Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Avec quelle énergie ils ont sabordé notre Energie !

, par  NEMO , popularité : 7%
NJ-Ile de France

Le marché de l’énergie, ou comment « ils » ont détruit avec le sourire ce qui faisait notre principal avantage compétitif face à la concurrence mondiale. Décidément, ces gens-là n’aiment pas la France, n’aiment pas les Français, et par-dessus-tout ne s’aiment pas eux-mêmes… Et nous les élisons et les réélisons. Qu’est-ce qu’on peut être c… !

JPEG - 80.5 ko

Pour une fois, je vais aborder cette tribune avec beaucoup de précautions et de modestie, pour une bonne raison, c’est que je suis à peu près sûr de ne pas avoir tout compris dans ce marché que le père Ubu n’aurait probablement pas lui-même imaginé. Il faut en effet, toujours si j’ai bien compris, mais j’ai des doutes, se pincer pour confirmer qu’on n’est pas plongé dans un cauchemar (ou une farce ?).

Voilà, en gros, l’histoire. Au commencement, il y avait une entreprise, EDF/GDF, créée en 1951, pour assurer les besoins énergétiques de la France, l’énergie étant, tout le monde devrait le savoir, le nerf de la guerre. Au fur et à mesure de l’accroissement de la demande par les entreprises et les particuliers, la France, sous la houlette, juste avant sa mort, de Georges Pompidou, et de son premier ministre Pierre Messmer (1974), lance la construction de 13 centrales nucléaires, ce qui allait faire d’EDF le premier producteur d’électricité au Monde. La France assurait ainsi son indépendance énergétique, et, cerise sur le gâteau, en produisant une énergie bon marché, qui établissait un rapport de force favorable à nos entreprises face à la concurrence étrangère… Ce que, bien sûr, nos amis allemands n’ont jamais encaissé. Le travail de sape de notre « conjoint » (puisqu’il parait que nous formons un couple) a commencé dès qu’il s’est senti assez fort, dès fin des années 90, grâce aux réformes de Gerhard Schröder, pour remplacer à la tête de l’Union Européenne une France déjà en perte de vitesse. Et c’est ainsi qu’au nom d’une sacro-sainte ouverture tous azimuts des marchés (que nous, Français, sommes quasiment les seuls à respecter dans le monde), on nous a fait, en guise d’échauffement, casser l’entité EDF/GDF en deux sociétés, EDF et Engie (comme on l’a fait aussi d’ailleurs pour les PTT, découpés en La Poste et France Télécom, rebaptisée Orange). Le tout, vous l’avez bien compris, dans votre intérêt, pour mettre fin à un monopole scandaleux qui permettait parait-il à cette entreprise de vous sucer le sang… Et vous les avez crus !

La suite logique était de créer de toute pièce un marché, dont l’objectif principal et soigneusement caché aux pauvres crétins que nous sommes était d’affaiblir EDF, avec la complicité (intéressée ?) de nos propres dirigeants, bien à l’abri derrière les « directives européennes » auxquelles nous devions absolument nous soumettre, faute de quoi nous serions sévèrement punis par la toute puissante Commission Européenne (une vaste blague, je l’ai déjà écrit dans une autre tribune). Donc on a suscité des « opérateurs concurrents » à EDF, lesquels, ne produisant rien d’autre que des factures, allaient revendre à un prix « concurrentiel » du courant produit par EDF, courant que ces « concurrents » achèteraient à EDF (sic !) - obligation étant faite à EDF de leur vendre 100TWh (soit environ 30% de sa production) à prix « coutant » fixé par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE)-. Charge à la seule EDF de fournir l’électricité nécessaire, ses « concurrents » se gardant bien de se lancer dans la construction de centrales dont le retour sur investissement est de plusieurs décennies. Système prétendument concurrentiel poussé jusqu’à l’absurde, puisque, tenez-vous bien, EDF est parfois obligée, lorsqu’elle ne produit pas suffisamment pour satisfaire les commandes de ses concurrents, de se fournir en électricité à prix marché à l’étranger, donc plus cher que le prix « coutant », pour la revendre à ses concurrents au prix fixé par la CRE (aujourd’hui 0,45€ le KWh, contre dix à cent fois plus sur le marché) ! Comme vous doutez d’avoir compris mon explication, je précise : si un concurrent a besoin d’un GWh de courant à un instant « T », et qu’EDF ne peut pas le produire, il va falloir qu’elle achète ce GWh sur le marché. Si le prix du GWh est à ce moment précis de 1 million d’euros, EDF ne pourra facturer à son concurrent que 450.000€. Perte sèche : 550.000€. Vous ne me croyez pas ? Moi aussi, j’ai du mal à me croire.

