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Johnny, marionnette jusqu’à la mort !

, par  NEMO , popularité : 6%
NJ-Ile de France

L’ « hommage populaire » à Johnny a encore montré, s’il en était besoin, le mépris de la France d’en haut pour la France d’en bas.

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Déjà, le mot « populaire » vous met les gens du commun à leur place, agglutinés derrière des barrières gardées par des appariteurs musclés qui vous renvoient vite fait à votre condition si vous faites mine de vouloir les franchir.
Pendant que les « happy few » paradent devant le peuple, dans des limousines noires aux vitres teintées, les yeux, embués de larmes de crocodile, cachés par des lunettes noires, avant de grimper les marches de l’église de la Madeleine, graves et confits dans leur importance.

Je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été dit, redit et commenté ad nauseam : l’absence de la France de la diversité, la veulerie de notre président, écartant le goupillon en garant inflexible de la laïcité - le même n’hésitant pas à ôter ses chaussures dans une mosquée-, l’interdiction faite à Marine le Pen de s’associer à la « douleur » nationale, quelle petitesse et quel révélateur, la couverture médiatique de l’hommage, encore plus écœurante que d’habitude.

Non, ce qui m’a fasciné dans cet hommage populaire, c’est la morgue et la suffisance de la France d’en Haut vis-à-vis de la France d’en Bas. Ils ne se cachent plus, nos élus de la providence, ils ne mettent même plus de gants, ils ne font même plus semblant. Eux dont le principal mérite est d’avoir hérité et fréquenté les bonnes écoles ne se gênent plus pour mépriser ouvertement tout ce qui n’est pas leur petite caste de privilégiés. Leur dédain pour la France « d’en bas » en est arrivé à un point tel qu’il faudra bien que ça pète un jour, et dans pas trop longtemps, de préférence.

Ces gens-là, qui pour la plupart ignoraient Johnny de son vivant, quand ils ne se foutaient pas discrètement de sa gueule, tout en n’oubliant pas de profiter à l’occasion de sa générosité – « se faire appeler Johnny, ridicule, aucune éducation, il a suivi toutes les modes, Mad Max, hippie, cheveux longs, cheveux courts, biker, d’une vulgarité ! Et un goût de chiotte, avec ça. Il a fait décorer sa villa de Saint Trop de fresques d’indiens et de cowboys, je le sais, j’y suis allé. Il paraît que ça lui a coûté une fortune. J’ai fini par accepter son invitation, pour voir, c’était trop drôle. Et ses tentatives pitoyables de singer notre monde : une villa à Gstaad, à Saint Bart, reçu par "son ami" Hollande, grotesque. A propos, cher ami, j’ai réussi à l’avoir, le « Ballon dog » de Jeff Koons, ça m’a coûté un bras, mais quelle merveille »…

Et ils étaient là, dans l’église, un œil tourné discrètement vers les caméras des télés en continu, pour placer leur meilleur profil éploré, pendant que le bon peuple pleurait dehors. Vous allez m’objecter qu’on ne pouvait pas faire rentrer un million de personnes à la Madeleine. Tiens donc ! Si on l’avait voulu, si la présence de « vrais » fans de Johnny dans l’église n’avait pas été considérée comme une offense au bon goût, il était très facile d’en sélectionner une cinquantaine, pour au moins les représenter : la billetterie se fait aujourd’hui sur internet, il n’y avait qu’à prendre les fichiers des spectateurs. Ne croyez vous pas que ceux qui ont suivi Johnny dans ses plus folles excentricités, jusqu’au fameux concert de Vegas (où il n’y avait que des français qui avaient spécialement pris l’avion pour voir leur idole), en sacrifiant des mois de salaire ou de RSA, auraient mérité une petite place ?

Bon sang ! Pourquoi le million de personnes qui était dehors, dans le froid, n’a pas enfoncé les barrières ? Pourquoi le peuple n’est-il pas entré dans la Madeleine, foutu tout ce beau monde dehors, tout dévasté et emporté avec lui le corps de Johnny Hallyday ? C’est ça qui aurait eu de la gueule.

Au lieu de cela, la mort de Johnny aura été la copie conforme de sa vie : faux rebelle, marionnette plus ou moins consentante d’une bande de requins tous plus intéressés les uns que les autres. C’est peut-être pour cela qu’il fumait trois paquets de cigarettes par jour : pour oublier de vivre.