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Alain Finkielkraut, agent dormant de « l’Etat Profond » américain ?

, par  NEMO , popularité : 8%
NJ-Ile de France

C’était samedi dernier, face à Mathieu Bock-Côté, sur CNews. Interrogé par des journalistes pétris de respect (même Bock-Côté, qui en général ne s’en laisse compter par personne, a tout avalé comme du bon pain), le grand sage du PAF sortait de son silence pour faire profiter le peuple de France de ses précieux oracles, distillés avec la hauteur de vue que personne n’ose remettre en question, si ce n’est les tristes humoristes du service public.

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Moi, à écouter Finkielkraut, j’éprouve souvent comme un malaise. Comment dire : je trouve qu’il y a dans sa modestie apparente quelque chose de « péremptoire », ou, en d’autres termes, que sa parole sonne un brin fêlée. En tout cas, je me suis rendu compte samedi dernier que Finkielkraut ne faisait pas toujours preuve de la rigueur intellectuelle qu’on lui prête généreusement. Il exposait son point de vue sur la guerre Russie-Ukraine. Et il commença, comme il le fait souvent, par citer un auteur, Michel Foucher, pour un opuscule, « Ukraine-Russie, la carte mentale du duel » (encore une tendance qui me plait plus ou moins chez notre académicien, qu’il se croie obligé de se protéger derrière des écrits de confrères, au cas où ça tournerait mal) qu’il venait de lire et qui lui avait fait découvrir le « Grand Échiquier » (1997), fameux bouquin de Zbigniew Brzezinsky, le « sulfureux » conseiller des présidents Carter, Clinton et Obama, et inspirateur de leur politique étrangère, bouquin dans lequel il déroulait un plan de « réduction » de la Russie à une nation de seconde zone, entre autres en faisant entrer l’Ukraine dans le giron occidental (tiens, tiens…). Pour Brzezinsky, il était vital pour les USA d’empêcher l’ennemi héréditaire de se rapprocher de l’Europe. Une Europe autonome, augmentée de la Russie, de ses ingénieurs et de ses ressources minières et agricoles serait une rivale beaucoup trop dangereuse pour l’hégémonie américaine.

La plupart des commentateurs de Brzezinsky, y compris les plus russophobes, s’accordent à reconnaître, tout en s’empressant d’ajouter que cela n’excusait pas l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que les thèses du « Grand Échiquier » avaient été au moins en partie mises en œuvre par les Américains, et qu’elles avaient probablement poussé les Russes à la guerre. Mais pas Finkielkraut. Sur CNews, il a accompli l’exploit inouï de commenter la guerre Russo-Ukrainienne sans prononcer une seule fois les noms d’États-Unis, Amérique ou USA (j’ai vérifié). Il est allé jusqu’à expliquer que les Russes, à travers les études de l’Académie Militaire de Moscou, avaient saisi le prétexte Brzezinsky pour déclencher une guerre de reconquête des anciens satellites de l’Est, en feignant de prendre pour argent comptant les élucubrations du « faucon » américain. Pour Finkielkraut, le « Grand Échiquier » et Brzezinsky ont servi « l’impérialisme de Poutine », point barre. Il fallait le faire, il fallait le dire, il l’a fait, il l’a dit. Poutine, ou Lucifer réincarné. Heureusement qu’en face, se félicite le sage entre tous les sages, il y a l’Europe, une Europe qui s’est enfin montrée à la hauteur des attentes du camp du bien en venant au secours de l’agressé. Quant à l’Amérique, elle existe tellement peu dans ce conflit, qu’apparemment le grand penseur n’a pas jugé pertinent d’en parler.

Bon, on peut admettre que Finkielkraut, d’origine polonaise, ne porte pas les Russes dans son cœur (encore que les Polonais n’aient pas toujours été très tendres avec leurs compatriotes juifs). On peut comprendre qu’il soit américanophile, c’est son affaire. Mais à ce point de pensée unilatérale, on est en droit de se poser des questions : comment un philosophe, un intellectuel de ce niveau, qui se glorifie d’une pensée « libre », peut-il à ce point travestir la réalité de la situation, et pourquoi le fait-il ? Et encore, pourquoi Bock-Côté et Arthur de Watrigant, ses deux interlocuteurs, sont-ils restés passifs ?
Je préfère garder pour moi les réponses qui me viennent à l’esprit.