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Du RPR à LR, ou l’histoire d’une chute …. (I)

, par  vanneste , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

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Pour avoir rejoint le RPR dans ses débuts, et avoir été ensuite l’un de ses élus au plans local et national durant trente ans, j’observe aujourd’hui avec effarement le naufrage de ce beau navire dont les structures ont été continuellement ravagées par l’arrivisme et le carriérisme, les calculs et les manoeuvres remplaçant les convictions et les engagements. La politique n’est certes pas une activité d’enfant de choeur. Les stratégies déployées, les tactiques employées comprennent leur part de stratagème et de mensonge, de rouerie et de duplicité. Le tout est de savoir si ces ombres sont nécessaires à l’intérêt général ou à ce que les chrétiens appellent le bien commun. La politique est l’art de conduire les affaires de la Cité, et de la servir en les conduisant le mieux possible, ce n’est pas de se servir d’elle pour ses « propres » affaires lesquelles sont souvent assez sales. Le RPR se voulait gaulliste. On peut penser que l’austérité et l’intégrité du général de Gaulle ne peuvent être mises en cause : aucun enrichissement personnel et même un refus de percevoir des revenus parfaitement légitimes. Pas davantage de privilèges pour les siens. Cette rectitude personnelle n’était pas kantienne : en politique, le général n’obéissait nullement à l’impératif catégorique du respect d’une loi universelle. En bon stratège, ses impératifs étaient tous hypothétiques, soumis à un objectif : l’indépendance et la grandeur de la France. Pour l’atteindre, les moyens étaient estimés en fonction de leur efficacité, et autrui pouvait être plus un moyen qu’une fin, contrairement à l’idéal kantien.

C’est le fondement du machiavélisme qui veut que la fin justifie les moyens. Cette conception était tempérée chez de Gaulle par sa foi chrétienne et par un réalisme politique qui l’amenait à se soumettre à l’esprit du temps. Lorsqu’il prononce son troisième appel, celui du 22 Juin 1940, il motive la résistance d’abord par le bon sens selon lequel la puissance est, contrairement à l’apparence, du côté des adversaires de l’Allemagne nazie, ensuite par la nécessité de servir l’intérêt supérieur de la patrie, son impératif hypothétique suprême, enfin par l’honneur, pour le coup une notion morale plus que politique. Sur ce troisième point, on peut penser que l’officier supérieur catholique répond à l’éthique qui a accompagné toute son éducation et sa formation. On peut aussi supposer qu’il y avait chez l’homme du 18 Juin, l’idée que dans un monde où la communication est de plus en plus importante, l’image est essentielle. Il en va ainsi des hommes, et on se souvient du rôle primordial que de Gaulle donnait au prestige, mais il en va de même pour les pays : leur image doit rayonner. D’où son attachement à faire de la France Libre, la seule France, celle de la Résistance, et à transformer son histoire en épopée. C’est le même réalisme qui lui faisait considérer la souveraineté populaire comme la seule source de légitimité convenable à notre époque, au travers des référendums et de l’élection du Président de la République au suffrage universel. Un autre contexte historique aurait pu faire de lui le connétable dévoué et ombrageux d’un roi de droit divin.

L’aspect le plus douloureux de cette conception politique réside dans la politique algérienne du Général : hissé au pouvoir par les partisans de l’Algérie française, il abandonna cette perspective, et fut même d’une rare dureté envers ceux qui en étaient partisans, y compris le million de Pieds-Noirs qui l’avaient accueilli en sauveur en 1958, et le haïrent ensuite avec le sentiment justifié d’avoir été trahis. La formule « je vous ai compris » est restée dans les mémoires comme le comble de la duplicité politique. Pour autant, de Gaulle était convaincu que la France ne pouvait retrouver indépendance et grandeur qu’en sortant des guerres coloniales qui freinaient son développement et ruinaient son image dans le monde. 13 ans plus tard, le Portugal juste après Salazar devait s’y résoudre lui aussi. Ce n’est certes pas la page la plus glorieuse du gaullisme, mais rétrospectivement elle paraît avoir été nécessaire, dans sa finalité plus que dans ses modalités. La France connut une croissance considérable et bénéficia d’une image largement positive dans le monde… jusqu’en 1968 et même après, mais avec un déclin économique et une perte de prestige qui de palier en palier l’ont fait choir où elle en est aujourd’hui : un pays qui ne se souvient plus d’un budget équilibré, qui recule inexorablement dans les classements mondiaux, et compte de moins en moins sur la scène internationale parce qu’il a perdu les moyens de sa puissance et de son indépendance.

Le RPR était un parti gaulliste qui se voulait, face au centre et à la gauche, le mouvement qui allait remettre la France sur la voie tracée par le général de Gaulle, celle d’une nation forte et respectée. Parmi les figures qui l’animaient, il y avait encore beaucoup de ces gens qui adhéraient à cette conception nationaliste de la politique française suivant laquelle l’intérêt supérieur du pays vient en premier, et implique que les moyens doivent être dirigés vers cet objectif. Mais peu à peu d’autres sont arrivés, qui ont conservé cette idée que la fin justifie les moyens, tout en considérant que la fin, le but de la politique, c’était le pouvoir, leur pouvoir, et rien d’autre. C’est toute l’histoire qui va du RPR à LR….

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