Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

PHILIPPE CASTILLE

, popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Par Michel DELENCLOS chercheur en histoire – Biographe

«Nous voulions simplement que l’Algérie reste française…Je ne suis pas passéiste »

CASTILLE Philippe né à Mailly-Champagne (Marne), décédé à Perpignan (23.03.1926-15.12.2015) Une bénédiction religieuse est célébrée le 18.12.2015 en l’église Saint-Jacques, à Canet-en-Roussillon village suivie de l’inhumation, au cimetière de Formiguères 

 Fils d’Amédée Henri et d’Henriette, Alexandrine, Zélia Hemy. Mari de Raymonde Doumergue d’origine Pied-Noire : décédée en 2006. Résistant. Parachutiste au 11è Choc détaché auprès du «SDECE». (1) Capitaine de réserve. Membre de l’Organisation de résistance de l’Algérie française «ORAF» (2) dont il est le cofondateur avec René Knecht.

 Il arrive de métropole en mars 1950 et s’installe à Aïn-Taya (Algérie française). Inspecteur commercial à la Sté. Algérienne Renault à Alger, grâce au cousin de René Knecht, Paul Virvaire, qui en est le concessionnaire. Père d’Olivier, Isabelle, Guillaume, Xavier et Aude. Le 10.08.1956, Michel Fechoz, représentant chez Renault, dépose une charge de plastic rue de Thèbes au nom du "Comité des 40" dirigé par André Achiary.

 En décembre 1956, Castille participe à une réunion préparatoire à l’attentat au bazooka contre le général Raoul Salan, avec notamment le médecin René Kovac. Puis le 16.12.1956, il rencontre avec Kovacs, le général René Cogny avec Pascal Arrighi, Alain Griotteray. Castille participe à l’attentat à la roquette contre Raoul Salan, le 16.01.1957. Lors de cet attentat, le commandant Rodier qui se trouvait à la place de R. Salan, est tué. Salan se trouvait alors au Gouvernement général d’Alger, avec le ministre résidant, Robert Lacoste.

5

Le lance-roquette, tel que les enquêteurs l’ont trouvé.

 Est arrêté le 26.01.1957. Puis, il est transféré et incarcéré à la prison de Fresnes le 01.04.1958, avec Michel Fechoz, Christian Tronchi, horloger, Gabriel Della Monica, sapeur-pompier, et Ange Gaffory, ajusteur mécanicien. En vertu de l’ordre d’informer no 285 du 18.02.1957, Castille est inculpé d’association de malfaiteurs, homicide volontaire, tentative d’homicide, destruction d’immeuble par engin explosif. Le 06.12.1957, dans «L’Écho d’Alger» dont le directeur est Alain de Sérigny, on relève un article intitulé «Alerte aux Algériens ou le chemin de la trahison» : «Tant que l’Algérie est terre française, tant que la loi en Algérie est la loi française, le combat pour l’Algérie française est le combat légal, l’insurrection pour l’Algérie française est l’insurrection légitime. Si l’on pouvait réussir par quelque procédé à retourner l’égalité, à renverser la légitimité, les ennemis de la France, les traîtres à la France auraient partie gagnée.». Ce coup de semonce est signé du sénateur de l’Indre-et-Loire, Michel Debré, qui avait insisté pour que ce message soit diffusé dans «L’Écho d’Alger» comme l’a prouvé A. de Sérigny, qui avait conservé l’original de la lettre de M. Debré, dans «Le Monde» du 17.09.1980.

6

Le 18.08.1958 : lors du procès du Bazooka contre le général Raoul Salan. De gauche à droite : Michel Fechoz, Gabriel Dellamonica, Christian Tronchi, Ange Gaffory, P. Castille.

 Lors du procès, P. Castille déclare notamment : «…Je ne savais pas qu’un commandant avait été tué. Je n’ai aucune autre déclaration à faire sinon de vous préciser que notre but n’était pas de tuer, mais de provoquer une explosion spectaculaire au sein même du haut commandement dans l’espoir de voir réagir et l’opinion publique et les éléments sains de l’armée.». Philippe Castille est alors condamné le 15.10.1958 par le Tribunal permanent des forces armées «TPFA» à 10 ans de travaux forcés lors du procès à huis clos. Est libéré de l’hôpital Mustapha où il est soigné le 26.01.1960 par un groupe du «FNF» dirigé par Jo Rizza sur ordre de Pierre Lagaillarde, puis, il choisit la clandestinité. Il est alors hébergé par Claude Piegts sous le pseudo de Jacques Berthier.

 Quitte l’Algérie en avril 1960 à bord d’un cargo et regagne Madrid où il démarche pour le compte d’un institut de commerce. Il y retrouve, accompagné de M. Fechoz, le général R. Salan le 14.02.1961 à Madrid. Lors de la révolte militaire, avec M. Fechoz, il quitte l’Espagne pour rallier l’Algérie à bord d’un bateau, mais, pris dans une tempête, ils rebroussent chemin. Castille transmet une lettre datée du 13.07.1961 rédigée par Pierre Lagaillarde et destinée à Jean-Jacques Susini. Incorporé au sein de l’OAS-Métro, il entre en France, venant de Madrid, le 16.12.1961 et s’intègre dans cette nouvelle structure clandestine, au sein du réseau "Mission III" du "Monocle", alias André Canal. Organisateur, avec Jean-Marie Vincent, de commandos de plastiqueurs dans Paris. Est arrêté le 30.01.1962, au bar le "Pam- Pam" à Paris, avec R. Barbera-Vilar, grâce à l’indicateur Raymond Monnier, par les hommes du commissaire Honoré Gevaudan. Lors de son arrestation, il est détenteur de deux fausses identités : Jacques de Kermadec et Jacques Berthier.

