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Les Pieds-Nickelés diplomates ?

, par  vanneste , popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

piedsnickelesDepuis quatre ans la ville d’Alep est coupée en deux entre la partie ouest qui est sous la protection des forces gouvernementales et l’Est qui était occupé par des rebelles. Cette ville est l’image tragique d’un pays dont les médias ne cessent de déformer la réalité. « Le régime », comme ils disent, ne repose pas sur rien. Installé depuis longtemps, il est le dernier représentant de ces gouvernements nationalistes, appuyés sur un parti unique et qui à l’origine étaient soutenus par l’URSS. Le parti Baas, nationaliste arabe et socialiste, a été fondé par un chrétien, Michel Aflak. Cette formation soutient la famille Assad. Elle fédère beaucoup de ceux qui ne souhaitent pas vivre dans un pays où le sunnisme salafiste imposerait sa loi. Derrière Bachar Al-Assad, il y a donc la communauté confessionnelle à laquelle il appartient, les alaouïtes, mais aussi les chrétiens ou les druzes, et sans doute une bonne partie de la majorité sunnite qui ne désire pas l’instauration de la charia et a vu avec crainte ce que les partis religieux ont imposé aux Etats dans lesquels ils avaient pris le pouvoir tombé des mains d’un dictateur. Ni l’oppression des Frères Musulmans dont le Maréchal Al-Sissi a délivré l’Egypte, ni le chaos libyen, ni le totalitarisme religieux des pays du Golfe qui alimentent la rébellion ne tentent les Syriens. 60% de la population habite dans la Syrie utile contrôlée par le pouvoir légal. A Alep-Ouest, la victoire de l’armée nationale sur les rebelles a été fêtée.

L’engagement unilatéral de la France de François Hollande aux côtés des Etats-Unis, de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite avec l’obsession de faire tomber Bachar présenté comme un monstre assoiffé de sang est une faute politique lourde. Le régime ne tient pas un homme, mais dispose d’un ancrage réel dans le pays. L’attaquer en étant complice d’une stratégie américaine folle qui pour lutter contre l’URSS d’abord, puis contre la Russie ensuite, a développé et armé le djihadisme, ne sert nullement les intérêts de la France. Condamner une dictature laïque qui ne présentait aucun risque pour les puissances occidentales en s’alliant à des monarchies absolues théocratiques qui, au moins indirectement, financent le terrorisme, relève de l’aveuglement ou de l’hypocrisie. L’absence de solution politique crédible, la croissance des groupements religieux fanatiques, qui ont pris la plus grande place dans la rébellion, auraient dû faire abandonner cette voie. Le gouvernement français s’est entêté à la poursuivre, encore récemment, par des discours véhéments à l’encontre de Damas ou de Moscou. Or, l’engagement résolu de la Russie, acculée depuis des années par la stratégie américaine, pour desserrer l’étau en défendant son allié méditerranéen, aurait dû nous conduire à plus de réalisme. En prétendant une nouvelle fois imposer une révolution à un Etat souverain, en négligeant ses frontières, en aidant par les armes et par la formation les rebelles sur son territoire, les « occidentaux » ont une lourde responsabilité dans les souffrances du peuple syrien. La désinformation systématique dont les grands médias nous ont abreuvés ont donné à penser qu’un régime ultra-minoritaire était rejeté par tout un peuple et que la rébellion exprimait l’envie démocratique des Syriens. Elle a également cherché à faire croire qu’il y avait les affreux terroristes de daesh et les gentils rebelles de l’ASL. C’était faire oublier que l’ASL est un fantôme et que la rébellion à l’ouest de la Syrie est également constituée de djihadistes, ceux par exemple, d’Al-Qaïda, affublés d’un autre nom et que nous avons aidés.

L’effondrement de la rébellion à Alep a provoqué une multiplication d’initiatives : discours apocalyptiques, manoeuvres onusiennes, rumeurs alarmantes et jusqu’à une surprenante distraction des aviations alliées qui a permis à l’Etat islamique de réinvestir Palmyre en traversant le désert. Trois députés français que leur conscience taraudait sans doute depuis quatre ans ont voulu sauver Alep en compagnie d’un prétendu « maire d’Alep-Est »qui n’y vit pas. Alors qu’une grande partie de la population s’était déjà réfugiée dans les quartiers tenus par l’armée et que le dernier bastion rebelle se fissurait, ils ont accompli la démarche décisive d’aller jusqu’à la frontière turque, pour s’informer et pour rentrer à Paris sans bien sûr être allés à Alep. Ou il s’est agi d’un acte destiné à se faire valoir, et compte tenu de la souffrance d’un pays en guerre, ce n’est pas digne. Ou, ce qu’il faut espérer, cette mésaventure un peu ridicule a reposé sur une totale inconscience : méconnaissance de la réalité du terrain qui les empêchait évidemment de gagner un secteur rebelle totalement encerclé, surestimation du pouvoir de trois parlementaires français sur les décisions des Etats ou de l’Onu, irrespect total du droit international qui conduit à choisir arbitrairement qui est légitime et qui ne l’est pas. La Turquie occupe à présent une petite partie du territoire syrien sans que le gouvernement légal l’y ait invité. Les Russes qui interviennent à la demande de ce gouvernement peuvent parfaitement bombarder les zone rebelles qui séparent l’armée turque de la ville d’Alep tenue par l’armée régulière. Il eût été plus sérieux et plus efficace pour nos trois députés de souhaiter, comme d’autres l’ont fait, être reçus par le Président syrien et de lui demander de permettre aux civils de quitter le réduit rebelle. Mais l’accord permettant le départ des civils et des rebelles a été obtenu par l’intermédiaire de la Russie et de la Turquie. Tous les pieds nickelés du monde n’y sont pour rien !

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...