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Pentecôte

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Publié en juin 2019

Grégoire-de-Nysse

Michel Garroté, réd en chef –- La Pentecôte, du grec ancien πεντηκοστὴ ἡμέρα / pentêkostề hêméra, « cinquantième jour », est une fête chrétienne commémorant la venue du Saint-Esprit cinquante jours après Pâques sur les apôtres de Jésus de Nazareth et les personnes présentes avec eux, rapportée dans les Actes des Apôtres. Cette fête tire son origine de la fête juive de Chavouot ou fête des Semaines. La Pentecôte se célèbre le septième dimanche, soit le cinquantième jour à compter du dimanche de Pâques. Elle se poursuit le lendemain, dans certains pays, par un lundi férié ou chômé, dit « Lundi de Pentecôte ».

Père de l’Eglise au IVe siècle, Saint Grégoire de Nysse, le plus jeune des trois Pères Cappadociens avec Basile le Grand et Grégoire de Nazianze, se révèle un fin politicien ecclésiastique, recherché et influent, un théologien expert, un orateur, un prédicateur et un exégète estimé. Grégoire de Nysse (petite ville entre Césarée et Ancyre) est l’un des jeunes frères de Basile le Grand, évêque de Césarée en Cappadoce, au cœur de la Turquie actuelle. Saint Grégoire de Nysse est connu entre autre pour son homélie sur la Pentecôte.

L’homélie sur la Pentecôte de Saint Grégoire de Nysse :

La cithare de David, toujours si harmonieusement accordée avec son sujet, donne au contenu de toute fête un éclat tout particulier. Laissons donc le chant de ce même prophète, entonnant avec le plectre de l’Esprit sur les cordes de la Sagesse, illustrer pour nous la grande fête de la Pentecôte, laissons-lui nous dire, sur l’air de cette mélodie divine, le psaume en rapport avec la grâce de ce jour : « Venez crions de joie pour le Seigneur ! ». Mais songeons auparavant à nous enquérir de la nature de cette grâce puis à adapter les paroles du prophète au sujet de notre discours ; qu’il me soit permis aussi, par la même occasion, de vous exposer selon un ordre logique l’opinion sur la matière : au commencement du monde, l’humanité était plongée dans l’erreur au regard de la connaissance de Dieu.

Négligeant le Seigneur de l’univers, les uns adoraient par méprise les phénomènes naturels de ce monde, les autres rendaient un culte aux créatures démoniaques ; toutefois, la plupart étaient d’avis que Dieu résidait dans les images sculptées des idoles et, pour la vénération de ces prétendus dieux, on vit surgir autels, temples, célébrations à mystères, victimes, sanctuaires, statues et autres choses du même ordre. Aussi, c’est d’un œil bienveillant que le Maître de la nature contemplait la corruption naturelle des humains et conduisait progressivement leur vie de l’erreur à la connaissance de la vérité. Ils étaient comme ces personnes tiraillées par une longue faim et revigorées par une prescription médicale, qui ne se jettent pas aussitôt à manger jusqu’à satiété (eu égard à leur faiblesse), mais qui ne se rassasient pleinement, si elles le désirent, qu’une fois en pleine possession de leurs forces, par l’absorption de quantités de nourriture raisonnables. L’exemple vaut aussi pour le genre humain, au moment où il était épuisé par une faim effroyable, et que l’économie divine le fit participer à la nourriture des mystères.

Car ce qui nous sauve, c’est cette force de vie en laquelle nous avons foi sous le nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Cependant, le genre humain, à cause de la faiblesse d’âme qu’avait provoquée sa famine, était incapable d’englober la totalité. D’abord, abandonnant le polythéisme, il s’accoutuma grâce aux prophètes et à la loi, à ne considérer qu’une seule divinité, et à ne concevoir en elle que la seule puissance du Père, incapable qu’il était, comme je l’ai dit, de contenir la nourriture parfaite. Puis le Fils Monogène fut révélé par l’Évangile à ceux que la loi avait préparés. Ce n’est que par la suite que fut accordée à notre nature la nourriture parfaite, en qui réside la vie : l’Esprit Saint. Tel est le sujet de la fête d’aujourd’hui. Aussi nous faut-il, à nous les choreutes de l’Esprit, obéir à la voie du coryphée de ce cœur spirituel : « Venez crions de joie pour le Seigneur ! », or, « le Seigneur est Esprit », comme le dit l’apôtre.

Cinquante jours se sont en effet écoulés aujourd’hui au calendrier de l’année, depuis la fête de Pâques, et c’est à l’heure où nous sommes, la troisième, que fut accordée la grâce indicible. C’est alors que l’Esprit Saint se mêla de nouveau à l’humain, lui qui avait fui loin de sa nature parce qu’elle n’était devenue que chair. Lors de sa descente, il mit en fuite par la force de son souffle les puissances spirituelles du mal, il chassa des airs tous les démons impurs, et les hommes qui se trouvaient au dernier étage de la maison se virent investis par la puissance de Dieu qui avait l’aspect d’un feu. Comment penser, en effet, qu’on puisse prendre part à l’Esprit Saint si on ne réside pas soi-même au sommet de sa propre vie ! Quiconque connaît les choses d’en haut transformera son mode de vie terrestre en mode de vie divin, et ce n’est qu’en devenant l’habitant du dernier étage de cette sublime cité qu’il participe à l’Esprit Saint.