 Ce 30.01.1962, J-M. Vincent, qui était entré dans le bar pour l’informer de la présence de policiers, échappe à l’arrestation. Les policiers découvrent qu’il projetait un attentat contre le colonel de gendarmerie Georges Debrosse et s’apprêtait à plastiquer des permanences du «PCF». Est condamné le 05.09.1962 à 20 ans de réclusion criminelle.

 7

André Canal dit «Le Monocle» (arrêté à Paris le 04.05.1962) et P. Castille au pénitencier de l’Ile-de-Ré.

8

Philippe Castille et Michel Conord

9

P. Castille, au dernier rang au centre, une pipe à la main droite.

 P. Castille effectuera une tentative d’évasion du pénitencier de l’Ile de Ré, le 07.07.1963, avec une fausse mitraillette en bois, en compagnie d’Arnault Iannarelli, Jean-Marie Vincent, Angel Joachim Torregrossa, Jean-Claude Le Gal et Enea Cella. A la suite de cette tentative, et, considéré comme le promoteur, Castille purgera une peine d’isolement de 18 mois à la prison de Caen. Libéré le 22.03.1968 de St. Martin-de-Ré, en même temps que A. Canal et le lieutenant Daniel Godot. Directeur commercial d’une entreprise de meubles. Artisan peintre sur verre.

10

Le 01.01.1988 : publication de «Bazooka. La confession de Philippe Castille», par Bob Maloubier, préfacé par Jean Lartéguy, Ed. Filipacchi.

11

Mme. Argoud, le colonel Antoine Argoud, P. Castille à Darney.

 Membre actif de l’ADIMAD-Sud. Membre du Comité pour la réalisation de la stèle à la "Mémoire des 4 fusillés pour l’Algérie française", officialisée le 26.12.2001 par le maire de Perpignan Jean-Paul Alduy. Le 05.07.2003, au cimetière de Perpignan, Castille est présent à l’inauguration de la stèle aux «Martyrs tombés pour l’Algérie française», aux côtés de Jean-François Collin, Pierre Sidos, Jacques Zajec, etc. Le 24.10.2004, il est présent au colloque de Perpignan qui a pour thème "Les disparus en Algérie" et au cours duquel il tient un stand proposant ses vitraux qu’il réalise lui-même.

12

Philippe Castille

 Le 20.11.2008, dans «Le Point» n° 1888, il témoigne : "Nous voulions simplement que l’Algérie française reste française". Nous avons échoué. Mais je ne suis pas passéiste. Je ne vis pas le cou tordu en arrière...On ne sort pas du 11è Choc (service d’action du «SDECE»). En Algérie, en 1956, la police nous donnait des informations sur les réunions du «FLN» qu’il fallait plastiquer. C’est comme ça que j’ai fait sauter l’imprimerie de F. Abbas.» ; niant avoir participé à l’attentat du bain maure de la rue de Thèbes, il précise : «J’ai bien préparé la charge, mais je ne l’ai pas posée.» ; à propos de l’attentat au bazooka contre le général Salan, il déclare : «Salan, on n’était vraiment pas chauds. Mais nos chefs pensaient qu’il serait le fossoyeur de l’Algérie et qu’il fallait l’éliminer. J’ai été arrêté et j’ai fait 15 mois de prison.».

(1) «SDECE» : Service de documentation extérieure et de contre-espionnage. Créé par décret du 04.01.1946

(2) «ORAF» : Organisation de résistance de l’Algérie française. Dès le 16.11.1956, des actions contre-terroristes, avec l’appui du «SDECE» et la bienveillance de l’armée sont menées. Dissoute le 17.12.1956. Les membres poursuivront, malgré tout, leurs activités.

DELENCLOS Michel Chercheur en histoire Biographe. Prix d’Histoire « 19 mars 1962 ? Waterloo »

Bibliographie  :

- De F. Laroche "Le courage est leur patrie", Ed. St. Just, 1965.

- De P. Vidal-Naquet "La torture dans la république", Ed. Minuit, 1972.

- De J. Delarue "L’Oas contre De Gaulle", Ed. Fayard, 1981 et 1994.

- De P. Gauchon et P. Buisson "Oas", Ed. Jpn, 1984.

- De R. Kauffer "Oas", Ed. Fayard, 1986.

- De Bob Maloubier "L’Affaire du Bazooka, la confession de P. Castille", Ed. Filipachi, 1988, préfacé par Jean Larteguy.

- De Duranton-Crabol "Le temps de l’Oas", Ed. Complexe, 1995.

- De A. Deroulede "Oas", Ed. Curutchet, 1997.

- De C. Nick "Résurrection", Ed. Fayard, 1998.

- De A. Figueras "L’Affaire du bazooka", Ed. Deterna, 1999. De G. Fleury "Oas", Ed. Grasset, 2002.

- De O. Dard "Au cœur de l’Oas", Ed. Perrin, 2005.

DELENCLOS Michel : chercheur en histoire – Biographe.

1

Retour DELENCLOS Michel. Chercheur en histoire. Biographe.

Voir en ligne : http://popodoran.canalblog.com/arch...