Cette nuit, le cauchemar ! Je suis dans le métro. Un couple monte. Il a une guitare, elle, un accordéon. Ils chantent. « À vot’ bon cœur, M’sieurs dames, la République vous appelle, la démocratie est en danger. La voix de l’UMP ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. » Le côté « Ici Londres ! », les voix tremblantes d’émotion, le pathétique qui, heureusement, sonne faux me font tourner la tête pour voir les visages. Copé et Vautrin : vision d’horreur ! Ils me poursuivent, même dans le métro. Je me réveille en sueur.

Fallait que ça arrive. Je ne peux pas ouvrir ma boîte e-mail sans avoir un message de l’un ou de l’autre. Douze depuis le 5 juillet. Au début, sereins, solennels. Ensuite, assez contents de la mobilisation, puis ça s’angoisse et ça s’emballe : on va pas y arriver avant le 31 juillet. « Vous n’allez pas laisser l’UMP, votre parti, l’opposition disparaître ? » Bon !

Mon parti ? Ils sont gonflés ! Pendant sept ans, GayLib, le mouvement associé qui n’a pas soutenu Sarkozy, le supporter de Laval et néanmoins président des Jeunes Pop et d’autres éminences de ce parti de droite (?), comme NKM, ont voulu m’exclure ou ont prétendu que je n’y étais plus. Ensuite, les incultes qui dirigent ce machin ont vraiment dit qu’ils allaient m’exclure. Manque de bol, j’avais tout bon : pas d’exclusion ! Contrairement à ce qu’affirment des journalistes mal informés ou mal intentionnés !

Et maintenant, ils ont le toupet de me relancer : forcément, je suis toujours dans les fichiers. Je fais partie des 300.000 qu’on annonce, pas des 80.000 à jour. Alors, comme je n’ai eu l’investiture ni en 2007, ni en 2012, vous imaginez l’arnaque : dix ans de rattachement à 44.000 euros de dotation par an. Ils me doivent déjà 440.000 euros ! Et ils s’en sont servis pour soutenir un candidat contre moi. Sans compter le versement mensuel au groupe.

J’ai une pensée émue pour ceux qui donnent. Je pense aux sincères, aux obscurs, aux sans-grade, à ceux qui ont encore la foi et se sont à nouveau fait avoir par la machine publicitaire. Parce que la machine, elle fonctionne bien. Rien à dire. Un mail en moyenne tous les deux jours. Sept de Copé, cinq de Vautrin. Elle ne laisse pas refroidir le client et laboure le marché. Il y a l’appel pour les légitimistes républicains qui ne vont pas accepter la mort de l’opposition et du pluralisme. Il y a celui pour les sarkozystes après le sale coup qu’on a fait à Nicolas. Il y en a pour les affectifs qui ne vont pas tolérer qu’on les prive de leur parti et de leur liberté d’expression. Il y en a pour ceux qui savent compter : encore cinq millions, encore quatre. On n’omet pas les détails pratiques : « N’oubliez pas avant de partir en vacances. » On vise les habitués des soldes : « Attention, c’est fini le 31 juillet. » Mais, surtout, on donne un grand coup de violon destiné à la sensibilité de droite dont la gauche tente de museler le parti qui porte ses valeurs. Ah, ce génie des slogans de campagne !

À vot’ bon cœur, M’sieurs dames, remettez deux sous dans la machine. Son absence ferait un tel vide dans la démocratie française…