Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

LES FRANCAIS D’ALGERIE ET LA GRANDE GUERRE 1914/1918 - III (suite)

, par  Cercle Algérianiste d’Aix en Provence , popularité : 7%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Sur 155 000 mobilisés Français d’Algérie, 22 000 laisseront leur vie sur tous les fronts. Pour les indigènes,169 000 mobilisés et 25 000 morts et disparus.

Afin de se représenter cette saignée, il faut citer l’exemple de Gouraya* qui revendique le douloureux honneur d’être la commune de France et d’Algérie ayant perdu proportionnellement le plus grand nombre de ses enfants, toutes races confondues (*cité par Pierre Goinard, Algérie, L’œuvre française )

Voici quelques extraits littéraires produits par l’Algérie, consacrés à la Grande Guerre.

Paul Achard, L’homme de mer - 1931 - Extraits

Sorte "de roman ethnographique" d’un écrivain journaliste, homme de culture, membre du "premier bataillon de l’Algérie littéraire".
.(Remerciements à Pierre Dimech qui a fait connaitre ce texte au Cercle d’Aix).

« La première vague de falzars et de chechias alla se faire hacher sur place à Charleroi. Les aînés se battirent cinq jours et cinq nuits, sur la Marne. Les autres – la guerre en exige toujours d’autres – se trouvèrent partout où il y avait de la casse, en Champagne, dans la Somme, à Verdun.(…)

Sur tous les points du front où l’on attaquait, lequel d’entre les soldats de la guerre peut affirmer qu’il n’a pas vu les Zouaves ? Les Zouaves, c’était fait pour ça. C’avait une vieille réputation. Des fourragères et des médailles, mais pas de secteur fixe. On les demandait partout. C’étaient les « invités ». Et les paquebots sans cesse débarquaient à Marseille et à Toulon des uniformes kaki, sous lesquels des hommes, des enfants même qui s’appelaient aussi bien Cohen que Lopez, Durand, Baltazzi ou Fanatche, allaient se faire tuer, simplement parce que la France en avait besoin (…)

Pendant la guerre, tous les Français n’ont pas été alpins ou coloniaux, mais tous les Algériens ont été zouaves. »

Lucienne Favre, Tout l’inconnu de la Casbah d’Alger – 1933 – Extraits

Dans ce "reportage littéraire" sur la Casbah, le marché aux Puces du Boulevard La Victoire retient l’émotion de l’écrivain lorsque entre en scène une mère algéroise qui a perdu ses deux fils à la guerre.
(Remerciements à Pierre Dimech qui a fait connaitre ce texte au Cercle d’Aix).

« Une autre maniaque assidue à la prospection du Musée de Plein-Vent, c’est la demi-folle dont les deux fils ont été portés disparus à la dernière guerre. Leurs ombres errantes et chères font partie de ce déchet humain dont on ne retrouva jamais les traces vivantes ou funèbres. Fréquemment cette mère qui par ailleurs se montre extrêmement raisonnable (…) vient errer sur ce tertre à la recherche d’une piste impossible, vient flairer chaque lot de débris (…) Dans ce dépotoir d’objets funéraires, elle espère, depuis dix-neuf ans, retrouver les sillages de ses fils disparus. Elle recherche surtout les lettres de soldats, les portraits, les vieux uniformes, les culots d’obus, tout ce qui par le graphique, l’image, la structure, se rapporte à cette chose immonde : la guerre. (…)
Les marchands musulmans ou juifs, retors à l’occasion et même voleurs si l’on consent à se laisser duper, ont un respect pieux pour elle. »

Albert Camus, Le Premier Homme – 1994 - Extraits

« Des vagues d’algériens arabes et français (…) montaient par paquets au feu, étaient détruits par paquets et commençaient d’engraisser un territoire étroit sur lequel pendant 4 ans des hommes venus du monde entier, tapis dans des tanières de boue, s’accrocheraient mètre par mètre sous un ciel hérissé d’obus éclairants, d’obus miaulant …Mais pour le moment, il n’y avait pas de tanière, seulement les troupes d’Afrique qui fondaient sous le feu, comme des poupées de cire multicolores, et chaque jour naissaient dans tous les coins d’Algérie, arabes et français, fils et filles sans père qui devraient apprendre à vivre sans leçon et sans héritage. »

Célestin Jonnart, Gouverneur Général de l’Algérie - Message à l’Algérie au nom du Gouvernement de la République à l’occasion de l’Armistice. 1918

« Les vaillants colons d’Algérie se sont associés durant l’effroyable tourmente qui a bouleversé le monde aux épreuves, aux souffrances et à toutes les espérances de la Mère-Patrie. Leur fils ont héroïquement combattu au premier rang sur tous les champs de bataille et ont magnifiquement contribué à l’éclatante victoire que la Nation salue avec allégresse. La France reconnaissante leur rend l’hommage qui est dû à leur patriotisme (…).
Elle confond dans la même expression de gratitude et de tendresse les populations indigènes qui n’ont jamais douté du succès de la cause du droit et de la justice et ont généreusement sacrifié à sa défense les meilleurs de leurs enfants. »

Voir en ligne : http://congraix.over-blog.com/2017/...