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Élections régionales : 5 enseignements sur les résultats du premier tour

, par  Frédéric Mas , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Frédéric Mas.

Situation exceptionnelle après ce premier tour : il n’y a aucun représentant du parti majoritaire national gagnant en régions. La Macronie subit une sévère défaite mais sans pour autant favoriser son rival favori le rassemblement national.

Élections régionales : le triomphe de l’abstention

Certains prophétisaient que l’avènement de LREM en 2017 marquait le début d’un renouveau démocratique. Il s’agissait en réalité de la fin d’un processus de décomposition. Ces élections locales et l’abstention record démontrent une chose : tout reste à construire. #ObjectifFrance

— Rafik Smati (@RafikSmati) June 20, 2021

Avec un taux de 66%, l’abstention au premier tour des élections régionales est record. En 2010, elle avait atteint 53, 67%, et en 2015 50,1%. Ajoutons qu’en 2020, lors des élections municipales, le taux d’abstention avait été de 54,5%, soit un électeur sur deux. Les circonstances de la crise sanitaire pouvaient expliquer le désintérêt des électeurs pour les élections locales à ce moment-là, mais pas pour les régionales.

Selon un sondage IFop-Fiducial pour TF1 en date du 20 juin 2021, 76% des personnes interrogées se sont désintéressées de la campagne des régionales contre 59% en 2015. 40% d’entre elles motivaient leur abstention par le fait que ces élections ne changeaient rien de leur vie personnelle, et 35% à la vie de leur région.

Plus inquiétant, c’est plus de 83% des 25/35 ans qui n’ont pas voté. La comm’ de l’Elysée avec Carlito et McFly n’a donc pas vraiment porté ses fruits.

Une défaite pour LREM et le RN

Les régionales n’ont pas été la répétition générale de l’élection présidentielle comme le prévoyaient les éditorialistes et les commentateurs. Le parti présidentiel n’obtient aucune région, et ses ténors, à l’instar du garde des Sceaux E. Dupond-Moretti, se font sévèrement retoquer.

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FLASH – La liste #LREM de Laurent #Pietraszewski et les 4 ministres (Darmanin, Dupond-Moretti, Griset et Pannier-Runacher) qui se présentent avec lui dans les Hauts-de-France n’ont pas franchi le seuil des 10% pour se maintenir au second tour des élections régionales. (Figaro)

— Mediavenir (@Mediavenir) June 20, 2021

La campagne d’Emmanuel Macron en France n’a visiblement pas suffi à retisser le lien indispensable entre la tête de l’Etat et ses administrés. On se souvient que le déplacement du président de la République a été marqué par la gifle qu’il a reçu lors d’un de ses déplacements dans la Drôme.

L’absence d’exécutifs en régions alignés sur celui national promet d’accroître l’isolement élyséen. Le pouvoir central ne pourra pas compter sur les échelons régionaux pour reconnecter avec les populations au moment de la présidentielle et devra entreprendre la poursuite de l’action publique sans lien politique direct avec les pouvoirs locaux.

Le Rassemblement national est en net recul par rapport à 2015.

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#regionales2021 Pour bien matérialiser le bide réalisé par le RN.

– Hauts de France : 40% en 2015, 24,5% en 2021

– Paca : 40,5% en 2015, 34 en 2021

– Grand Est : 36% en 2015, 20% en 2021

– Aura : 25,5% en 2015, 12,5% en 2021

— Lucas Jakubowicz (@lucas_jaku) June 20, 2021

Une seule région pourrait tomber dans l’escarcelle du Rassemblement national, à savoir la Provence Alpes Cote d’Azur. Et encore, rien n’est gagné. Thierry Mariani (RN) est au coude à coude avec Renaud Muselier (LR). Le candidat du rassemblement national arrive en tête avec 36,38%, le candidat des Républicains le suit avec 31,91%.

