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D’une Fête nationale à l’autre…

, par  vanneste , popularité : 7%
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10 jours entre le 4 et le 14 juillet, entre les fêtes nationales américaine et française, mais 13 ans entre la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis et la Révolution française. Théoriquement, le 14 juillet commémore le Fête de la Fédération, qui, un an après la prise de la Bastille consacre l’unité retrouvée des Français autour de leur toute nouvelle monarchie constitutionnelle. Mais la plupart des Français pensent que l’événement célébré est bien la chute du symbole de l’arbitraire royal qui dominait le faubourg Saint-Antoine. La sauvagerie subie par les défenseurs, le petit nombre des prisonniers libérés alors que leur détention était justifiée, sont oubliés au profit de la légende qui veut que la République, qui ne naîtra que trois ans plus tard, s’identifie à la France avec son idéal de liberté et d’égalité. Le 14 juillet 1790, deux personnalités jouent un rôle de premier plan sur le Champ de Mars, deux aristocrates des plus grandes familles, un militaire richissime qui s’est fait un nom lors de la guerre d’indépendance américaine, et dirige la Garde nationale, le marquis de La Fayette et un religieux, l’évêque d’Autun qui célèbre la messe, Talleyrand, lequel quittera la France avant le déchaînement de la Terreur et se réfugiera deux ans aux Etats-Unis entre 1794 et 1796.

Ces deux hommes de l’Ancien Régime, ces deux « progressistes » de l’époque favorables à la Révolution à ses débuts, et tous deux « émigrés » ensuite avec habileté chez l’un et maladresse chez l’autre, symbolisent assez bien le grand basculement qui va s’opérer et auquel ils auront contribué. La vieille monarchie française aura permis l’indépendance des Etats-Unis, et ce qui aurait pu rétablir pleinement la suprématie européenne, voire mondiale de la France va, au contraire conduire à la domination anglo-saxonne deux siècles durant. Les traités de Paris et de Versailles mettent fin en 1783 à la révolte des 13 colonies qui obtiennent leur indépendance et à la guerre entre l’Angleterre d’une part, la France et l’Espagne de l’autre, avec toutes les deux des Bourbons sur le trône. Pour la France, c’est la revanche de la guerre de sept ans. Certes les arpents de neige canadiens ne sont pas récupérés, mais l’opinion de l’époque s’attache davantage aux Antilles, au Sénégal et aux comptoirs indiens qui repassent sous pavillon fleur-de-lysé, et qui représentent des revenus bien plus considérables. La guerre a coûté cher à la France, mais la marine, deux fois moins puissante que celle de l’Angleterre a tenu le coup. Elle a joué un rôle décisif dans la capitulation de Yorktown, a perdu aux Saintes, mais a gagné dans l’Océan Indien avec Suffren. Depuis Choiseul, Maurepas et Sartine, et avec l’appui de Louis XVI qui s’intéresse à la mer, les Français ont compris l’importance de la marine. Encore un effort, et la flotte française pourra rivaliser avec l’anglaise pour la domination des océans, et donc du monde. Dans la lutte constante entre la terre et la mer, depuis Sparte et Athènes, c’est toujours sur la mer que se gagne la bataille décisive. La Révolution mettra définitivement fin à cet espoir, et la France se bercera pendant longtemps de l’épopée continentale qui aura duré une vingtaine d’années et s’achèvera à Waterloo tandis que Trafalgar en avait déjà marqué les limites. L’Angleterre régnera sur la planète pendant un siècle, puis les Etats-Unis prirent la suite dans un monde où la langue anglaise et la culture américaine jouent le premier rôle avec désormais des résistances qui viennent des grandes civilisations asiatiques de la Chine et de l’Inde, de la Russie aussi.

Ce qui aurait pu permettre le rétablissement et la suprématie de la France va, au contraire, introduire dans le pays un vent de folie qui n’est malheureusement pas rare dans notre mentalité nationale, et que soufflent avec entrain quelques esprits légers, quelques têtes aussi brillantes que faibles, aussi riches de formules oratoires que pauvres en réformes solides, dont nous avons une sorte de spécialité. La Fayette en est une illustration parfaite. Entiché de l’Amérique et des idées qui y prospèrent, le marquis va se battre pour l’égalité et pour les droits de l’homme. Dans son esprit, la Révolution est aussi la libération d’un peuple qui se donne une constitution et proclame la primauté des droits sur les réalités, comme si la table rase d’un peuple nouveau installé dans des terres conquises pouvait être copiée dans un vieil Etat qu’il fallait certes réformer, mais en tenant compte de l’Histoire et des traditions. L’esprit cartésien, géométrique, des Français alla plus loin dans ce constructivisme que les Américains davantage soucieux, par exemple, de préserver leur culture et leur religiosité. L’observateur libéral britannique Edmund Burke, avait, dès 1790, perçu les dangers du processus : 15 constitutions plus tard, plusieurs guerres perdues et certaines gagnées difficilement avec l’appui grandissant et décisif des Etats-Unis, les Français devraient prendre conscience qu’avec l’Indépendance américaine prise comme modèle politique et non comme opportunité stratégique, la France a manqué son destin.

Certes, Trump a voulu copier notre fête nationale, mais n’avons-nous pas eu trop tendance à copier les Etats-Unis ?

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