Alain LARDILLIER, Docteur en Histoire Moderne et Contemporaine, à la tête de nombreux travaux sur les politiques de colonisation en Algérie, nous a fait le plaisir d’ouvrir notre cycle de conférences 2018/2019 avec sa conférence portant sur la conception qu’avait Bugeaud de la colonisation.

La conférence s’est donc ouverte sur un panorama montrant la situation territoriale de la France en Algérie entre 1830 et 1840, résultat d’une politique de colonisation restreinte, jusqu’à la reprise de la guerre contre Abd el Kader et les massacres de la Mitidja en novembre 1839.

Puis c’est l’arrivée de Bugeaud, nommé gouverneur général en décembre 1840 avec mission de faire la conquête totale du pays. Celui-ci prit ses fonctions en février 1841, avec un programme complet qui se résumait en 3 principes. Conquérir Administrer, Coloniser. C’est la colonisation militaire et ses conséquences sur le visage de l’Algérie. le sujet de la conférence.

Pour Bugeaud la seule colonisation qui vaille était la colonisation militaire. Ainsi naquit l’image du « soldat-laboureur » le seul qui serait capable de mettre le pays en valeur et de défendre sa famille et sa terre.

Bugeaud voulut donc bâtir des villages-cantonnements pour ses colons militaires. Mais devant l’échec de ce type de colonisation, seule l’installation précoce de colons civils permit la survie de ces villages. Ainsi, le principe de construction de centres de colonisation, complétera progressivement la méthode utilisée d’établissement de fermes dispersées et vulnérables

Sont alors évoqués par le conférencier successivement Fouka, Beni-Méred, Mahelma, Saint-Ferdinand et Sainte Amélie : leur vie, leur développement, leurs déboires.

Même si Bugeaud échoua dans son installation de colonisation militaire, l’élaboration nécessaire de programmes de colonisation qu’il avait inauguré fut reprise par d’autres, dans d’autres régions de l’Algérie, comme fut repris et généralisé jusqu’à devenir prédominant, le principe de création de centres de colonisation, même si une sécurité grandissante permettait à côté, l’installation de fermes isolées.
Même s’il ne l’avait pas voulu, conclut le conférencier, Bugeaud contribua ainsi à donner à l’Algérie, son visage de « pays aux mille villages ».

Un échange fructueux et nourri a suivi cette conférence illustrée régulièrement par la projection de documents authentiques. Il s’est bien sûr poursuivi autour de l’anisette et de la soubressade.