Dès l’ultimatum adressé par l’Allemagne à la France et à la Russie, le 2 août 1914, l’Algérie, comme la métropole, est mise en état de siège et l’ordre de mobilisation générale est décrété.

►L’annonce de la mobilisation est accueillie à Alger et dans toutes les villes d’Algérie dans l’enthousiasme et la détermination de vaincre.

 « La population indigène de la commune mixte d’Azeffoun voyant la situation dans laquelle se trouve leur chère Patrie adoptive, vient offrir au gouvernement français, en échange des bienfaits à eux rendus par ce dernier, son appui dans le cas où son intervention serait jugée nécessaire et utile. De nombreux jeunes indigènes de la région sont prêts à tenir leur place auprès de leurs frères déjà sous les drapeaux et seraient très heureux de voir ses couleurs triompher » - Caïds de Port Gueydon

 « Plusieurs Oranais, qui se trouvant à Alicante lorsque la mobilisation générale est proclamée, n’eurent de cesse que de s’embarquer pour rejoindre l’Algérie, bravant le gros temps » – Le Petit Oranais

►Aussitôt la guerre déclarée, les combattants d’Algérie embarquent pour être envoyés sur le front.

Premières lettres -1914

 Georges Dahenne, maréchal des Logis, de Médéa : « Enfin ! Nous voici dans la situation la plus heureuse pour nos cœurs de Français. Que maman envisage ce départ avec fierté. Deux de ses enfants sont sous les drapeaux. Elle n’a qu’à en être fière. »

 Etienne Préfal, employé au chemin de fer Bône-Guelma, bataillon de Zouaves, écrit de Tunis : « Cher frère, rester ici ce n’est pas ce qu’il me faut, car ma place n’est pas à Tunis ; je suis jeune et je dois partir pour venger l’Alsace … »

 Sadek Bouzidi, sergent au 5ème Tirailleurs : « Je termine en espérant bientôt te rencontrer sur le champ de bataille pour l’honneur de notre France chérie. »

 Toledo Joseph, contremaître des moulins Giraud, caporal au 4è Zouaves : « Après 6 heures de combats, j’ai été blessé au bras gauche, ce qui a nécessité mon transfert à l’hôpital de Bordeaux ; ce n’est rien et je désire retourner au feu, le plus tôt possible. »

 Un caporal du 1erZouaves, de Bouira, « Il y a bien des camarades qui tombent ; j’en ai eu à mes côtés, ce sont des braves et nous qui restons c’est pour les venger »

 M. Marcou, institutrice à Dellys : « J’ai eu l’honneur de vous adresser le 4 courant un paquetage que vous vous chargiez de faire suivre pour mon frère, René Sumian, caporal au 4è Zouaves. J’ai appris hier que le pauvre enfant (il eut 21 ans le 1er octobre 1914) vient d’être tué à l’ennemi le 23 septembre (Aisne) dans des circonstances que mes parents et moi ignorerons toujours peut-être. Je suis pénétré d’horreur et de tristesse en pensant à cette mort cruelle loin d’une mère, d’une sœur, d’un parent qui puisse apporter une consolation suprême. Cette douleur est avivée par le triste souvenir du décès, remontant à quatre mois, de mon frère aîné, âgé de 28 ans, officier interprète, mort des suites d’une maladie contractée au Maroc, et par l’éloignement de mon mari, actuellement dans la ligne en Seine et Marne. J’en viens donc à l’objet de ma lettre. Supprimez l’adresse des colis, si c’est encore possible et disposez des objets qu’il contient selon votre idée. Ma douleur ne doit pas me faire oublier que je puis rendre un bien faible service à un de nos vaillants martyrs ».

Ceci est tiré des travaux effectués par Hélène Martin Berthet du Cercle d’Aix pour la Commémoration du Centenaire de la Grande Guerre, dont on retrouve un article dans la Revue Algérianiste n° 149 et 150