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Toi aussi, mon Fillon ?

, par  NEMO , popularité : 7%
NJ-Ile de France
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La mort de César, Vincenzo Camuccini, Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contamporanea, Rome

Je n’ai pas grand respect pour les « journalistes » du Canard Enchaîné, dont tout le monde devrait savoir que leur travail d’investigation est essentiellement constitué, comme il fut un temps pour les bureaucrates de la rue Lauriston, de la lecture des lettres de dénonciation d’une France qui n’a pas perdu ses bonnes habitudes de délation. Autant vous dire que je n’aime pas les raisons souvent douteuses des « lanceurs d’alertes », même s’il faut bien reconnaître qu’en général les tuyaux du volatile ne sont pas percés.

François Fillon n’a d’ailleurs nullement contesté que sa parfaite épouse Pénélope (pourrait-on trouver prénom plus adéquat pour une compagne aussi fidèle et dévouée ?) avait été rémunérée pendant des années sur fonds publics, pour un travail d’assistante parlementaire. Il s’est seulement indigné que l’affreux canard les salisse, lui et sa compagne, en réduisant celle-ci à une mamie confiture qui n’aurait pas eu le niveau du job… Je n’irai pas jusqu’à prétendre comme certains que l’argent versé par son mari à Madame Fillon nous a été volé : il s’agit d’une dotation versée de toutes façons à chaque député ou sénateur pour qu’il puisse rémunérer ses collaborateurs. Jusqu’à l’affaire Cahuzac et la loi de « moralisation » de la vie publique, l’élu faisait à peu près ce qu’il voulait de cette enveloppe, mais je n’ai pas d’exemple, depuis, de député ayant restitué un trop perçu.
C’était d’ailleurs aussi vrai pour les frais de représentation, que certains parlementaires avaient coutume de destiner à quelques agapes privées ou, mieux, à l’achat d’une permanence, laquelle, mandat achevé, leur faisait un gentil pied à terre dans le chef lieu de leur circonscription.

Le candidat à l’élection présidentielle serait donc en droit d’envoyer au bain tous ses censeurs, si Mme Pénélope n’avait elle-même souligné à plusieurs reprises dans des médias people qu’elle n’avait jamais interféré dans la carrière politique de son cher époux, et si elle n’avait pas dessiné d’elle le portrait idéal de la femme au foyer qui attend le retour de son homme, table dressée, éclairage tamisé, petits plats tenus au chaud, et nuisette échancrée, au cas où…

Dur dur dans ces conditions de nous vendre en même temps le roman de la femme d’intérieur et l’assistante parlementaire, m’objecterez-vous ? Et que faites-vous du repos du guerrier ? Si l’on en croit les fins connaisseurs de la vie parlementaire, qui me l’ont certifié off records, le bien être de l’élu constitue un élément primordial de la fiche de poste de l’assistant (ou tante) parlementaire… Que Fillon ait choisi pour ce rôle essentiel son conjoint plutôt qu’une maîtresse, ou, o tempora o mores, un amant, en ferait un futur président bien plus présentable que l’actuel sauteur, ou, si l’on pousse un peu plus le bouchon, qu’une bonne part des élus du peuple ; lesquels élus, toujours d’après les mêmes sources malveillantes, n’hésiteraient pas à donner l’exemple de mœurs de plus en plus libérées, y compris avec leurs collaborateurs et trices les plus proches.

Trève de plaisanterie : Fillon n’est jamais qu’une déception de plus dans le landerneau politique ! Encore un père la morale qui jette sa probité aux orties pour un (gros) plat de lentilles. Comment voulez-vous que ces gens-là, qu’ils s’appellent Fillon et Pénélope, Macron et ses frais de bouche, Hamon et sa compagne cadre supérieur de LVMH, ou tartempion, soient légitimes pour exiger des Français plus de vertu, plus d’abnégation, plus d’efforts, quand eux-mêmes s’exemptent de toute exemplarité ?

Savez-vous pourquoi les américains ont élu Donald Trump ? Justement parce que n’étant pas lui-même un saint, et ne le revendiquant pas, Trump n’a jamais fait la morale à ses concitoyens. Il ne leur a jamais promis une Amérique de conte de fées, juste, égalitaire, phare du monde, gardienne des droits de l’homme, refuge de toutes les misères du monde, qui dans la réalité enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Il leur a simplement dit : Amérique et américains d’abord ! Mon job, c’est que vous soyez en sécurité, que vous vous déplaciez sur des routes correctement asphaltées, que vous trouviez du travail, et pour le reste, démerdez-vous !