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Il est temps que la grammaire cesse d’opprimer les femmes !

, par  NEMO , popularité : 7%
NJ-Ile de France
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Vous savez quoi ? Je suis à fond pour le combat féministe. J’ai même une photo de Caroline de Haas sur ma table de chevet. Ce qui ne m’empêche pas d’être, comme Sacha Guitry, « contre les femmes, tout contre », et comme Pierre Dac, « contre tout ce qui est pour, et pour tout ce qui est contre ».

Plaisanterie mise à part, la proposition de l’élue verte (sans doute d’avoir trop mangé de légumes bio, la pauvre) de la capitale du monde de rebaptiser la « journée du patrimoine » en journée du « matrimoine et du patrimoine » m’a mis encore plus en joie que l’écriture inclusive. Comment peut-on être plus crétin ?

Merci les féministes, dans ces temps moroses, que même le black Friday et la perspective des réclames de Noël (pardon, amis laïcards, je voulais écrire fêtes de fin d’année, mais l’habitude…) n’arrivent pas à égayer, votre contribution désopilante au moral du pays devrait vous valoir au moins la médaille d’honneur de la santé et des affaires sociales.

Et comme je vous aime bien, que je trouve juste et fondamentale votre revendication pour que cessent les discriminations intolérables entre pisseuses accroupies et pisseurs debout, je me permets d’apporter ma modeste réflexion à votre lutte.

Il est vrai qu’en accusant la grammaire française de sexisme, vous avez mille fois raison. Seulement, si vos analyses, bien que pertinentes, sont souvent tournées en dérision par la fachosphère, c’est parce que vous n’avez pas osé mettre le doigt dans le mille, laissant dans votre raisonnement une brèche dans laquelle ces salauds s’engouffrent allègrement.

En fait, je vous le dis, vous, les femmes, êtes d’abord et avant tout victimes de cette règle grammaticale, élaborée pendant des millénaires par les hommes et pour les hommes, qui considère que le neutre prend une forme masculine plutôt que féminine. C’est de là que découlent toutes les inégalités qui vous accablent.

J’admets que le concept est complexe, mais un exemple simple devrait vous éclairer : prenons la phrase « Clémentine a un beau fessier, Alexandre aimerait bien caresser son beau fessier ». Pourquoi "un", pourquoi "son" beau fessier, pourquoi pas "une, sa belle fessière" ? Hein, Pourquoi ? Parce qu’ainsi, Alexandre ne caresse pas les belles fesses qui sont partie intégrante du corps libre de Clémentine, mais un beau fessier déconnecté de toute humanité qu’il compte bien s’approprier, transformant Clémentine en "son" objet sexuel.

Mais si les femmes sont les victimes expiatoires des hommes, que ne faudrait-il pas dire du sort des LGBTQIA (Lesbian, Gay, Bisexual, Trans, Queer, Intersex, Asexual). Pour eux.elles, c’est encore pire : doivent-ils.elles être considéré.es comme du masculin, du féminin, du neutre, ou resteront-ils.elles à jamais des OSNIG (objets sexuels non identifiés grammaticalement ?), ce qui serait pire que tout ?

He bien voilà, je crois modestement avoir trouvé la solution qui devrait contenter tout le monde : il faut faire table rase des règles de grammaire imposées par 2000 ans de dictature masculine, et refonder le vivre ensemble sur une grammaire ouverte à tous et à toutes. A toute seigneure toute honneure, aux femmes les accordes féminines (j’ai posée ma belle chat sur ma sein), aux hommes les accords masculins (le sentinel a un gros mitraillette). Quant aux LGBTQIA, on leur laissera les accords.es qu’ils.elles voudront.e, et même l’écritur-e, et le-la parler-e inclusif-ve selon qu’ils.elles se sentent.e hommes.femmes, femmes.hommes, femme.homme.homo (et vice-versa), (si vous avez compris cette dernière phrase, écrivez-moi, ça m’intéresse).

En conclusion, je citerai, après d’autres, un passage de « la colère de Samson » d’Alfred de Vigny, poète de la première moitié du 19ème siècle (comme quoi le féminisme ne date pas d’hier).
« La Femme est à présent pire que dans ces temps
Où voyant les Humains Dieu dit : Je me repens !
Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,
La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome,
Et, se jetant, de loin, un regard irrité,
Les deux sexes mourront chacun de son côté »

Quelle vision !… Tout y est, sauf la multiplication des sexes.