Comme une larme de misère
Comme une terre d’infortune
Comme un oiseau blessé à mort
Comme le fleuve desséché
Comme un enfant abandonné
Sur le parvis de Notre-Dame
Comme la mer sans horizon
Comme un infirme sans abri
R. Pourquoi faut-il crier l’amour
Quand nos draps ont été souillés
De notre amour ?
Comme un chrétien sans ses prières
Comme le lac sans clair de lune
Comme un navire sans le port
Comme le désert assoiffé
Comme la peur du condamné
Comme la fumée sans la flamme
Et la rivière sans ses joncs
Comme la fontaine tarie
Comme un soldat sans capitaine
Comme la maison désertée
Comme un torrent sans le regard
Qui l’apprécie et qui le fait
Comme le lit sans ses amants
Et le sourire de tristesse
Qu’on donne à celui qu’on ignore
Comme un jardin abandonné
Comme la forêt sans le chêne
Et le château sans chevalier
Comme les yeux du pauvre hagard
Comme les râles du blessé
Comme la mère à qui l’on prend
L’enfant privé de ses caresses
Puisque la tombe vient de clore
L’arrachement, désespéré… (3/06/1967)