Mais ce n’est pas tout. En parallèle, nos écologistes anti-France (avec les Verts (de gris) allemands), qui n’avaient de cesse, depuis l’accident de Tchernobyl, de dénoncer l’énergie nucléaire, s’étaient trouvé un nouveau combat décisif : sauver la planète menacée de disparition par le CO2. Et en avant-toute sur le renouvelable. A bas le nucléaire, à bas les énergies fossiles, vive les éoliennes et les panneaux solaires. Parti de bobos à la marge, mais ce sont justement ces « forces d’appoint » qui font la pluie et le beau temps lors d’élections un peu serrées, il fallait absolument satisfaire leurs moindres lubies, et au diable le monde réel. Vous connaissez l’histoire, Dominique Voynet et Jospin, Hollande et Duflot, Macron et Hulot, des bassesses à vomir. Les Allemands sont partis à fond dans le renouvelable, se sont aperçus que ça ne marchait pas, qu’à cela ne tienne, ils ont du charbon à foison (la Ruhr et la Silésie), et ils achetaient à bas prix le gaz russe. La pollution ? Rien à faire, les vents dominants renvoient toute leur merde vers la France. Ha ! Ha ! Ha !

Mais pour les Allemands, et même si la France s’était engagée à démanteler une bonne partie de son parc nucléaire, ce n’était pas assez. Dans tous les cas, avec une énergie non pilotable, rendant nécessaire la multiplication des usines à énergie fossile, plus chère, la partie n’était pas équilibrée de leur point de vue, puisque pour les Allemands, une partie équilibrée, c’est quand à la fin ils gagnent. D’où cette magnifique usine à gaz (c’est le cas de l’écrire), de l’indexation du prix de l’électricité sur le prix du gaz, et, cerise sur le cake, de la fixation de ce prix en fonction du prix de la centrale (au gaz, pour des questions évidentes de pilotage) qui en bout de chaîne assure l’ajustage entre la demande et l’offre d’électricité, centrale qui est sollicitée en dernier recours justement parce qu’elle est celle qui produit l’électricité la plus chère. Si vous ajoutez que nos gouvernants européens ont trouvé malin de boycotter le gaz russe, bon marché, au profit du gaz de schiste américain, hors de prix, vous mesurez l’étendue du désastre.

Vous avez toujours du mal à suivre, hein ? Prenons un exemple pour être plus clair : si la demande instantanée est de 100 GWh, c’est le prix de la centrale (au gaz) qui va fournir le centième GWh, le plus cher, qui sera retenu pour fixer le prix de vente des 100 GWh (si j’ai faux, merci de me rectifier). Mais les opérateurs, eux, n’ont payé que le dernier GWh à prix maxi. Les premiers 50 GWh ont coûté peut-être 10 ou 50 fois moins, les suivants un peu plus, jusqu’à l’ajustage ! Où va la différence ? Aux opérateurs (qui sont aussi, vous l’aurez compris, des « amis »), me direz-vous avec une grande logique. Sauf que les Français, si c’était le cas, pourraient sortir de leur hébétude. Alors notre génial ministre des Finances, pour faire passer la potion amère, a concocté deux mesures de derrière les fagots : la première, ne laisser que 180€ maximum sur le prix de vente du MWh aux opérateurs (les amis), ce qui est déjà plus que bien par rapport à leur prix d’achat pondéré, toujours essentiellement constitué des achats à prix coutant à EDF, soit 45€ le MWh… le supplément étant empoché par le Trésor Public. En chiffres, si le MWh est vendu 600€ au client final, l’opérateur gardera 180€ moins 45€ , l’État récupèrera 420€. Pas mal ! La seconde mesure, appliquer un bouclier tarifaire aux particuliers et aux entreprises : au lieu de payer 10 fois plus cher leur énergie que dans leur précédent contrat, ce qui en tuerait bon nombre, ils ne la paieront que 4 ou 5 fois plus cher, ce qui les maintiendra en vie, mais en état de légume. Ainsi sur la facture à 600€ le MWh (au lieu de 60) le client-pigeon pourra espérer récupérer 200€ sur les 420€ que l’État a empochés. L’État ponctionnant 220€ au passage. Merci l’État, d’être si bon de ne nous faire payer que 400€ au lieu de 600 ce qui aurait dû nous coûter 60. Vous me direz que l’État, c’est nous. Mouais…

Ce n’est pas le sujet de cette tribune, mais si nous n’étions pas partis dans ce délire des renouvelables (qui ne le sont pas, ce sera le sujet d’une prochaine tribune), si les 19 centrales et leurs 58 réacteurs n’avaient pas été sciemment sabotés, nous n’aurions aucun problème pour fabriquer les 500 TWh dont la France a besoin annuellement. On pourrait même envisager des voitures électriques rechargeables !

Il y a des jours où l’on regrette la disparition des réverbères. Quelques-uns de nos gouvernants pendus sous la lanterne en guise de décoration contemporaine feraient le plus bel effet.