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Djihadistes « français », allez vous faire pendre ailleurs !

, par  NEMO , popularité : 4%
NJ-Ile de France

La justice irakienne a condamné à la pendaison quatre djihadistes « français », et la France qui pense juste et bien est en ébullition : il faut à tout prix arracher nos compatriotes aux griffes de ces obscurantistes irakiens, dût-on envoyer nos commandos d’élite au casse-pipe pour les récupérer. Les principes avant tout !

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Je vais essayer de ne pas m’énerver, et pour cela, m’en tenir au Droit français, qui est bien plus sage qu’on ne croit – à condition de l’appliquer tel qu’il est, et pas tel que certains voudraient qu’il soit.

Personne ne peut l’ignorer, tant on nous le ressasse, la France est entrée dans la lumière le 9 octobre 1981, jour de l’abolition de la peine de mort – c’est d’ailleurs à peu près tout ce qui reste des 14 ans de règne de François Mitterrand -. Depuis lors, en France, le pire des salopards échappe à la guillotine, en principe contre pas mal d’années de prison, mais avec la quasi-certitude de redevenir libre un jour (les familles des victimes apprécient). Je précise que si ce salopard n’est pas français, mais qu’il est jugé en France, c’est le droit français qui s’applique, et non le droit du pays d’origine, qu’il soit plus clément ou plus sévère.
J’ajoute que dans le cas où les crimes ont été commis dans le pays d’origine de l’étranger, et qu’il existe un accord d’extradition entre la France et le pays d’origine, la France s’assure alors, avant de remettre le criminel à son pays, que ce dernier ne lui appliquera pas la peine de mort. Sinon, elle le garde à sa discrétion (résidence surveillée, libération sous condition – voir l’affaire Cesare Battisti).

En ce qui concerne nos djihadistes français, il ne peut échapper à personne qu’ils ont commis leurs crimes (plutôt abominables et impitoyables, si l’on en croit les témoignages) en Syrie ou en Irak. S’ils avaient réussi à s’échapper, et qu’ils aient été arrêtés en France, c’est en France qu’ils auraient été jugés, au nom de deux principes de droit intangibles : un pays n’extrade pas ses nationaux, mais il peut les juger pour des crimes commis à l’étranger, au nom de l’extra-territorialité. J’ajoute un petit détail qui a son importance : pour les juger en France, encore faut-il réunir les preuves de ces crimes, ce qui, en l’occurrence, n’est pas une mince affaire, faites confiance à leurs avocats.

Ces mêmes principes s’appliquant dans tous les pays disposant d’une institution judiciaire fiable, et celle d’Irak est considéré comme telle, les crimes commis en Irak, qu’ils le soient par des nationaux ou des étrangers sont justiciables du même droit. La peine de mort existe en Irak. Nos djihadistes qui ne semblaient pas particulièrement troublés quand ils l’infligeaient aux autres ne devraient pas être choqués qu’on leur retourne la politesse.

Quant aux obligations de la France, et contrairement à ce que nous assènent les belles âmes, elles ne sont pas de « récupérer » le criminel français jugé à l’étranger sous prétexte que la peine encourue serait moins lourde chez nous, mais de s’assurer que les droits du ressortissant français sont respectés, et qu’il est correctement traité. L’abolition de la peine de mort en France n’engage que la justice française, et nous n’avons aucune leçon à donner aux pays qui en jugeraient autrement. Intervenir en Irak serait ni plus ni moins que du néo-colonialisme teinté de crypto-racisme. Ce contre quoi nos belles âmes n’hésitent jamais à pétitionner.

Voilà. Je m’en suis tenu au Droit : il n’y a aucune raison juridique et aucune obligation morale à exiger la commutation de la peine ou encore, pourquoi pas, soyons fous jusqu’au bout, le retour de ces djihadistes en France pour qu’on les accueille en héros dans nos prisons où les statistiques ethniques sont interdites.