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De Gaulle n’a rien compris à l’Algérie.

, par  NEMO , popularité : 6%
NJ-Ile de France
Publié début novembre, remis en ligne !

Il ne pouvait pas comprendre. Et aujourd’hui on paie cher.

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De Gaulle est mort il y a cinquante ans tout juste. Il y a eu certes des commémorations, des blabla dans les médias, mais rien de grandiose. Comme si les « gaullistes » que sont devenus tous les représentants de la classe dirigeante, qu’elle soit de la majorité ou de l’opposition, éprouvaient une certaine gêne. Comme s’ils étaient écrasés par la « hauteur » du Général. Comme si la moindre critique de son action était sacrilège.

Pourtant, je l’affirme haut et fort, si aujourd’hui la France se trouve dans la situation catastrophique que nous déplorons, de Gaulle n’y est pas pour rien, il y est même pour beaucoup. Parce que l’origine du mal qui nous accable, ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, c’est la gestion de la guerre d’Algérie par le grand homme. Mais vous ne m’en voudrez pas si, pied-noir, je peux quand même comprendre pourquoi il s’est trompé sur toute la ligne, et ne pas vraiment l’accabler.

C’est que de Gaulle, homme du nord de la France (il est né à Lille), ne pouvait pas comprendre l’Algérie. Pour lui, c’est comme si les arabes venaient d’une autre galaxie, et les pieds-noirs de Mars. On cite souvent ses conversations avec Peyrefitte, l’huile et le vinaigre, Colombey-les-deux-mosquées. Et on en déduit qu’il fut un extraordinaire visionnaire... mais en évitant d’ajouter, pour ne pas ternir son image Saint Sulpicienne, que pour lui, il n’y avait pas que les arabes qui n’étaient pas assimilables à la France, les pieds-noirs non plus, qui risquaient d’inoculer le fascisme à l’hexagone (Louis Joxe : il faut envoyer les pieds-noirs en Argentine ou en Australie) ! Et la solution, pour se débarrasser du boulet algérien, retrouver une France blanche et pure, aux racines judéo-chrétiennes réaffirmées, digne de retrouver sa place dans le concert mondial, c’était de couper le cordon, qu’arabes et pieds-noirs s’arrangent entre eux. De Gaulle n’a rien compris aux dimensions religieuses et civilisationnelles de la guerre d’Algérie, à l’objectif du FLN de faire de l’Algérie un état islamique - au profit de ses dirigeants, soit dit en passant -, en se débarrassant de tout ce qui pouvait contrecarrer ses projets, non seulement les pieds-noirs catholiques, mais aussi tous les arabes, et ils étaient nombreux, qui lui étaient hostiles. Les pieds-noirs (un million quand même) n’étant plus là pour stabiliser le pays, la débandade était inévitable – ce dont Jean-Marie Le Pen avait eu l’intuition, en prophétisant « vous n’avez pas voulu une Algérie Française, vous aurez une France algérienne »-. De Gaulle, dépassé, a été le premier à laisser entrer en masse les algériens en France, en totale contradiction avec ses propres analyses. C’est avec de Gaulle et pas avec Giscard (et le regroupement familial) que la « colonisation » de la France par l’Algérie a commencé.

Et ce n’est pas tout. En faisant du FLN le seul interlocuteur de la France, sans tenir compte des autres mouvements, dont le MNA ; en lâchant tout, lors des négociations d’Evian, - en acceptant par exemple que les arabes nés avant l’indépendance bénéficient de la double nationalité franco-algérienne, alors que l’Algérie obligeait les pieds-noirs à choisir entre la France et l’Algérie -, tout cela pour se débarrasser au plus vite du problème algérien ; en idéalisant le combat des indépendantistes, jusqu’à envoyer des gendarmes français aider le FLN contre l’OAS, un comble -une comparaison plus qu’hasardeuse avec la résistance française, qui conduisait tout naturellement à assimiler les pieds-noirs à l’occupation allemande, pieds-noirs qui étaient pourtant autant légitimes à vivre en Algérie que les arabes ; en laissant l’Algérie, et l’Université française, honte à elle, falsifier l’histoire au profit des seuls « colonisés racisés » victimes des blancs racistes, de Gaulle a ouvert la boite de Pandore de la repentance qui nous désarme aujourd’hui.

D’autant plus que les successeurs de de Gaulle, jusqu’au président actuel, n’ont pas plus compris aujourd’hui qu’hier que les arabes, musulmans, sont différents, pas inférieurs, mais différents. Qu’ils n’ont pas les mêmes mécanismes de pensée que nous, qu’ils ne croient pas aux mêmes lunes, telles que les droits de l’homme, la démocratie, la laïcité, qu’un shahid (martyr) est glorifié parce qu’il meurt en tuant, et pas parce qu’il meurt pour ne pas tuer, que la dissimulation (taqiya) est une vertu quand elle se pratique contre des incroyants, que Mahomet, comme le disait très justement un journaliste dont je n’ai pas noté le nom, n’est pas Jésus, mais Napoléon... Ou, s’ils l’ont compris, ils sont tellement tétanisés par l’ampleur du problème qu’ils préfèrent pratiquer à haute dose la politique de l’autruche. « Après moi, le déluge », aurait dit Louis XV.