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Alerte au gaz pour les banques européennes

, par  Simone Wapler , popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Le responsable de la supervision bancaire de la Banque centrale, Andra Enria, est monté au créneau lundi 19 septembre avec un discours inquiétant :

« La Banque centrale européenne (BCE) tient à ce que les établissements de crédit vérifient leurs prévisions en matière de fonds propres avant un hiver sans doute difficile […] Nous incitons les banques à mettre vraiment l’accent sur la concentration d’expositions aux secteurs qui sont particulièrement dépendants de l’énergie et vulnérables aux chocs énergétiques. »

Aïe … Il ne s’agit pas d’un simple problème de chauffage dans les locaux suscitant une épidémie de rhumes de cerveau mais des retombées de la crise énergétique.

Selon la BCE, il faudrait davantage de fonds propres à certaines banques pour pouvoir éponger les pertes qui ne manqueront pas de faire surface dans les secteurs qui souffrent en raison de l’augmentation des coûts de l’énergie.

Le déposant doit-il vraiment en perdre le sommeil ? Les banques sont quasi-nationalisées depuis la crise de la dette en euro de 2011 et toutes trop grosses pour faire faillite . Avec tous ces « quoi qu’il en coûte » et le déluge d’argent gratuit, nous dormions sur nos deux oreilles. Les fonds propres sont devenus insignifiants.

Les marchés dérivés de l’énergie en première ligne, qu’est-ce qui pourrait donc mal tourner ?

Selon Andra Enria :

« Le problème de l’exposition à la compensation de dérivés d’énergie, que nous avons identifié récemment. »

En mars dernier, les brutales hausses du gaz et du pétrole ont provoqué une mini panique sur les marchés à terme (ou futures). Les fournisseurs qui s’engagent à prix fixe sur la durée avaient l’habitude d’emprunter pour miser sur des produits baissiers et ainsi se couvrir contre une éventuelle vente à perte. Sur ce type de marchés – dits dérivés – environ 85 % de l’argent provient de prêts bancaires. Les 15 % restants sont financés par les acteurs concernés. Tout ce petit monde a été pris à contrepied par la hausse fulgurante, résultant des sanctions prises contre la Russie et des embargos sur le gaz. Il en a résulté de grosses pertes. La Suède, l’Autriche et l’Allemagne ont dû procéder à des sauvetages (nationalisations) d’urgence de compagnies gazières et pétrolières.

Chat échaudé craint l’eau froide. Du coup, beaucoup d’acteurs ont jeté l’éponge, d’autres ont considérablement augmenté leurs appels de marge. Les fournisseurs qui veulent se prémunir d’une future baisse sont désormais confrontés à une augmentation vertigineuse de leurs frais. On parle de 1500 milliards d’euros.

Les remèdes pires que le mal

L’Europe évoque une solution pire que le mal : bloquer les prix et suspendre le marché des produits dérivés.

Sauf que faute de moyens pour se couvrir, les fournisseurs ne fourniront plus…

Mais ceci ne gêne pas les instances européennes :

«  L’intervention prévue devra être conçue de façon à éviter tout accroissement de la consommation de gaz ou compromettre les efforts pour diminuer la demande. Elle sera simple à mettre en place et à coordonner au travers de l’Union et en ligne avec les objectifs climatiques ».

Nous n’en doutons pas : comme la politique groupée d’achat des vaccins anti-covid, probablement.

Mais revenons aux banques… Si elles sont asphyxiées par les marchés dérivés du gaz, il faudra bien que la BCE vole à leur secours. À condition qu’elle le puisse car nous parlons de marchés en dollars (eh oui, Poutine avait en 2021 proposé à ses clients européens de payer en euros mais ceux-ci avaient décliné l’offre).

En réalité, ce n’est pas une crise bancaire que nous devons redouter mais une crise monétaire. Car la Banque centrale européenne est en train de dilapider très rapidement le capital confiance qui est l’unique assise de l’euro. en soutenant que l’inflation était transitoire, en étant en retard sur les hausses de taux, en ne proférant que des inepties.

Pour ce dernier point, citons Luis de Guindos, vice-président de la BCE, le 19 septembre :

« La politique monétaire essaie toujours de lutter contre l’inflation, cela aura un impact sur les dépenses de consommation et l’investissement des entreprises […] et des hausses supplémentaires des taux d’intérêt dépendront des données économiques […] L’inflation est le pire des maux pour la population européenne. »

Si lorsqu’elle lutte contre l’inflation, la politique monétaire consiste à monter les taux, l’inverse est vrai : lorsque la politique monétaire baisse les taux, elle favorise l’inflation. Depuis 2008, le PIB de l’eurozone exprimé en dollars est constant mais la masse monétaire a doublé. 0 % de croissance mais 100 % de monnaie en plus.

Si l’inflation est le pire des maux pour la population, pourquoi avoir écrit que l’objectif d’inflation en zone euro se situait à 2 % par an ?

Ces clowns irresponsables mériteraient d’être payés en eurobonds à 10 ans…

Encore une fois, le danger n’est plus dans les banques. Il est dans la crise monétaire comme je l’explique dans mon dernier livre . Les taux montent et la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France sont des pays surendettés à la croissance atone. Là est le vrai risque.

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2022/0...