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Allocations familiales : davantage d’argent public pour quel résultat ?

, par  Pierre-Guy Veer , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Pierre-Guy Veer, depuis le Canada.

La France, pays qui taxe largement au-dessus de la moyenne de la zone euro, vient de trouver une autre idée pour dépenser l’argent des autres. La députée Nathalie Elimas remettra sous peu un rapport contenant une quarantaine de propositions pour moderniser la politique familiale actuelle. Selon son propre aveu , ces politiques plus généreuses (congé de paternité étendu, allocations familiales dès le premier enfant) visent principalement à augmenter le pouvoir d’achat des familles.

Mais si telle est l’intention, pourquoi vouloir saupoudrer encore plus l’argent des contribuables dans un nouveau programme ? Car il ne faut pas se leurrer : cet argent viendra directement des taxes et impôts perçus, fussent-ils insuffisants pour financer le déficit de 3 % actuel.

L’exemple (à ne pas suivre) du Québec

À ce sujet, le Québec, fils spirituel de la France, tend à suivre la « mère-patrie » quand vient le temps de dépenser l’argent des autres sans compter. Au tournant du siècle, la Belle province a achevé ses négociations avec le gouvernement fédéral pour mettre en place sa généreuse politique familiale, comprenant des garderies subventionnées (CPE, pour enfants de moins de cinq ans) et des congés parentaux pouvant durer jusqu’à un an.

Certes, le taux d’activité des femmes de 25 à 54 ans au Québec a augmenté depuis 1997 (mise en place de la politique des garderies), passant de 74,2 % à 86,9 % en 2019, soit au-dessus de la moyenne canadienne. Toutefois, l’on peut se demander si cela en a valu le coup.

En ce qui concerne les CPE, en date de 2015 , le coût du programme a été multiplié par sept alors que le nombre de places n’a que triplé. C’est dû au fait que l’argent a été remis au système plutôt qu’aux parents, selon le journaliste économique David Descoteaux. Comme les éducatrices (surtout des femmes) sont du secteur public, elles sont évidemment syndiquées et ont profité d’augmentations allant jusqu’à 61 % depuis 1997. Et comme les garderies privées ne peuvent pas concurrencer ces places à prix modique (35-45 dollars contre moins de 20 dollars), plusieurs ont dû fermer leurs portes face à cette concurrence déloyale.

Quant aux congés parentaux, ils ne semblent pas avoir eu un effet significatif sur la fécondité des Québécoises. En effet, elles ne sont passées que de 9,8 naissances pour 1000 femmes à 10 naissances entre 2000 et 2018. C’est inférieur à la moyenne canadienne (10,1), largement inférieur aux provinces des Prairies et aux Territoires, et à peine supérieur à l’Ontario (9,7).

Tout cela pour un régime qui commence à percevoir près de 0,5 % du salaire d’un employé à partir de 2000 dollars et qui fut déficitaire jusqu’en 2018.

L’échec européen

Si vous croyiez que l’exemple du Québec est peu représentatif de l’Europe, sachez que des pays du Vieux continent ont aussi tenté de promouvoir des politiques natalistes qui furent un échec onéreux.

En Hongrie , où l’on offre jusqu’à 60000 dollars aux familles selon le nombre d’enfants, le taux de fécondité est encore largement inférieur (moins de 1,5 enfant par femme) au taux de renouvellement des générations (2,1 enfants). Donc, à moins d’un véritable baby-boom, la population du pays ne peut que diminuer, considérant l’hostilité extrême de son Premier ministre envers l’immigration .

Quant à ces pays analysés par la BBC, aucun n’a réussi à dépasser le seuil de renouvellement des générations.

Alors que faire ?

Si les gouvernements veulent vraiment encourager une augmentation de la fertilité (si tant cela est nécessaire et/ou souhaitable), il existe une solution toute simple prônée par les libéraux depuis des lunes : laisser-faire et laisser passer. Un gouvernement qui ne cherche pas à tout contrôler de l’économie n’a pas besoin de percevoir autant d’impôts.

Pour vous donner un ordre d’idées : si le niveau réglementaire aux États-Unis n’avait pas bougé depuis 1947, l’économie (en date de 2013 ) aurait été quatre fois plus grosse. Imaginez toutes les innovations et le développement qui se seraient produits durant cette période. Et comme la réglementation touchant les familles (blanches, du moins…) n’était pas si étouffante, le baby-boom se serait peut-être poursuivi.

Bref, si madame Elimas veut vraiment augmenter le pouvoir d’achat des familles et le taux de fécondité, ce n’est pas en redistribuant encore plus les taxes et impôts qu’elle réussira. Peu (aucun ?) de pays ont réussi à adopter une politique familiale centralisée qui a pu augmenter la natalité de façon significative. C’est plutôt en permettant aux familles de respirer – de garder davantage de leur argent dans leurs poches – qu’elles pourraient vouloir avoir plus d’enfants.

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