Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Enquête sur la nuit du 17 octobre 1961

, popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Cet article a précédemment fait l’objet d’une publication dans le magazine L’Histoire

A Paris, une manifestation pacifique d’Algériens tourne à la tragédie le 17 octobre 1961. La violence policière se déchaîne pendant cette nuit d’horreur et de honte. Les archives consultées jettent un éclairage précis sur le déroulement du drame et sur le nombre de morts. Lequel a fait l’objet d’une vive polémique. Et aussi sur le rôle joué par le préfet de police, Maurice Papon.

Le 17 octobre 1961, en pleine guerre d’Algérie, une manifestation organisée à l’appel du FLN à Paris, pour protester contre le couvre-feu imposé aux "Français musulmans", est sauvagement réprimée par la police.

Depuis quelques années, grâce à l’ouverture progressive des archives, à la publication de témoignages et de livres, il est possible de faire la lumière sur ce drame1. D’en suivre l’enchaînement. De dresser un bilan approximatif des victimes. Et de définir les responsabilités de chacun, en premier lieu celles de Maurice Papon, préfet de police à l’époque.

LIRE AUSSI :



Pour comprendre la férocité de la répression policière d’octobre 1961, il importe de se rappeler la conjoncture. Dès 1958, le FLN, qui menait en Algérie la bataille pour l’indépendance, avait importé la guerre dans la métropole et multiplié les attentats, d’abord contre l’appareil de production ports, raffineries, etc., puis contre les policiers.

Les attentats individuels, qui visaient indistinctement tous ceux qui portaient l’uniforme, connurent une flambée au printemps 1961, puis, après une trêve due aux négociations en cours à Évian et à Lugrin entre le gouvernement français et le FLN, à partir de la fin d’août 1961. Quarante-sept policiers tués dans le ressort de la préfecture de police dont 15 supplétifs musulmans, 140 blessés, des attentats quasi quotidiens, une menace permanente : tel était alors le bilan de l’action du FLN.

En retour, les policiers survoltés développèrent un état d’esprit détestable. Ils avaient l’impression d’être mal aimés de l’opinion et reprochaient aux pouvoirs publics de ne pas punir assez vite ni de manière assez implacable les meurtriers de leurs camarades.

Gangrenés par le racisme et favorables à l’OAS, mouvement terroriste qui cherchait à conserver l’Algérie française, certains entreprirent de se faire justice eux-mêmes en déclenchant des opérations dites de "contre-terrorisme" au cours desquelles ils s’en prenaient aux premiers venus, du moment qu’ils étaient basanés. À cet égard, le couvre-feu institué par Maurice Papon le 5 octobre fut sans doute bénéfique à leurs victimes potentielles.

Ce couvre-feu avait pour but de priver d’oxygène l’organisation du FLN, qui, compte tenu des activités professionnelles des Algériens, fonctionnait essentiellement le soir et la nuit. Aussi, lorsque la Fédération de France du FLN décréta une manifestation de masse pour protester contre cette mesure, elle ne pouvait ignorer que la réaction des policiers serait d’une extrême violence.

Quel rôle exerça Maurice Papon dans la répression ? D’abord celui d’un haut fonctionnaire au service du gouvernement. C’est bien le sens de la déposition de Pierre Messmer, à l’époque des faits ministre des Armées, devant la cour de Bordeaux, en octobre 1997, au cours du procès de Maurice Papon : pour lui, ce dernier n’avait fait qu’exécuter les ordres du gouvernement.

S’il apparaît que le préfet de police n’a pas pris les devants d’une répression féroce ni excité ses troupes, qui n’en avaient nul besoin, sa responsabilité est cependant engagée sur plusieurs points. D’abord, par ses propos tenus aux obsèques de policiers abattus au début du mois d’octobre 1961 -"Pour un coup reçu, nous en porterons dix !’, "Vous serez couverts", il absolvait par avance les exactions de la police- même si l’on peut penser que son souci était avant tout de ne pas se couper d’une base dont la hiérarchie avait de plus en plus de mal à se faire obéir.

Ensuite, le "traitement de la manifestation", comme on dit en langage policier, met en lumière de graves dysfonctionnements. Du fait de l’incurie de ses services de renseignements, le préfet ne fut averti de la manifestation, semble-t-il, qu’au petit matin du 17 octobre, alors que, depuis plusieurs jours, l’organisation du FLN avait multiplié les réunions au sein de la communauté maghrébine et fait savoir que la participation de tous à la manifestation, hommes, femmes et enfants, était strictement obligatoire.

En conséquence, les forces de police mobilisées au soir du 17 octobre étaient extraordinairement faibles : 1658 hommes, dont deux compagnies de CRS rappelées d’urgence de province, soit à peine plus que pour les journées de monômes du bac... Or on sait que les débordements policiers surviennent souvent dans un contexte de disproportion des forces en présence. Ainsi, au pont de Neuilly, pour barrer la route des Champs-Élysées à plusieurs milliers d’Algériens, le commissaire en place disposait en tout et pour tout de 65 hommes.

LIRE LA SUITE
2013-03-19-logofindebillet.jpg

Voir en ligne : http://www.huffingtonpost.fr/jean-p...