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Le ridicule ne tue plus, hélas !

, par  NEMO , popularité : 3%
NJ-Ile de France

Vendredi dernier, les people auto-satisfaits infligeaient à une France résignée la cérémonie des César. Si le ridicule tuait encore, c’aurait été une hécatombe.

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Ils sont venus. Ils étaient tous là, arborant tous et toutes, le défi aux forces obscures dans leur fier regard, le ruban blanc qui les désignait à l’admiration des masses. Oyez, oyez, gueux et gueuzes : ces gentilshommes et ces gentes dames qui se donnent en spectacle à vous sont le fer de lance de la lutte contre les violences faites aux femmes, comme ils étaient l’an dernier les remparts contre l’homophobie, l’année d’avant les hérauts du combat contre le sida, n’hésitant pas à payer de leur personne, au risque inouï de déranger leur brushing. Honte à vous, populos sans cœur, égoïstes, xénophobes, ratatinés sur un monde étriqué, admirez, applaudissez, et prenez exemple.

Ah, qu’ils étaient beaux, qu’elles étaient belles, qu’ils respiraient la prospérité, la bonté, l’ouverture et le courage. Le courage, surtout, c’est ce qui les caractérise avant toute autre louange.
Il y eut Marion Cotillard, courageuse au-delà de la raison, pour avoir osé se vêtir (ou se dévêtir, on ne sait pas trop) d’une robe de grossesse indescriptible, qui dévoilait ses jambes (tout à fait acceptables) jusqu’au pubis. Le message de notre Jeanne d’Arc contemporaine était lumineux : ma robe ne vous plait pas ? Elle vous parait ridicule ? Pousse au viol ? Je vous emmerde, harceleurs, violeurs et frotteurs, je suis enceinte, et alors ? Je m’habille comme je veux, et je vous interdis de me regarder. Sinon, j’appelle le 3117, et vous allez voir ce qui va vous tomber sur la tête !

Il y eut, à la surprise générale, le César du meilleur film pour l’inattendu (je plaisante, c’était couru d’avance) « 120 battements par minute », le combat d’Act Up contre ces vilains cathos homophobes qui laissaient cyniquement mourir les malades, convaincus que le Sida était un fléau envoyé par Dieu pour punir les sodomites. Le petit discours gnangnan du co-scénariste de la chose, Philippe Mangeot, ex président d’Act Up Paris, osant un amalgame entre le sort des homosexuels et l’accueil des migrants –le pauvre, s’il savait ce que les « migrants » pensent des hommes qui couchent avec des hommes, et des femmes européennes en général- m’a rappelé le Sidaction de 1996, au cours duquel le gentil Douste-Blazy, alors ministre de la culture (on se demande bien ce qu’il avait fait pour mériter ça), s’était fait agresser par le président d’Act Up de l’époque, Christophe Martet, et l’ami de celui-ci, un certain François, aux cris de « pays de merde », « gouvernement assassin », et autres hululements d’orfraie…

Bon, je n’ai pas suivi toute la cérémonie, je ne suis pas assez bien payé pour ça, mais j’ai bien aimé l’absence d’Albert Dupontel. J’éprouve une admiration jusqu’à ce jour inconditionnelle pour tout ce qu’il a fait. Son adaptation du roman « Au revoir là-haut », est, à mon avis, supérieure à l’original. Qu’il ait refusé de s’associer à cette mascarade, au prétexte de son agoraphobie, mais plus sûrement sans doute pour ne pas avoir à épingler cette déjection de mouette sur son smoking, en dit énormément sur la chape de bienpensance qui pèse sur nos consciences : imaginez que Dupontel ou un autre invité se soit présenté non enrubanné à la cérémonie, il était aussitôt et définitivement pulvérisé façon puzzle.

Alors, que celui qui, à leur place, aurait osé braver l’injonction, leur jette la première pierre.

P.S. Isabelle Hupert, qui s’était pointée à la cérémonie des Golden Globes toute vêtue de blanc, ignorant que le dress code était le noir, en signe de solidarité avec les femmes maltraitées par les hommes (pourquoi noir, d’ailleurs ? N’y aurait-il pas là une crypto-stigmatisation des hommes de la couleur en question ?), a été priée d’aller se rhabiller, ce qu’elle a fait.