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ORAN cimetière TAMASHOUËT

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ORAN 1904

ORAN 1904

ORAN 6 novembre 1904

Voici passé avec les premiers frimas, le jour solennel, que la tradition a consacré à la fête des morts. Nombreuses sont les familles qui ont au cimetière un caveau, ou une simple tombe, et dès l’aube, rougissant de ses premières lueurs les vieux murs, la longue procession ,de parents ou d’amis ,s’achemine sur la route poussiéreuse, portant des gerbes de fleurs.

Ici les conversations changent de ton, le bruit des pas s’étouffe, on craindrait de troubler la solitude de ce champ de repos. A l’intérieur, les cyprès touffus, alignés en longues files, le partagent en différentes avenues, bordées de chapelles qui dressent leur sévère architecture à côté de marbres, revêtus d’inscriptions endeuillées.

Plus loin, une infinité de petites tombes, toutes blanches, systématiquement placées, fait involontairement songer à un cimetière de poupées. Hélas ! Ce sont les tout petits, ceux dont les paupières n’ont fait que s’entrouvrir aux rêves de la vie et qui dorment là, bercés par la chanson du vent.

……………..Mais aujourd’hui, les tombes vont se parer comme par enchantement, la terre va se couvrir des fleurs, que de pieuses mains auront, déposées, et la pierre froide, sous la profusion des chrysanthèmes inclinant leurs longs pétales, paraîtra moins triste aux yeux. Puis, les frimas viendront, les fleurs se faneront lentement, une à une, sous les rayons d’un pâle soleil, et dans Tamashouët endormi, la statue d u silence, veillera seule à la porte des caveaux.

Près de la porte d’entrée, un modeste logis attira mes regards. Avisant un vieillard assis sur un escabeau, je m’approchai et, par sympathie naturelle, je l’interrogeai sur ses occupations près de ce lieu de tristesse.

— Monsieur, me répondit-il, je passe mon temps là, tranquillement, à entretenir les tombes que quelques âmes charitables ont bien voulu me confier, et je ne suis guère dérangé que par l’entrée des convois funèbres qui arrivent de temps à autre.

— Vos clients ? Hasardai-je.

Le vieux sourit tristement, et comme je le pressai, il me confia qu’il occupait ses loisirs à élever des lapins et son grand bras étendu fauchant vers le cimetière, m’indiquait que le trèfle et la luzerne ne manquaient point parla. Ainsi donc, pensai-je en m’en allant, voici un vrai sage, vieillissant avec sérénité, ayant pour témoins de ses peines et pour seuls confidents, ces marbres étalant leur lividité à perte de vue, et, qui pense, sans nul doute, que tout est pour le mieux dans la meilleure des nécropoles.

Et j’eus alors l’envie folle de revenir, de lui confier comme un dépôt sacré, une tombe, dans un coin, à l’ombre d’un grand cyprès, ornée de plantes toujours vertes et où je pourrais enfin, voyageur arrivé au terme de la vie, étendre mes membres harassés et m’endormir dans l’éternité.

SlMBAD

Voir en ligne : http://lesamisdalgerianie.unblog.fr...