Les Actes des apôtres nous racontent qu’alors que les disciples [du Seigneur] étaient assemblés au dernier étage d’une maison, un feu pur et immatériel, sous la forme de langues, se répartit sur chacun d’eux, autant qu’ils étaient. Et les voilà qui se mettent à parler la langue des Parthes, des Mèdes, des Élamites et des autres peuples, adaptant à leur gré leurs paroles au parler de chaque peuple, « Mais, dans l’assemblée, j’aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence pour instruire les autres que dix mille en langues », ainsi parle l’apôtre. Toutefois à ce moment, il se révéla avantageux que ceux qui allaient prêcher adaptassent leur langue à celle des autres nations, pour que leur prédication ne restât pas sans effet sur ces peuples qui ignoraient [la langue des apôtres]. Cependant maintenant, puisque nous en utilisons une seule, il nous faut partir à la recherche de cette langue de feu de l’Esprit, afin d’éclairer ceux que l’erreur a plongés dans les ténèbres.

Que David nous en indique donc le chemin et avec lui l’apôtre [Paul]. Le psaume, en effet, qui au début nous livrait une parole de joie dans le Seigneur : « Venez crions de joie pour le Seigneur ! », n’est pas la seule voie qui conduit à la glorification de l’Esprit ; mais c’est bien davantage de ce qui va suivre que nous apprendrons son caractère divin : je vais vous exposer les paroles du prophète auxquelles souscrit aussi l’illustre apôtre ; elles nous disent : « Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs comme cela s’est produit dans la querelle, au jour de la tentation dans le désert où vos pères me tentèrent ». Se rappelant ces paroles, le divin apôtre s’exprime ainsi : C’est pourquoi, comme le dit l’Esprit Saint … », et ayant dit cela, il cite les paroles du prophète, les appliquant à la personne de l’Esprit Saint. Qui est donc celui que les pères tentèrent dans le désert ? Qui irritèrent-ils ? Apprenez-le donc du prophète : « Ils tentèrent le Dieu Très-Haut ». Or l’apôtre, en introduisant la personne de l’Esprit, lui fait dire ces mêmes mots et affirme : « C’est pourquoi, comme le dit l’Esprit Saint, comme au jour de la tentation dans le désert, où vos pères me tentèrent ».

Or de celui que le prophète a appelé le Dieu Très-Haut, le saint apôtre dit qu’il est l’Esprit Saint. Y a-t-il encore des sceptiques ? Considérons alors de nouveau ce qui a été dit : « C’est pourquoi, comme le dit l’Esprit Saint, n’endurcissez pas vos cœurs comme cela s’est produit dans la querelle, au jour de la tentation dans le désert où vos pères me tentèrent ». Le prophète affirme que celui qui a été tenté est le Dieu Très-Haut ; la bouche des Pneumatomaques est donc fermée, elle qui blasphème contre Dieu, alors que l’apôtre et le prophète proclament l’un et l’autre, par ce qu’ils ont dit, la divinité de l’Esprit : le prophète ne dit-il pas : « Ils tentèrent le Dieu Très-Haut », et ne prononce-t-il pas ces paroles : Vos pères me tentèrent dans le désert », comme venant de Dieu ? Le grand [apôtre] Paul les attribue à l’Esprit Saint pour qu’il soit manifeste qu’il est le Dieu Très-Haut ?

Voient-ils vraiment ces gens, ennemis de la gloire de l’Esprit, la langue de flammes contenant les paroles de Dieu illuminer ce qui restait secret ? Ou se moqueront-ils de nous comme de gens ivres de vin doux ? Mais quoi qu’ils disent, suivez mon conseil, mes frères : ne craignez pas leurs injures, ne vous laissez pas abattre par leur mépris. Puisse-t-il un jour leur parvenir aussi ce vin doux, ce vin tout nouvellement pressé et qui jaillit du pressoir, que notre Seigneur a foulé avec l’aide de l’Évangile, pour que nous buvions le sang de sa propre grappe. Puissent-ils eux aussi être emplis de ce vin nouveau, qu’ils appellent vin doux, mais que le mélange des cabaretiers avec l’eau hérétique n’altère pas.

Ils seraient alors entièrement emplis de l’Esprit qui aide ceux qui bouillonnent de ferveur pour lui à rejeter la lie fangeuse de l’impiété. Mais ces hommes ne peuvent recueillir en eux ce vin doux, car ils transportent encore la vieille outre qui est incapable de contenir un vin tel que celui-là et que brise la fissure de l’hérésie. Quant à nous mes frères, « crions de joie pour le Seigneur ! » comme dit le prophète, et buvons la douceur de la piété, comme le recommande Esdras (en hébreu : עזרא – Ezra). Remplis de ce bonheur par le chœur des apôtres et des prophètes, crions de joie pour le don de l’Esprit et réjouissons-nous de ce jour qu’a fait le Seigneur, dans Jésus-Christ notre Seigneur à qui appartient toute gloire pour l’éternité. Amen.

Reproduction autorisée avec mention :

M. Garroté réd chef www.dreuz.info

Et sources :

http://www.cathoweb.org/catho-bliotheque/lecture-spirituelle/docteurs-et-pere-de-l-eglise/homelie-sur-la-pentecote-saint.html

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/la-vie-spirituelle/saintete-et-saints/saints/saint-gregoire-de-nysse-vers-335-394.html


Voir en ligne : http://www.dreuz.info/2014/06/pentecote/