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La droite brûle-t-elle ?

, par  vanneste , popularité : 5%
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Guy Mollet lorsqu’il était à la tête de la SFIO, l’ancêtre du Parti Socialiste, dont le grand rival était le Parti Communiste, avait un jour lâché que ce dernier n’était pas à gauche, mais à l’Est. Clairement, cela voulait dire que les communistes étaient davantage tenus par leur soutien à l’Union Soviétique que par leur souci du progrès social. Mais cette saillie dans un contexte d’un autre âge possède encore la vertu de souligner qu’une position politique est toujours définie par son rapport aux autres. Les responsables politiques ont donc l’alternative, soit de mettre l’accent sur le caractère purement spatial de leur position, soit de fournir une explication idéologique de celle-ci. Tant que la politique est une affaire sérieuse entre des partis menés par des chefs qui privilégient leurs valeurs et non leurs carrières, les idées l’emportent. Lorsqu’elle n’est plus qu’un jeu, un jeu de go et un jeu de rôles, alors ne subsistent que la géométrie ou la géographie. Dire que le Parti communiste était à l’Est, contrairement à l’apparence, ce n’était pas de la géographie, car cela signifiait qu’il était une menace pour les libertés puisqu’il était le complice intérieur de la dictature totalitaire qui menaçait alors le monde libre. Le débat qui se développe aujourd’hui à droite, chez Les Républicains, paraît ne relever que du positionnement dans l’espace au détriment des thèmes et des idées.

Dans l’invincible armada de l’ex-UMP, désemparée après son débarquement raté sur les rives du pouvoir, la dérive « spatiale » est totale. Elle tient à l’histoire du mouvement, au vide intellectuel qui s’y est installé, et à la tactique de ses chefs potentiels. Parler de stratégie serait leur faire un honneur immérité. L’UMP a été historiquement fondée par la réunion du RPR, gaulliste, majoritairement conservateur, réservé sur l’Europe, et de l’UDF, elle-même très divisée, avec toutefois une dominante pro-européenne et libérale. Le mariage pouvait être réussi en associant le conservatisme sociétal et la prudence européenne du RPR (non son hostilité) au libéralisme économique de l’UDF. Le RPR a semblé être le bénéficiaire du contrat puisque deux de ses membres éminents sont devenus Présidents de la République. Mais cela s’est fait au prix du renoncement aux thèmes et aux idées qui étaient celles de la formation néo-gaulliste. En fait, l’UMP est devenue une machine destinée à prendre le pouvoir et à le conserver, l’essentiel étant, pour ses personnalités en vue, de s’emparer de l’appareil pour saisir le pays ensuite. Dès lors, le positionnement l’a emporté sur la réflexion idéologique. Le candidat au pouvoir suprême cherchait à se situer par rapport aux sondages, aux alliances, aux reports de voix, et non dans la perspective des besoins réels du pays. Le rejet obsessionnel du Front National par peur de perdre le « centre » au profit d’une troisième voie a dominé de 1988 à aujourd’hui. Chirac, pourtant bien parti, avait dès 1988 opéré un déplacement « à gauche » qu’il a accentué jusqu’à la fin. Sarkozy, qui avait réussi une élection clairement conservatrice, a assumé une présidence qui ne l’était pas. Les idées s’étaient noyées dans les méandres des choix tactiques effectués de plus en plus à court terme. Fillon a plus ou moins repris le chemin de la droite des idées, mais en se trompant de champ de bataille, mettant l’accent sur l’économie, et multipliant les réserves à l’encontre des conservateurs qui le soutenaient vigoureusement. Lorsqu’il a coulé sur le récif du « Pénélopegate », il avait perdu tous ceux que son libéralisme inquiétait sur le plan social, le centre libéral toujours allergique au conservatisme, et les électeurs patriotes qui le jugeaient trop mou. Le résultat de cette évolution calamiteuse est le paysage ravagé de la droite actuelle : la troisième force s’est constituée, et s’appelle « En Marche ». Entre celle-ci et le Front National, une lanterne à la main, les politiciens qui s’en réclament cherchent une droite disparue.

Jamais sans doute on n’a entendu autant le mot « droite » à droite. Méfiance, toutefois ! La surabondance d’un mot cache souvent la disparition de ce qu’il désigne. On veut « sauver la droite ». On la veut de retour. On veut lui rendre sa fierté. Mais c’est aussitôt pour dire qu’il faut la refonder en réfléchissant sur ses fondamentaux. Il est quand même étrange que des professionnels de la politique au beau milieu de leur carrière se disent brusquement qu’il faudrait savoir quelles idées les animent. Cette première orientation conduit les candidats à la présidence du mouvement à « se positionner », parfois à la suite d’une évolution que l’on veut croire sincère. Ils veulent « rassembler » et sur ce point, Laurent Waucquiez, considéré comme le candidat d’une droite « dure », prête à s’opposer frontalement et avec vigueur à Macron, a réussi un « coup » en étant rallié par une élue réputée très proche de Juppé, Virginie Calmels. Mais, ce ralliement peut aussi signifier la modération des idées, le retour au flou qui a tué le RPR. Une seconde orientation menace en effet l’unité des Républicains : c’est la poursuite du renoncement à être de droite, l’effacement dans le brouillard centriste. De ce côté c’est un festival de mauvaise foi et de vide intellectuel. C’est Pécresse qui veut tellement l’unité qu’elle menace de s’en aller si les militants choisissent un candidat trop clivant. C’est la candidate proche de Bertrand qui veut exclure « Sens Commun » sous le prétexte que celui-ci exclut parce qu’il défend la famille traditionnelle. Désormais, chez ces gens qui ont volé leur élection « à droite », le repoussoir n’est plus le patriotisme du FN, c’est le conservatisme de Sens Commun. Chemin faisant, on arrive, sans transition, aux « constructifs », qui, eux, ne sont toujours pas exclus et sont dans le positionnement « pur » comme le « macronolâtre » Solère, débitant comme un bateleur de foire son boniment du moment, et ramenant Les Républicains à un prétendu ADN fondateur de l’union de la droite et du centre qui se résumerait à la liberté économique et sociétale. Macron est génial puisqu’il va supprimer l’ISF ! Ce discours étonnant de celui qui fut porte-parole de Fillon est particulièrement réducteur.

Être de droite ne consiste pas à n’être pas à gauche, proche du centre et farouchement opposé à l’extrême droite. Cela consiste à être conservateur, attaché aux valeurs traditionnelles, à l’identité culturelle de pays, à l’indépendance nationale, aux valeurs liées à la famille traditionnelle, et à être libéral dans la mesure où la responsabilité personnelle et la liberté de l’exercer sont le fondement d’une économie prospère et d’un pays puissant. Être de droite, c’est, bien sûr, être patriote, sans repousser la solidarité et le partage de politiques communes avec les nations qui appartiennent à notre civilisation. La liberté économique est un élément nécessaire de cet ensemble, un moyen indispensable, mais qui doit demeurer au service du bien commun de la nation. C’est sur cette ligne que la droite doit se reconstruire et si cela chasse les passagers clandestins, la traversée n’en sera que plus heureuse.

 

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...