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L’Homme Providentiel, mythe ou réalité ? (I)

, par  vanneste , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

jeanneleoncharles

« L’Homme providentiel.. Le Grand Homme… » Bien sûr, en français qui n’a pas de neutre dans sa grammaire et emploie le même mot pour désigner l’être humain et son exemplaire mâle, l’expression fâche les féministes, mais il suffit de citer Jeanne d’Arc pour comprendre que les obsessions des idéologues contemporains n’ont nullement empêché que dans un lointain passé l’Homme providentiel fût une femme. Encore faudrait-il que l’une d’elle manifeste aujourd’hui une détermination et une grandeur de vue que ne semble posséder aucune femme politique française actuelle. Les Britanniques qui font toujours le contraire des Français, et ont brûlé notre femme providentielle, ont eu plusieurs femmes exceptionnelles dans leur histoire, la dernière étant sans conteste Margaret Thatcher. Il reste qu’homme ou femme, les peuples aiment à s’admirer eux-mêmes à travers ceux qui les ont dirigés et représentés aux yeux du monde. Le Grand Homme peut d’ailleurs dépasser le domaine de la vie politique. Il peut être savant, écrivain, artiste, et pour peu qu’il soit politiquement plutôt à gauche qu’à droite, il aura sa place dans notre pays, au Panthéon, en fonction des lubies idéologiques de la bien-pensance. Dans son ouvrage sur « Napoléon et de Gaulle, deux héros français », Patrice Gueniffey brocarde gentiment la « panthéonisation » d’Alexandre Dumas en 2002, par Jacques Chirac : « Le père des Trois Mousquetaires eût assurément bien ri de cet ubuesque décret – au demeurant odieux puisqu’il renvoyait Dumas à une « négritude » qui ne l’avait guère tourmenté de son vivant-, si cette décision n’avait eu pour conséquence de l’arracher à sa sépulture de Villers-Cotterêts où il reposait, selon sa volonté, aux côtés de ses parents ». Il conclut plus loin : « Jamais le culte des grands hommes imaginé par la Révolution n’a conquis les coeurs et les esprits ». Si on excepte l’arrivée de Jean Moulin au Panthéon magnifiée par un discours d’un lyrisme poignant d’André Malraux, ce monument dont le dôme domine Paris, n’a pas été à la hauteur de son ambition d’être l’expression de la reconnaissance de la patrie envers ses grands hommes. Il fait commencer l’histoire de notre pays en 1789, ce qui est bien ingrat, pour une église commandée par Louis XV, et bâtie sous l’Ancien Régime. Il accueille de nombreuses personnalités choisies par Napoléon Ier, et pour la plupart tombées dans l’oubli, puis après un long sommeil, se réveille en 1885 pour recevoir Victor Hugo qui sera suivi de loin en loin par les dépouilles de personnages dotés d’un certificat de républicanisme, et si possible, capables d’illustrer les modes idéologiques imposées par la gauche. La visite de ce temple républicain ne sert guère l’idée de « Grand Homme ». Certains de ses habitants ne le sont pas ou plus. D’autres ont fait l’objet de choix partisans qui font du Panthéon un symbole ou un symptôme de l’hémiplégie politique française. Comme le disait un conventionnel lors de l’éviction de Marat : « laissons l’opinion publique juger les hommes que, dans un moment d’enthousiasme, on a crus grands ». Qu’il faille, par exemple, se conformer à la règle de la parité pour obéir aux revendications féministes est grotesque. Par définition la grandeur ne peut se soumettre à l’égalitarisme. Seul le temps sur le long terme de l’histoire assure la véritable grandeur.

Dans le domaine strictement politique, qui est à mi-chemin entre la science dont les découvertes sont des faits et l’art, sujet à des effets de mode, le grand homme est assurément l’Homme providentiel, celui qui a permis à un pays de surmonter une crise difficile voire mortelle. Peu importe la suite des événements, à un moment de l’histoire, il a incarné la survie de la Nation et conserve, dans la mémoire collective, une place privilégiée pour cette raison. La gauche a beau embellir l’image de ses champions, aucun, ni Mendès-France, ni Rocard, ni surtout Mitterrand n’ont joué ce rôle : ils ont plus ou moins longuement concouru au déclin de notre pays, et c’est tout. La propagande politique et le penchant des médias qui tendent à aveugler l’opinion publique n’empêcheront pas la vérité de s’établir. Antoine Pinay avait un temps joui d’un respect particulier à droite. Cet homme discret et dénué de tout charisme, associé au redressement économique momentané de la France, est le contraire du grand homme. Il est, en revanche, le modèle de la banalisation de la vie politique plus ou moins dans l’air du temps depuis Giscard et qui a atteint, si l’on peut dire, son sommet avec Hollande. Les prétendants au titre sont donc peu nombreux. Le dernier est à l’évidence de Gaulle… Certains voudraient ensuite remonter à Clémenceau, mais celui-ci a incarné plus qu’il n’a vraiment généré la résistance française face à l’Allemagne, et son redressement, en définitive victorieux en 1918. Churchill disait de lui : « Dans la mesure où un simple mortel peut incarner un grand pays, Georges Clemenceau a été la France. » Mais il ne l’a été que de Novembre 1917 à Janvier 1920, sans que son action fût durable, ni totalement salutaire comme en témoignent les Traités calamiteux qui ont suivi la victoire. Au delà du « Perd-la-Victoire », comme disaient les méchantes langues, il faut remonter jusqu’à Napoléon pour retrouver la figure de l’Homme providentiel. (à suivre)

(Je consacre deux émissions de Radio-Courtoisie à ce thème, les 20 Septembre et 18 Octobre de 18h à 19h30)

 

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...