’histoire et le virus de la lecture. Ma mère m’a légué le catholicisme et l’idée que la France ne se réduit pas à l’hexagone. Très vite, j’ai compris que l’Eglise et la Royauté sont consubstantielles à la France. Dès l’adolescence, les débats politiques télévisés et les émissions historiques ont captivé mon attention. Après une scolarité fort banale en banlieue parisienne sur les bancs de l’école républicaine, je découvre l’Université dans toute sa splendeur…

Mes domaines de prédilection sont la philosophie politique, l’histoire, l’histoire des idées politiques à travers les âges, ainsi que la théologie. J’ai réalisé plus de trois cents entretiens écrits et deux cents vidéos-entretiens avec des personnalités très diverses : écrivains, économistes, professeurs, politiques, acteurs du monde associatif, philosophes, etc. Après avoir pendant tant d’années donné la parole, j’ai décidé de diffuser mes propres idées par des articles, des livres et des conférences. Vous pouvez retrouver une partie de mes travaux dans mon site internet : www.franckabed.com .

Êtes-vous nationaliste ?

Je suis catholique romain et royaliste. Le nationalisme m’est en réalité très étranger. Il se fonde sur des erreurs doctrinales majeures. Tous les états contemporains ou presque se soumettent à ces trois religions séculières que constituent les idéologies suivantes : libéralisme, socialisme, nationalisme. Elles découlent de la modernité philosophique. En effet, elles prônent chacune à leur manière l’avènement d’une cité d’hommes tournés et centrés exclusivement sur eux ou l’Etat. Ces systèmes réduisent la religion à une variable d’ajustement, et la bannissent complètement de la vie publique en la reléguant à la seule sphère privée.

Avant tout, je m’oppose à l’idée que « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation ». Je combats également la thèse expliquant que « tous les pouvoirs émanent de la nation ». Le nationalisme déifie la nation. Or, ce postulat contredit le catholicisme qui refuse idolâtrie et idoles. De plus, dans l’ordre social et culturel, le nationalisme, par sa volonté d’unitarisme et son centralisme organisateur, combat les minorités et les identités provinciales, considérées comme des facteurs de divisions.

En quoi pensez-vous que le nationalisme est un échec ?

Une étude intellectuelle loyale et sérieuse délivre de tout subjectivisme. Ce n’est pas moi qui définis le nationalisme comme un échec. C’est l’histoire qui témoigne. Il suffit d’étudier l’histoire sans romantisme, en écartant tout biais idéologique, pour voir que le nationalisme conduit inévitablement dans le mur. Au demeurant, le nationalisme aurait bien pu réussir (encore faut-il s’entendre sur cette notion de réussite !), qu’il n’en resterait pas moins une idéologie reposant sur des principes mauvais. L’expérience des siècles nous montre que la révolution nationaliste conduit toujours à l’expansion (France révolutionnaire, Allemagne nationale-socialiste, Italie fasciste) et aux guerres de conquêtes. Elle finit en général par la défaite militaire et l’envahissement du territoire par des forces étrangères. Que ce soit en France ou en Europe, il n’y a guère de comparaison possible entre la réussite des monarchies et l’échec du nationalisme sous ses différentes formes.

L’Union Sacrée, une erreur ?

Il ne faut pas se voiler la face ni se raconter d’histoires : en prônant l’Union Sacrée et le compromis nationaliste, le maître de Martigues a envoyé à la mort plus de catholiques que Robespierre. Je connais les explications des maurrassiens : l’Action française défendait avant tout la patrie charnelle… L’histoire nous livre des enseignements factuels, parfois bien douloureux. La pertinence d’une idée, d’une action, doit se mesurer dans le temps long. Que nous indiquent les faits historiques objectifs ? La République survécut et sortit gagnante du conflit ; la jeunesse française fut décimée ; la noblesse, ou ce qu’il en restait, ruinée. Une fois la guerre terminée, les républicains recommencèrent à combattre durement les catholiques, les royalistes, et toutes les personnes se réclamant du camp français. Nos aînés dans le combat politique, indépendamment de leur héroïsme admirable et des sacrifices consentis dans les tranchées, furent les dindons de la farce.

Qu’auraient dû faire les catholiques ?

Je n’aime guère l’histoire-fiction. Cependant, en 1914 tout le monde connaissait le précédent de 1793. Lorsque les armées coalisées entrèrent en France, les royalistes et les catholiques n’ont pas couru aux frontières pour défendre la « Patrie en danger ». Au contraire : ils refusèrent la levée en masse et prirent les armes pour ne pas collaborer avec la République. Ils savaient que la France survivrait à la défaite et à la mort de la République. L’adage est connu : «  L’histoire nous apprend une seule leçon : les leçons de l’histoire ne sont jamais retenues. » Aujourd’hui encore, nous sommes poussés à jouer les supplétifs de la République pour apporter notre soutien à ses sombres besognes. Ne tombons pas dans ce piège grossier qui semble malheureusement avoir déjà séduit bien des nationaux comme l’atteste la « Convention de la Droite ».

Comment parler aux gens d’aujourd’hui ?

Il faudrait déjà commencer par adopter l’attitude qui convient pour discuter. Cela signifie abandonner la culture du ghetto à laquelle beaucoup se cramponnent. De plus, il est absurde et vain de vouloir rallier des compatriotes à notre cause en étant méprisants, haineux et pleins de suffisance. Être charitable, cordial et gentil ne signifie pas accepter les idées d’autrui. Nombreux sont les Français à être endormis, manipulés, écœurés et désespérés de la politique. A nous d’être patients et pédagogues, tenant ferme le cap mais bons, comme nos rois, afin qu’ils rallient la bannière fleurdelisée.

Je le dis sans détour : notre société est malade et littéralement en voie de destruction. On ne la changera pas en publiant des milliers de messages sur les réseaux sociaux, en construisant un monde idéal sur le parvis de l’Eglise le dimanche matin, ou en débattant de Jeanne d’Arc, de Fatima, de la division Charlemagne et de Vatican II la bière à la main dans des troquets. Il faut être avec les Français et sortir de cette logique désastreuse de l’entre-soi régnant actuellement dans les milieux dits de droite.

Propos recueillis le 10 octobre 2019

Voir en ligne : https://franckabed.com/2019/11/06/f...