Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Bloc-notes : éloge des empêcheurs de tourner en rond

, par  Ivan Rioufol , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

« Bloc-notes : éloge des empêcheurs de tourner en rond »

Propos d’un Gilet jaune, filmé sur un rond-point  : "Nous sommes des aiguillons." À ceux qui envisagent de transformer leur mouvement en force politique, l’interviewé invite à plus de hauteur. De fait, les Français en colère ont bâti leur puissance sur un désordre créatif. Ils sont les empêcheurs de tourner en rond. Depuis le 17 novembre, les oubliés d’hier sont devenus omniprésents. Relire les mises en garde du discours officiel contre le "retour aux années 30", la "peste brune", le "réveil du poujadisme" donne la mesure de l’incompréhension initiale du pouvoir. Il se sait aujourd’hui condamné à se réformer. Ceux qui persistent, depuis deux mois et demi, à voir la lie de la société chez ces provinciaux en rogne tiennent un raisonnement balourd qu’Emmanuel Macron a subtilement abandonné. Ils étaient poussivement 10 500 Foulards rouges (chiffre de l’Intérieur), dimanche à Paris, à avoir répondu à la contre-manifestation des macroniens. "Le fascisme ne passera pas  !" a repris, comme aux beaux jours de Mai 68, la petite foule bien mise. Ces nostalgiques du manichéisme illustrent la fin d’un monde pavlovien.
Ceux qui rêvent de faire taire les Gilets jaunes, réduits à des casseurs décérébrés, s’affolent d’une liberté de pensée retrouvée. En réclamant le retour aux laisses, aux muselières et aux coucouche-paniers, les privilégiés du système sont les authentiques réactionnaires  : ils s’accrochent à un passé dépassé. Écoutez-les  : ils disent défendre la démocratie mais redoutent l’émancipation des citoyens  ; ils prétendent soutenir ceux qui triment mais méprisent les gueux qui chantent La Marseillaise  ; ils assurent être tolérants mais jugent extrémiste quiconque passe outre leurs interdits. De ce point de vue, l’immigration reste un sujet enfoui, alors qu’il est abordé comme le reste. Tant de rejets et de morgue ne peuvent qu’aviver les sentiments d’injustice partagés par une société marginalisée. Elle n’entend plus se laisser asphyxier par la mondialisation, l’Europe des experts, la "start-up nation" des "winners", le bougisme déraciné d’En marche  !. Les aiguillons en gilets jaunes sont là pour dire ce qui ne tourne plus rond. Ils sont les indispensables lanceurs d’alerte, les éveilleurs attendus.
La tentation, chez certains, de constituer des listes en vue des élections européennes, vient d’ailleurs contredire leur rejet de la politique traditionnelle. Leurs petites ambitions dévoilées, semblables à celles qu’ils dénoncent quand ils s’en prennent aux parvenus, les décrédibilisent.

Liberté d’expression par Ivan Rioufol

Voir en ligne : http://blog.lefigaro.fr/rioufol/201...