Au Cercle Algérianiste d’Aix-en-Provence, la soirée du jeudi 19 mai terminait l’activité du premier semestre 2016, avant l’assemblée générale prévue le 17 juin prochain. Cette soirée fut exceptionnelle. En effet, la conférence brillante de l’Amiral Hervé Giraud : « Justice et Vérité, le Général Giraud : le libérateur oublié », fut suivie d’un concert de Anja-Mechtild Giraud avec, au programme : Mendelssohn, Mozart, Schubert…..

Depuis la création du Cercle d’Aix, il y a 30 ans, nous avons reçu de nombreux conférenciers, souvent de grand talent. C’est grâce à leurs travaux que nous avons abordé l’histoire de la France en Algérie sous des angles divers, ce qui nous a permis de mieux comprendre les évènements que nous avons traversés, parmi lesquels comptent les deux conflits mondiaux. Faut-il rappeler qu’Alger fut capitale de la France en guerre (1942-1944) et reçut à ce titre la Légion d’honneur.

Jeudi dernier l’Amiral Hervé Giraud mettait en lumière l’action et les choix du Général d’Armée Henri Giraud, son grand-père. D’emblée ce fut le courage du jeune combattant durant la guerre de 1914-1918, celui du chef de guerre réussissant d’incroyables évasions, un courage jamais démenti tout au long du deuxième conflit mondial, qui s’imposait comme un trait dominant de sa personnalité.

Les faits précis, étayés par des extraits de lettres et d’archives, (ces dernières accessibles seulement depuis l’effondrement de l’URSS), révélaient la hauteur de vue du Général Henri Giraud et son rôle véritable dans la conduite de la guerre. Il apparaissait soucieux de l’unité du peuple français, respecté des alliés, et jouant un rôle majeur dans les différentes étapes qui ont conduit à la Libération. Mais, selon un schéma connu, une fois la victoire acquise ce fut le pouvoir qui redevenait l’enjeu principal des manœuvres politiques. Le Général Henri Giraud, qui avait pourtant mérité le titre de libérateur de la France, fut empêché par un attentat d’être présent au défilé de la victoire ; il figurerait rarement dans les films et reportages sur la libération de la France et dans les manuels scolaires ; il serait quasiment absent de la mémoire collective que les services de propagande contribueraient à fabriquer ensuite.

Soulignons que le conférencier n’a pas cédé à la facilité d’utiliser son lien de parenté avec le Général Giraud pour agrémenter son exposé d’anecdotes familiales, non plus qu’à la tentation de rechercher la connivence avec un public composé dans sa majorité de Français d’Algérie. Ceux-ci se sentent évidemment plus proches du héros oublié que de la statue édifiée par les Français au seul Général De Gaulle.

Remarquons toutefois que si le récit de la vie d’un grand soldat révèle en creux les insuffisances et la duplicité de certains de ses contemporains, ce n’est finalement que justice.