Que ne ferait-on pas pour conserver son rond de serviette sur les plateaux Télé, hein, Élisabeth ?

C’était à l’Heure des Pros, sur CNews, ce lundi. La grande question du moment était de savoir si oui ou non, le ministricule Darmanin avait eu raison de faire, chiffres du ministère de l’Intérieur à l’appui, un lien entre délinquance et immigration. 55% des crimes et délits commis à Marseille par des étrangers (dont une bonne partie en situation illégale), 48% à Paris, 37% à Lyon… Des étrangers qui constitueraient 7,4% de la population (admirez la précision des chiffres, du pur bidonnage) mais seraient les acteurs de 19% des « faits divers » -et on ne compte pas les « Français » nés en France de parents « étrangers » ou naturalisés..

Et tous les protagonistes du plateau de CNews d’y aller de leur commentaire (ils sont là pour cela), les droitiers applaudissant à la reconnaissance par le ministre d’une réalité que le quidam le moins averti constatait depuis des lustres, les gauchers, mal à l’aise dès que l’on touche au régalien, ne trouvant que le pauvre argument qu’on ne pouvait pas mettre le signe = entre immigration et délinquance sans être un suppôt de l’extrême-drouaaate. La routine, donc, une discussion sans fin sur le sexe des anges pendant que Byzance agonise.

Et puis fut invité à s’exprimer, en vidéo, Gilbert Collard, président d’honneur de Reconquête, le parti du sulfureux Zemmour. En avocat qui a usé un nombre considérable de robes dans tous les tribunaux de France et de Navarre, Collard commence son intervention par le préliminaire obligatoire exigé par la bienpensance et le CSA réunis, « tous les immigrés ne sont pas des délinquants (variante de « la grande majorité des musulmans ne sont pas des islamistes, et, d’ailleurs, les islamistes sont-ils vraiment des musulmans, on peut en douter… ») », et poursuit, manifestement pour balancer sa phrase, ce qui est un effet de rhétorique commun aux prétoires, « mais beaucoup d’immigrés sont des délinquants, voilà la réalité ». Une réalité qui, si le ministre de l’Intérieur ne se contentait pas comme d’habitude de discourir, devrait le conduire à rendre la France un peu moins perméable aux intrusions allogènes.

Et c’est là que la pasionaria des plateaux télé, la rebellocrate, la mutine de Panurge chère au regretté Philippe Muray, donna toute la mesure de son courage et de son indépendance d’esprit. « Gilbert Collard – tonna-t-elle, digne procureur de la pensée juste -, je voudrais vous corriger sur un point. Évidemment tous les immigrés et tous les descendants d’immigrés ne sont pas délinquants, il n’y a pas une grande partie des immigrants qui soit délinquante, mais il y a beaucoup de délinquants qui sont immigrés ou d’origine immigrée récente ». Traduction en Français politiquement correct : Mr Collard, vos propos fleurent le caniveau fasciste, vous pratiquez un amalgame inadmissible entre migrants et délinquants, c’est insupportable, votre but, on l’a bien compris, est de stigmatiser les musulmans dont la plupart ne souhaitent qu’une chose, vivre tranquillement leur foi dans une France qui serait enfin apaisée et fraternelle s’il n’y avait plus de gens comme vous.

Sacrée Élisabeth, éternelle grande gueule, mais prenant soin de ne jamais sortir des clous, que voulez-vous, il faut bien vivre. Tiens, pendant qu’on y est, chère Élisabeth, pourquoi les musulmans, dans leur immense majorité (c’est le terme convenu), n’aspireraient-ils qu’à vivre tranquillement en France, comme les Français, et, dans le secret des urnes, alors qu’ils peuvent exprimer exactement ce qu’ils veulent, à l’abri de la pression communautaire, votent-ils comme un seul homme pour LFI, le parti qui prospère sur l’idée que justement les musulmans restent avant tout des arabes, algériens, marocains, tunisiens, et qu’ils ne seront jamais des Français comme les autres ? Pourquoi ne votent-ils pas, pour les uns à droite, pour d’autres au centre, comme les autres « Français », et pas seulement pour la gauche islamo, hein, répondez, Élisabeth ?