Jean-Laurent Felizia qui représentait la gauche n’a quant à lui obtenu que 16,89%. Seulement, son désistement va s’avérer décisif pour barrer la route au RN et laisser la place à Renaud Muselier. Déjà la tension monte, et Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, a déclaré sur FranceInfo que la formation écologiste ne soutiendrait plus le candidat si elle ne se retirait pas.

Le candidat écologiste ne se retire pas en région PACA malgré la menace du RN. Il y a une semaine, ses amis manifestaient contre le danger de l’extrême droite. Tout cela est très cohérent. #regionales2021

— Olivier Truchot (@Olivier_Truchot) June 20, 2021

Régulièrement, l’abstention bénéficie au Rassemblement national. Ça n’a pas été le cas ici. Faut-il voir ici un phénomène d’usure lié au statut de nouveau parti majoritaire de la formation d’extrême-droite ? En effet, le parti de Marine Le Pen domine dans les élections et les sondages depuis quelques années, ce qui le notabilise et lui retire l’attrait « révoltiste » qu’une partie de son électorat lui trouve. En d’autres termes, le « dégagisme » est peut-être en train de toucher le RN comme autres formations politiques plus traditionnelles.

La droite en tête du premier tour des régionales

L’un des enseignements de ce premier tour des régionales, c’est que la « primaire » à droite pour la présidentielle a commencé et qu’elle pourrait opposer les présidents des trois premières régions françaises (en population) : Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand.

— Alexis Karklins-Marchay

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(@alexiskarklins) June 20, 2021

La droite LR et alliés arrive largement en tête du scrutin au premier tour. Ceci confirme la stratégie localiste de Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, qui trouvent dans ce scrutin une stature autant locale que nationale. Alors que la droite se cherche un leader, le discours tenu sur l’éloignement entre le pouvoir central et les collectivités locales parle aux électeurs et pourrait orienter les prochaines plateformes politiques pour la présidentielle.

La dépolitisation de l’échelon local

Le désintérêt pour les élections pose une nouvelle fois la question de la surpolitisation du pays. La France a-t-elle besoin d’autant d’échelons politiques pour être gouvernée ? Qui aujourd’hui sait connait les prérogatives des régions et des départements ? En 2019, les dépenses des régions s’élevaient à 32 milliards d’Euros. La dépolitisation de cet échelon entraîne donc également une crise du contrôle des dépenses locales.

Élections régionales : la crise de la démocratie locale

Rappel : avec 68% d’abstention, un candidat qui obtient 30% des suffrages exprimés n’est choisi en réalité que par 8% environ des inscrits. Autrement dit les futurs gagnants ne sont pas le premier choix de 92% des électeurs. Voilà.

— Olivier Babeau (@OlivierBabeau) June 20, 2021

Qu’est-ce qui est en train de tuer la démocratie locale ? Il y a deux pistes à évoquer : la première, c’est l’extrême centralisation de l’Etat français qui rend les échelons locaux de moins en moins attractifs pour les citoyens. Si toutes les décisions principales se font hors de leur portée, alors l’implication civique se fait moindre.

Pour certains experts comme Claudy Lebreton et Olivier Rouquan, c’est un signal pour réformer l’Etat et lui imprimer une dimension régionale nouvelle : « le défi démocratique doit justifier la réorganisation territoriale : le cadre fédéral est ainsi le plus approprié pour stimuler un regain participatif. »

La seconde piste à explorer pour expliquer la défaite de la démocratie locale porte moins sur les institutions que sur l’offre politique : l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 a provoqué l’explosion du paysage politique français. Domine depuis sur la scène nationale le duopole LREM/RN, atomisant au passage la gauche et la droite traditionnelles.

En polarisant le débat public, les formations politiques françaises n’offrent plus aucune alternative au populisme et au dirigisme technocratique macronien, c’est-à-dire à deux formes autoritaires en politique et socialistes en économie. Qui aujourd’hui pour défendre les libertés locales chères à Tocqueville ?

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