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SETIF 8 mai 1945

, par  mdame , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

C’est jour de marché, De nombreux indigènes venus des douars voisins emplissent les rues. Vers 7 heures, un rassemblement se forme devant la mosquée. La troupe scoute musulmane Kechafat el-Rayat est autorisée à défiler pour se rendre au monument aux morts. Vers 8 h 30, elle se met en marche, suivie par un cortège de 7 à 8 000 personnes. Vers 9 heures, le cortège arrive rue de Constantine où il se heurte à un barrage de police. Le commissaire central somme les manifestants de faire disparaître les pancartes séditieuses. Sur leur refus, la police essaie de s’en emparer. C’est le signal de la bagarre. Des coups de feu éclatent. Le cortège se disperse et les manifestants se répandent dans la ville, assaillant à coups de pistolet, de couteau ou de bâton les Européens rencontrés dans les rues ou assis à la terrasse des cafés. On entend les cris de N’katlou ennessara ! (tuons les Européens). Les femmes poussent de stridents » you-you » Rue Sillègue, M. Deluca, président de la délégation spéciale, s’efforce de calmer les excités. Il est abattu. D’autres meurtres sont commis. Quand, vers midi, l’ordre est rétabli, on relève dans les rues vingt et un cadavres d’Européens. D’après le procès-verbal détaillé, on voit que treize de ces cadavres ont le crâne complètement enfoncé, un est éventré et un autre émasculé.

 

Dans l’après-midi, les troubles s’étendent au nord de Sétif. A El-Ouricia, à12 kilomètres, l’abbé Navarro est abattu. Aux Amouchas, à 10 kilomètres plus au nord, les maisons européennes sont pillées, mais leurs habitants ont pu fuir. À Périgotville, les insurgés pénètrent dans le bordj et s’emparent de 45 fusils Lebel et de 10 000 cartouches, puis ils attaquent les Européens et pillent leurs maisons. Au soir, quand le village sera dégagé, on relèvera douze cadavres sauvagement mutilés. A Sillègue, le garde champêtre, M. Mutschler, est tué ainsi que sa femme et le cantonnier. Les maisons européennes sont pillées, puis incendiées.A La Fayette, de gros rassemblements d’indigènes se forment, mais sur l’intervention de l’administrateur, aidé par des notables musulmans, les attroupements se dispersent.Il n’en est pas de même, malheureusement, à Chevreul, à 60 kilomètres au nord de Sétif. A 2 heures du matin, le village est pillé et incendié. La plupart des Européens s’étaient réfugiés à la gendarmerie ; mais ceux qui ne l’avaient pu sont massacrés et mutilés. Le lendemain, quand les secours arriveront, on trouvera cinq cadavres, dont ceux de trois hommes émasculés : le garde forestier Devèze et les agents des Ponts et Chaussées Coste et Bovo, et ceux de deux femmes : Mme Deveze et Mme Bovo, celle-ci mutilée des deux seins. En outre, quatre femmes ont été violées, dont Mme Ruben, âgée de 84 ans, Mme Grousset et sa fille Aline, âgée de 15 ans. Pour ce premier jour, on dénombrera au total, dans la subdivision de Sétif : 84 tués, dont 13 femmes.

Le peloton de la garde arrive à Sétif à 15 h 30. On lit dans le journal de marche de l’unité : » De Sétif, le half-track du capitaine Mazucca repart immédiatement pour dégager Périgotville, qui est encerclée. Son arrivée dans Périgotville coupe court au massacre. A l’arrivée du lieutenant et de sa petite troupe, les assaillants se retirent dans le djebel. Le lieutenant Bentegeat, est dirigé sur Aïn-Abessa, à 18 kilomètres au nord de Sétif. Quand il y parvient, vers 1 heure, la situation est la suivante : depuis la veille au soir, le bordj, où la population européenne s’est réfugiée et dont la défense a été organisée par le chef de brigade de gendarmerie, est assiégé par un millier d’indigènes conduits par Debache Seghir, membre influent des  » Amis du Manifeste « . Ils arrosent le bâtiment de rafales de mitraillette et de coups de fusil. A l’arrivée du lieutenant et de sa petite troupe, les assaillants se retirent ». Une patrouille envoyée dans le village délivre la famille Heyberger, également assiégée dans sa maison. La patrouille arrête plusieurs des assiégeants, pris les armes à la main, dont le secrétaire général des » Amis du Manifeste « . En fouillant le village, on découvre le cadavre de M. Fabre, tué à coups de pistolet et de gourdin.

 

Autre délivrance : le 9 au matin, le lieutenant Poutch est envoyé avec un petit détachement sur Kerrata. Il fait irruption dans le village en plein massacre ! Son arrivée y met fin. On lit dans, son rapport : » Nous trouvons cinq cadavres, dont ceux du juge de paix, M. Trabaud, et de sa femme. Vingt personnes se trouvent sur le toit d’une maison en flammes. Je réussis à les sauver, et, après avoir dispersé à la mitrailleuse les assassins, je rassemble la population européenne au château Dussaix, sous la protection des gendarmes. »

Autre sauvetage de justesse celui de Chevreul. Nous avons vu que, le 8 mai, les habitants européens, qui avaient échappé au premier massacre, s’étaient réfugiés à la gendarmerie, où se trouvaient en dépôt les armes du centre de colonisation. Les deux gendarmes du poste les avaient distribuées aux hommes. La gendarmerie fut investie et le siège commença. Pendant toute la journée du 9, les insurgés, postés aux alentours, tirèrent sur les fenêtres. Ils coupèrent la conduite d’eau, privant les assiégés d’eau potable. Dans la soirée du 9, ils parvinrent à s’emparer du rez-de-chaussée. La défense se concentra alors au premier étage. Ce n’est que le 10 au matin qu’arrive devant Chevreul le détachement du commandant Rouire (une section de half1racks et une compagnie de zouaves). Le commandant envoie une section à l’est du village et une autre à l’ouest pour le cerner. La section de l’est met en fuite les rebelles et capture des bourricots chargés de tapis et autre butin, que les pillards abandonnent.

 » J’entre moi-même dans le village avec les half-tracks, relate le commandant, et je marche sur la gendarmerie.

A notre arrivée, la joie et l’émotion sont intenses. Les habitants, hommes et femmes, sont émus jusqu’aux larmes d’avoir été sauvés in extremis, car les rebelles avaient déjà répandu de l’essence au rez-de-chaussée. »

 

Colonel Adolphe GOUTARD

 

NB : Certes, la répression a été dure, mais les moyens dont disposait celui qui était chargé d’arrêter les meurtres d’Européens et les actes de sauvagerie qui les accompagnaient et de rétablir l’ordre et la sécurité dans un immense pays, étaient extrêmement réduits.

Colonel Groussard : » Une répression est d’autant plus sévère que les moyens sont faibles »

Mais ces événements allaient servir à la propagande des excitateurs des foules musulmanes. » Lancé par la radio du Caire, le mythe de la » répression massive ayant fait des dizaines de milliers de victimes innocentes » fut sans cesse repris, par la suite, au point de convaincre le monde de son effroyable réalité. A la fin des troubles, si ceux-ci s’étaient clos par un véritable massacre de musulmans, on n’aurait pas vu chose tout à fait exceptionnelle -le cadi de Constantine venir inviter le général Duval, de même que le général Henry Martin, de passage, assister à la cérémonie organisée à la mosquée pour remercier le » Tout-Puissant d’avoir rétabli la paix « . Et la cérémonie se déroula sans incident, dans le plus grand recueillement.séttif mai 1945k

Voir en ligne : http://lesamisdalgerianie.unblog.fr...